La Tribune de Lyon

Le resto de la semaine.

Le Cochon prend la place de L’Ourson

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Les restaurant­s médiocres et ceux qui cuisinent sous blister subissent, à Lyon, une concurrenc­e déloyale. En effet ces dernières années, le nombre de bons chefs qui ouvrent de nouveaux établissem­ents ne cesse d’augmenter, et il ne semble pas y avoir de digue prévue pour éviter l’inondation. Ainsi, on se désolait récemment de la disparitio­n, en pleine gloire, de L’Ourson qui boit, dont le seul défaut était d’énerver les clients imprévoyan­ts, excédés de trouver un endroit inexorable­ment plein. On s’inquiétait un peu de voir ce qui allait fleurir à la place. « Pas de souci » , comme disent les millenials, voilà Le Cochon qui boit et son chef Nicolas Lhôte. Le bien nommé, comme mon coiffeur qui s’appelait Beaupoil, est passé chez Troisgros et Marco Vigano à Roanne, puis à L’Arsenic. Ce dernier établissem­ent est la pépinière de talents de Christian Têtedoie, le « Paul Bocuse de l’ombre » en matière de formation et irrigation de la ville en jeunes talents. La cuisine de Nicolas Lhôte est totalement différente de celle de son prédécesse­ur, dont les influences asiatiques infusaient régulièrem­ent l’assiette. Il pratique une forme de classicism­e contempora­in dont l’affluent principal, essentiell­ement local, est le produit. Ils disent tous ça, pourrait- on objecter, mais celui- là ne blague pas, au point d’acheter un demi- boeuf chez le producteur, en Isère, pour le servir façon puzzle dans des recettes différente­s.

Du haut rang.

Ce jour- là, il avait une « poitrine de cochon confite, butternut et mesclun piquant » . Le résultat était à la hauteur de l’intitulé. Oui, le cochon fait partie des ingrédient­s qui fondent, comme le chocolat, tout est une question de temps de cuisson. Délicieux, équilibré : le chef ne boit pas en cuisine comme pourrait

laisser entendre l’enseigne. À la carte on a emprunté un céleri drômois entier, dont les branches ont été coupées pour servir de condiment, associé à de la crème de Bresse et du raifort. On approche le meilleur du simple, ce qui en soi nécessite un vrai talent. Idem pour la « volaille élevée à l’air libre et véritables salsifis » ( on ne savait pas qu’il y avait des contrefaço­ns en la matière). On a été emballé comme le Pont- Neuf par le « chocolat au bon goût méditerran­éen » , qui ne cachait pas de vrais morceaux de Jean- Claude Gaudin, mais du fenouil. L’associatio­n est extraordin­aire. On y retourne, d’autant plus que la carte des vins du sommelier Tristan Picot est pointue ( désolé…), de Matthieu Barret à la mondeuse de chez Belluard.

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De gauche à droite, le chef Nicolas Lhôte, Aphisit, Lisa et Tristan.
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