BIO EXPRESS
28.03.1965
Naissance à Paris.
1990
Diplômé de l’École des Chartes.
2007
Participe à la création du Rize à Villeurbanne.
2012
Crée avec trois autres musiciens l’Ariane Quartet.
2015
Prend la direction des musées Gadagne.
depuis les années 2000. Elle voulait redonner à l’institution sa vocation de musée de ville, c’est- àdire en faire un outil de compréhension de Lyon à l’usage des habitants. Mais le travail de rénovation du bâtiment, qui était presque une ruine, a été tellement important que la scénographie a perdu de vue son projet initial. Déjà en 2009, à la réouverture du musée, le parcours était dépassé. Nous sommes donc retournés à la vocation première du musée : être pour les Lyonnais un espace de compréhension de leur territoire, agir comme un miroir pour qu’ils puissent rattacher leur histoire à celle de la ville. C’est un choix fort car on mène les travaux à moyens constants et sans fermer le musée, tout en interrogeant le contenu de nos collections. Ces dernières sont muettes sur les dernières décennies, alors qu’on doit suivre la ville qui évolue en permanence.
C’est pour cette raison qu’on trouve aujourd’hui des baskets exposées aux musées Gadagne ?
Exactement. Dans les prochaines années, on va essayer d’intégrer dans nos pratiques davantage de collecte contemporaine, comme le musée national d’Histoire américaine à Washington qui a collecté la seringue de la première injection du vaccin contre la Covid. Cela pourra se faire dans l’immédiateté ou la durée, et cela pourra être des objets comme des documents ou des témoignages. L’idée, c’est de faire participer les Lyonnais à la vie du musée. On devrait d’ailleurs s’appeler musée des Lyonnais plutôt que musée d’Histoire de Lyon.
Lors de l’ouverture de la première partie en décembre 2019, certains visiteurs ont critiqué le parti pris du musée de ne présenter que peu d’objets au profit de dispositifs interactifs… Notre parti pris, ce n’était pas de se dire « on va mettre moins d’objets » , mais plutôt de partir de notre message et de voir ensuite quels objets y correspondaient. Pour la première partie, Portraits de Lyon, nous avons préféré créer des personnages fictifs pour parler de problématiques sociologiques, comme les rapports homme- femme qui sont difficiles à illuster avec des documents. Sur cette deuxième partie, il y a un rééquilibrage de fait car nous avons tout ce qu’il faut dans nos collections pour éclairer notre message. Mais le grand problème de Gadagne, c’est que le musée est tout petit avec seulement 300 m ² d’exposition alors que ses collections, elles, sont immenses.
La scénographie de ce nouveau parcours, avec des vidéos, des récits audio et pas mal d’humour, dépoussière beaucoup l’idée qu’on se fait d’un musée habituellement. Avez- vous envie d’aborder vos sujets de manière plus actuelle ? On veut être plus créatifs et innovants mais pas de façon gratuite. Avec l’humour, on veut montrer qu’on n’est pas là pour faire sérieux même si on a une responsabilité éducative. Mais son utilisation est à double tranchant, notamment avec les clins d’oeil : on risque de tomber dans l’entre- soi donc on essaie de ne pas aller trop loin. On marche sur une ligne de crête en prenant des risques, mais j’aime l’idée que le musée se mette en danger pour ne pas rester dans le confort des conventions des gens qui visitent habituellement les musées, c’est- à- dire à peine un tiers de la population.
« J’aime l’idée que le musée se mette en danger pour ne pas rester dans le confort des conventions. »
À qui s’adresse justement le musée d’Histoire de Lyon ?
Notre parcours s’articule en plusieurs parties, dont chaque thématique s’adresse à chaque fois à un public en particulier. La première, Portraits de Lyon, s’adresse d’abord aux touristes. La seconde partie sur les fleuves est dédiée aux enfants, alors que la troisième sur le travail sera davantage tournée vers les adolescents ; et la dernière, concernant les enjeux de pouvoir à Lyon, s’adressera aux adultes. Globalement, on aimerait rajeunir notre public, en attirant notamment les jeunes actifs installés récemment et en menant des actions hors les murs pour toucher d’autres publics. Nous travaillons actuellement sur un projet de « vélo- musée » comme outil de médiation pour aller dans les banlieues. J’ai envie qu’on soit plus présents sur le territoire avec des démarches d’éducation populaire. Par exemple, pour créer la nouvelle exposition permanente, nous sommes partis en brigade mobile à la rencontre des Lyonnais dans la rue ou les bibliothèques pour discuter avec eux de nos sujets, comme les fleuves. Souvent on se prend une claque en se rendant compte que les gens ne s’y intéressent pas du tout !
Est- ce qu’au final, la vocation du musée d’Histoire de Lyon est de mieux définir l’identité lyonnaise ?
De façon générale, notre grande refonte du parcours est une manière de réfléchir à ce qui est spécifiquement lyonnais, en considérant que ces identités sont multiples. Mais on pose surtout la question de l’attachement à une ville : qu’est- ce que ça veut dire aimer sa ville ? Un musée comme Gadagne a aussi pour vocation de contribuer au bienêtre des Lyonnais. Quand vous vivez dans une ville que vous ne comprenez pas et à laquelle vous ne participez pas, c’est difficile de l’aimer.