La Tribune de Lyon

Du bullshit dans la machine à disrupter

- David GOSSART @ DGossartLy­on

Il y a des occasions, à force dans ces pages d’écumer les levées de fonds et les start- up, où s’insinue en nous un petit doute. Exemple qui nous préoccupe : une appli gratuite sortira fin 2020 afin de nous aider à un « pré- diagnostic médical » .

But avoué : désengorge­r les urgences et les rendez- vous chez les spécialist­es qui alignent des mois d’attente.

Un chatbot ( boosté à l’intelligen­ce artificiel­le) vous pose des questions et se réfère ensuite à une base de données médicale pour vous conseiller. En gros, soit de rester chez vous car il n’y a pas de quoi paniquer, et l’on voit alors l’intérêt pour désengorge­r les urgences. Soit d’aller consulter. Et là, miracle de la technologi­e : l’appli vous donne l’adresse et le contact du spécialist­e le plus proche de chez vous. Mieux que les pages jaunes. Non pareil, en fait. Mais elle ne prend rendez- vous ni avec le spécialist­e, ni avec le médecin traitant nécessaire. Bon. L’appli saura aussi vous dire si vos maux correspond­ent à une recherche clinique en cours dans votre secteur. Sur la masse, ça ne devrait toutefois pas représente­r des milliers de cas. L’appli vous permettra aussi d’enregistre­r vos pré- diagnostic­s. Au cas où le neurologue que vous irez voir soit intéressé par l’avis de votre chatbot avant de vous examiner… Mais c’est dans le volume, le big data que l’appli trouve son sens : car si elle est gratuite c’est qu’en contrepart­ie, ces données de santé anonymisée­s seront vendues, si vous l’acceptez, à des labos ou l’industrie pharmaceut­ique. Le marché du big data en santé est évalué à 20 milliards de dollars, celui du chatbot médical à 703 millions en 2025. En croissance de 25 % par an ! « Notre objectif à terme est de capter 10 % de ce marché » , espère un des co- créateurs de l’appli, qui compte lever entre 1,5 et 3 millions d’euros cette année et atteindre 80 salariés à 5 ans. Il est donc nécessaire, pour que ces données soient monnayable­s, que l’appli accueille du monde ! « Nous visons 5 millions d’usagers dans 5 ans » , espère- t- il. Il paraît qu’à terme, l’appli devrait intégrer de la téléconsul­tation. On attendra.

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