La Tribune de Lyon

Les immanquabl­es. Musée des tissus, YSL et les soyeux lyonnais : l’étoffe des fourreaux

- C. S.

C’est de loin l’exposition la plus glamour du musée des Tissus. En pleine renaissanc­e et juste avant sa fermeture pour travaux, l’institutio­n lyonnaise au sauvetage tumultueux se paie le luxe d’inviter un grand nom de la haute couture, Yves Saint- Laurent. Le tout avec un éclairage très local, puisqu’il s’agit de montrer les liens qu’entretenai­t le couturier avec les soyeux lyonnais. Forcément, avec une telle affiche, on ne peut qu’être déçu de la taille réduite de l’exposition : seulement une vingtaine de robes ( prêtées par le musée Yves- Saint- Laurent) et deux salles, sachant que le principal de l’installati­on se concentre dans la première. Mais une fois cette petite déception passée, on comprend que le musée des Tissus est resté fidèle à sa ligne directrice. Plutôt que de paillettes, il est ici question de création, d’innovation technique, d’économie et de communicat­ion. Nous voici donc dans l’atelier du couturier, lequel choisissai­t déjà les tissus des grandes maisons lyonnaises lorsqu’adolescent, il imaginait ses futures collection­s. La scénograph­ie a été pensée comme une rue, avec des entrées dans chaque maison de soierie lyonnaise. Chacune était choisie pour une spécialité ( car les soyeux ne produisaie­nt pas que de la soie) : le taffetas chez Bucol, la mousseline chez Bianchini- Férier, le lamé or chez Brochier ou le velours chez Bouton Renaud.

Innovation­s lyonnaises.

Chaque robe présentée dévoile son processus de création, du dessin au prix de revient, en passant par la fameuse « feuille de bible » qui consignait tous les détails techniques et était jalousemen­t conservée dans un coffre pour éviter la copie. De croquis en informatio­ns techniques et commercial­es, l’exposition démontre les liens d’interdépen­dance, économique­s comme créatifs, qui unissaient Yves Saint- Laurent aux maisons lyonnaises. Le plus frappant, c’est le savoir- faire et les capacités d’innovation dont les soyeux ont su faire preuve, inventant de nouveaux tissus comme la Cigaline ® chez Bucol, tout ça dans le but de créer des robes légères et fluides comme un songe. Car ce sont bien elles, les stars de l’exposition, et on ne se lasse pas de les admirer, en particulie­r la robe de mariée Shakespear­e, joyau de cette exposition, qui cumule le savoir- faire de cinq maisons lyonnaises. Tout comme les vidéos de défilés qui montrent comment les créations vivaient sur les mannequins. On croit alors entendre le chuchoteme­nt de la mousseline et les frous- frous du taffetas. Une exposition qui réussit l’équilibre délicat entre rêve et artisanat.

Yves Saint- Laurent, les coulisses de la haute couture à Lyon,

jusqu’au 8 mars au musée des Tissus, Lyon 2e. Du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h. De 10 à 12 €. museedesti­ssus. fr

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