L’édito d’Antoine Comte
La victoire nette et sans bavure des écologistes dimanche dernier à Lyon et à la Métropole va- t- elle vraiment transformer notre quotidien ? La réponse est oui. Il suffit de vous plonger dans l’entretien que le nouveau maire de Lyon nous a accordé au lendemain de ce second tour historique pour en avoir le coeur net.
Au- delà de sa première mesure symbolique qui devrait acter la mise en place d’un fond d’urgence de quatre millions d’euros à destination du monde culturel lyonnais, ou encore l’élaboration d’un vaste plan de piétonnisation de notre belle cité, notamment aux abords des écoles et dans tous les neuf arrondissements, le nouveau boss de l’Hôtel de Ville semble déterminé à bousculer en profondeur les habitudes d’une commune qui a toujours été centriste et donc modérée. Même s’il se défend de « vouloir renverser la table » , Grégory Doucet est clairement prêt à rompre avec l’image d’un maire peu accessible et isolé dans sa tour d’ivoire. Le nouveau maire de Lyon compte en effet continuer de se déplacer à bord de son vélo, quelle que soit la circonstance. « On m’a incité à passer au vélo électrique pour que je sois plus rapide dans les côtes. Je dois avouer que pour monter à la Croix- Rousse ou à la Duchère, comme je l’ai fait pendant la campagne, je pédalais beaucoup moins vite que sur mon petit plateau » , nous a confié, pas peu fier, le premier maire écologiste de Lyon qui pourrait même mobiliser sa brigade cycliste de la police municipale pour sécuriser ses déplacements les plus sensibles dans Lyon.
Des changements notables sur la forme donc, mais également sur le fond. Dans cette même interview, celui que les Lyonnais vont devoir apprendre à connaître, après vingt ans de gouvernance collombiste, fait clairement de la transition écologiste sa première des priorités en assurant vouloir y consacrer pas moins d’un milliard d’euros sur la totalité du mandat. Jusque là rien de bien surprenant. Sauf que pour mettre à profit le contenu de cette juteuse enveloppe, Grégory Doucet a décidé de faire des choix. Comme celui de privilégier l’accueil de touristes régionaux et nationaux à Lyon, plutôt que de poursuivre le rayonnement de la ville à l’international. « Ce que je souhaite, c’est que l’on puisse avoir en valeur absolue beaucoup moins de gens qui viennent à Lyon en avion, car nous sommes tous conscients de ses effets néfastes sur l’environnement » , lâche Doucet dans ce même entretien, en martelant que « Lyon ne doit plus être un poids pour la planète » . Une décision qui devrait faire hurler sans plus attendre la direction des Aéroports de Lyon qui a récemment inauguré un nouveau terminal dernier cri, tout comme Only Lyon, qui se battent depuis plusieurs années pour faire de Saint- Exupéry un hub aérien incontournable en Europe avec l’ouverture stratégique de lignes à destination de Montréal ou encore de Dubaï et donc de l’Asie. La première mesure radicale d’une longue série ? Une partie du monde économique lyonnais le craint. À tort ou à raison ? Éléments de réponse dans quelques mois…