La Tribune de Lyon

C’est pas du Bergman

- PAR FRANÇOIS MAILHES

Ce film devrait s’appeler La Guerre du Pacifique, mais cela sonne un peu comme un oxymore. Midway relate en effet les six premiers mois de ce conflit. On se disait qu’après les multiples épisodes des Têtes brûlées et surtout La Bataille de Midway de 1974, avec ses effets surround qui faisaient vibrer les sièges des spectateur­s, on avait un peu fait le tour de la question. Mais, Roland Emmerich, paraît- il en rêvait. Le réalisateu­r, avec sa filmograph­ie cloutée d’armes lourdes, n’est pas connu pour faire dans la dentelle de Bruges. Et là, il le prouve. Si dans les premiers moments, de subtils militaires diplomates tentent d’éviter la guerre ( les diplomates japonais sont toujours subtils, même si on a l’impression qu’ils ont avalé un balai), un amiral relativeme­nt antipathiq­ue, Nagumo, bombarde les Américains à Pearl Harbour.

Son collègue Yamamoto, subtil diplomate, lui fait remarquer qu’il vient de réveiller

« un géant endormi » . Oups ! Parce qu’à l’époque, même si Hitler chahutait un peu l’Europe, les Américains restaient neutres, comme les Suisses. Midway veut prouver qu’on n’énerve pas l’Amérique impunément et que le géant endormi n’est pas avare de « bullshit, bastard, asshole, son of a bitch, fuck yourself » . Nagumo, sorte de Darth Vador asiatique, donne l’occasion à Roland Emmerich, sous couvert de documentai­re réaliste, de multiplier les feux d’artifice à coups de balles, d’obus et de torpilles traçantes. Tout cela pour préserver la vraie culture du chewing- gum, des clopes fumées dans les sous- marins et de bonnes bières entre copains au mess.

Midway, de Roland Emmerich. Genre : monument aux morts avec effets spéciaux. États- Unis. 2 h 19. Avec Ed Skrein, Patrick Wilson, Woody Harrelson, Aaron Eckhart…

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