La Tribune de Lyon

Interview SMS. Pierre Krolak- Salmon : « On est dans une phase inédite de la recherche sur Alzheimer »

- PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID GOSSART

Pierre Krolak- Salmon est neurologue et gériatre, responsabl­e aux Hospices civils de Lyon de l’Institut du vieillisse­ment.

Il a donné début février une conférence à l’Université catholique de Lyon sur les avancées de la recherche sur la maladie d’Alzheimer.

Bonjour, un certain nombre de traitement­s actuels semblent prometteur­s, est- on à une période charnière ?

On est dans une phase complèteme­nt inédite de la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Aujourd’hui, il s’agit d’une recherche vraiment globale, intégrée : sur la physiopath­ologie de la maladie pour comprendre les lésions, sur le diagnostic au bon moment avec des tests cognitifs, des biomarqueu­rs, peut- être bientôt des biomarqueu­rs dans le sang…

Il s’agit de détecter mieux ?

De détecter plus précisémen­t, de manière plus précoce, de façon personnali­sée. Sans oublier la recherche thérapeuti­que au sens large, c’est- à- dire psychosoci­ale et des thérapies médicament­euses.

On parle beaucoup d’Aducanumab, de quoi s’agit- il ?

C’est un anticorps monoclonal qui va se fixer sur les lésions amyloïdes, qui sont parmi celles en cause dans la maladie d’Alzheimer. Aducanumab a montré qu’en l’appliquant tôt dans la maladie clinique, on avait une influence sur la cognition et l’autonomie des personnes.

Et c’est déjà en usage ?

Les deux études sont terminées, et c’est en cours d’analyse par la Food and Drug Administra­tion américaine pour vérifier si ça peut être proposé comme traitement.

Quel type de résultat peut- on en attendre ?

Freiner le déclin cognitif et la perte d’autonomie.

Une étude pilote a été menée sur les soins par ultrasons pour extraire les toxines du cerveau…

C’est vraiment pilote. Une piste étudiée qui n’a pas été confirmée par la suite, on a du mal à se prononcer sur l’avenir de ces méthodes qui sont surtout pour l’instant utilisées chez l’animal.

Et où en est- on de ce qui concerne la protéine Tau, dont l’accumulati­on semble en cause dans un certain nombre de démences ?

Des essais thérapeuti­ques sont en cours pour changer le mauvais rôle que peuvent jouer les modificati­ons de cette protéine. Mais on n’a pas encore le résultat.

Quels bénéfices concrets peut- on attendre de l'approche globale que vous évoquez ?

On est convaincus que l’avenir est dans une telle approche globale, mêlant prévention primaire, secondaire, tertiaire, accompagne­ment psychosoci­al, aide à domicile, de gestion des facteurs de risque, des maladies en cause et des traitement­s en cours. Tout cela aura un impact sur l’évolution de la maladie et de la qualité de vie.

On est vraiment sur des améliorati­ons pas à pas, on n’est pas au bord d’une innovation « disruptive » ?

On aimerait bien ! On croit davantage à une approche intégrée plutôt qu’à un traitement qui serait LE traitement qui va tout résoudre.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France