Quartier.
Comment Perrache veut s’ouvrir ( enfin) sur Lyon
Dans le 2e arrondissement de Lyon, Perrache essaie tant bien que mal de percer le mur du centre d’échanges. Cette barrière physique et psychologique forme encore, pour quelques mois et avec la Confluence si hype, un étau autour de l’ancien village devenu quartier. Entre population renouvelée et circulation congestionnée, Perrache espère bientôt s’ouvrir enfin sur la ville.
Le verrou de Perrache va- t- il enfin sauter ? Le 11 mai dernier pour le premier jour du déconfinement, les travaux de prolongement du tramway T2 vers le sud de la Confluence ( Lyon 2e) ont repris. Ce qui n’est pas rien dans un quartier où beaucoup regrettent toujours l’absence d’un métro desservant le secteur au moins jusqu’au siège du Conseil régional. En attendant la réouverture de la voûte ouest dédiée aux vélos et piétons, le centre d’échanges Lyon- Perrache ( CELP) n’aura jamais rempli aussi tristement son « rôle » de barrière entre le centre- ville et le reste du deuxième arrondissement. Bonne nouvelle : un de ces jours, la voûte ouest sera finie.
Mauvaise nouvelle : ce n’est pas pour demain. La réouverture de la voûte, déjà prévue avec retard pour septembre 2020, a encore dû être différée pour raisons techniques ! Ce sera finalement pour printemps 2021. Or, ouvrir le verrou de la gare dans le sens nord- sud est une nécessité. Avec le développement de la Confluence au sud, les habitants du Perrache « historique » craignent de se voir étouffés entre une gare étau au nord et un quartier dynamique et attractif, sur le plan commercial comme sur le plan immobilier, au sud.
C’est le sentiment du vice- président du CIL ( comité d’intérêt local) Lyon SudPresqu’île, Jérôme Humbert. « Ces améliorations sont bienvenues, la gare est un aménagement obsolète qui ne fonctionne plus. Pousser le métro, ne serait- ce que jusqu’à Sainte- Blandine, cela aurait changé beaucoup de choses pour le quartier, et ce même bien avant la Confluence. Il serait devenu à la mode bien plus tôt, et n’aurait pas été dénigré comme il l’a été pendant longtemps. » « Certains regrettent l’esprit village » . Mais reculer l’arrêt de la ligne A à la sortie de la gare place des Archives n’est pas envisagé. Impossible du fait de la présence du local de remisage des rames derrière la station. Dans ces conditions, le « v illage de Per rache » s ’ e s t l o n g t emp s inquiété de son dépérissement inexorable. Commerces en berne, quartier entre la gare et Sainte- Blandine orphel in du cours de Verdun autrefois lieu de balade et de verdure… « Certains regrettent l’esprit village. C’est devenu un vrai quartier avec l’arrivée de nombreux nouveaux habitants. » Jérôme Humbert, agent immobilier, est doublement bien placé pour constater au quotidien la mutation du secteur. « À une époque, c’était très dur de vendre derrière les voûtes à des Lyonnais, ce n’étaient que des gens de l’extérieur qui acceptaient de venir. Puis les prix ont explosé, l’image s’est améliorée : du côté de Sainte- Blandine, on est monté de 2 500– 3 500 euros le mètre carré à 4 500- 6 000 aujourd’hui. Quant à la Confluence, on est passé de 4 500- 5 000 euros à 6 000- 10 000 ! »
Les commerces se déplacent vers le sud. Corollaire : après une longue période d’incertitude, « depuis un an et demi on observait une reprise, avant le confinement, des rez- de- chaussée qui trouvent preneurs, que ce soit le long du cours Charlemagne ou dans les rues adjacentes. Avec une prédominance d’alimentaires du côté Suchet- place des Archives, notamment due à l’arrivée de l’Université catholique ( Ucly) en 2015. Les commerces ont tendance à se déplacer vers le sud, c’est là- dessus que nous voulons être attentifs. Que le nord ne soit pas délaissé, que Perrache et Sainte- Blandine ne pâtissent pas de ce rééquilibrage du centre de gravité » . Grégory Pérez- Brisone, membre de l’Araly ( Association des riverains de l’autoroute dans Lyon) et administrateur du compte twitter 100 % Perrache Confluence, trouve
que l’esprit village demeure. « Mais le mélange n’est pas entièrement réussi. Il y a une frontière sociologique entre le Nord et le Sud, Sainte- Blandine et la Confluence. Il y a de plus en plus d’investisseurs qui rachètent de grands appartements bourgeois pour en faire de plus petites unités, par exemple pour des étudiants. » Évidemment, depuis que l’Université catholique s’est installée en 2015, la population se renouvelle. Pour autant, certains problèmes demeurent. « Le cours de Verdun et les quais, ce sont des pourtours paupérisés, ça ne change pas. Il y a des soucis de drogue et de prostitution. Des problèmes qu’il ne suffit pas de déplacer ailleurs pour les résoudre » , tranche Grégory Pérez- Brisone. Mais au pied du CELP, la place des Archives et l’arrêt de tram de Suchet, eux, se sont refait une beauté en accueillant mieux piétons et vélos, en réduisant la place de la voiture. En attendant la chute des escalators « Goldorak » .
« Il y a de plus en plus d’investisseurs qui rachètent de grands appartements bourgeois pour en faire de plus petites unités, par exemple pour des étudiants. » Grégory Pérez- Brisone.