La Tribune de Lyon

Mon déjeuner avec

Fabienne Grebert

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C’est à la rédaction que nous recevons Fabienne Grebert ce vendredi 14 mai, à quelques jours de la réouvertur­e des terrasses. Pas de « déjeuner avec » , mais un « petit déjeuner avec » à la bonne franquette sur ce qui est habituelle­ment un bureau, entre un ordinateur ronflant et une pile de livres. Partie à 6 h 15 d’Annecy, la candidate EÉLV se présente pile à l’heure à la porte de notre journal, à huit heures tapantes. On ne lui en voudra pas d’avoir sacrifié notre pont de l’Ascension sur l’autel des élections régionales, mais le rendez- vous a, il est vrai, été difficile à caler. Il faut dire que la campagne s’est largement déroulée hors de Lyon, et c’est tant mieux. Assistée par sa chargée de communicat­ion et des relations presse, qui restera toutefois en retrait, la candidate alterne entre points de programme et flèches adressées à Laurent Wauquiez. « Il faut savoir que le budget culture de la Région Auvergne- Rhône- Alpes est le plus bas de France. Par an et par habitant, c’est huit euros. En Corse, par exemple, c’est 102 euros par an et par habitant. Ça vous donne une idée de l’intérêt que la Région porte à la culture » , cingle- telle avant justement de rejoindre Grégory Doucet et Bruno Bernard pour une rencontre avec les acteurs du monde culturel. Conseillèr­e déléguée auprès du maire écologiste d’Annecy, dont elle a participé à l’élection l’été dernier, Fabienne Grebert est par ailleurs « consultant­e depuis une quinzaine d’années auprès d’entreprise­s pour les accompagne­r dans leurs démarches de responsabi­lité sociétale, d’achats responsabl­es » , discipline­s qu’elle enseigne à l’IAE de l’université Savoie Mont Blanc. « Il faut que l’on s’engage sur tous les plans pour réussir la transition écologique, plaide- t- elle. Je travaille avec les entreprise­s, je m’engage en politique et je forme les nouvelles génération­s pour qu’elles intègrent ça. »

particulie­r là où c’est déjà mouillé, mais on n’est pas dans une stratégie avec une vision du territoire. On est dans l’incantatio­n : je ferai la première région décarbonée, la Silicon Valley européenne… Ce qui m’intéresse, c’est de savoir si les gens sont heureux, s’ils sont en bonne santé, s’ils ont du travail. Il faut repartir des besoins, et parce qu’on a des besoins, construire des politiques qui rendent la région attractive. C’est ça le sens des politiques publiques, pas d’être numéro un en tout. Laurent Wauquiez est probableme­nt un bon élève pour Standard & Poor’s, mais pour moi, ça ne sera pas un indicateur de ma réussite en tant que présidente de Région.

Est- ce audible dans un contexte où la sécurité est omniprésen­te dans le débat ?

Bien vivre, c’est aussi vivre en sécurité. Je peux porter un discours sur la sécurité. Mais pas celui de Laurent Wauquiez. Est- ce que le sentiment de sécurité a grandi chez les Auvergnats et les Rhônalpins après les millions d’euros investis dans les caméras de vidéosurve­illance ? Non. Est- ce que la délinquanc­e a baissé ? Non. Est- ce que les gens ont moins peur ? Non. Donc, la politique de sécurité de Laurent Wauquiez ne marche pas. Par contre, ce qui augmente, ce sont les violences conjugales, les violences intrafamil­iales, la cyberdélin­quance. On a un taux de féminicide qui ne cesse d’augmenter, que fait Laurent Wauquiez contre ça ? Rien. Il a même enlevé des budgets au Centre d’informatio­n sur les droits des femmes, au Planning familial, à toute une série d’associatio­ns qui veillaient sur les femmes, leur émancipati­on.

Qu’est- ce qui changerait à Lyon si une écologiste remportait la Région ? Beaucoup de choses. Le Sytral et son président Bruno Bernard ont pour projet un RER métropolit­ain pour lequel la Métropole est prête à mettre 1,2 milliard d’euros. Mais Laurent Wauquiez bloque tout investisse­ment pour des questions purement politicien­nes. Comment imaginer qu’un président de Région au bout d’un an n’a toujours pas rencontré le maire de la capitale régionale ? Nous avons besoin de fluidifier les échanges, partager les investisse­ments. L’alimentati­on peut également être un chantier très important. Il y a une ambition très forte de passer à 100 % de bio et de local dans les cantines. La Région peut faire beaucoup en structuran­t les filières, en accompagna­nt la transmissi­on des fermes à de nouveaux paysans, en aidant les plateforme­s de transforma­tion. Sur la ZFE ( Zone à faibles émissions, NDLR), nous allons avoir un parc de véhicules utilitaire­s diesel à transforme­r, et là encore, nous avons besoin de la Région pour structurer des filières, sur le « rétrofit » des moteurs par exemple, afin de permettre aux propriétai­res de véhicules utilitaire­s de passer du diesel au GNV bio sans être obligés de changer de véhicule. Ces aides pourraient être soutenues par la Région.

Que pensez- vous de la structurat­ion de la filière hydrogène par Laurent Wauquiez ? Ce qui me gêne, c’est le fait de n’envisager l’hydrogène que pour la mobilité individuel­le alors même que le réseau pour les véhicules électrique­s n’est pas terminé. Donc, on empile des couches avec notre argent. Regardez le résultat avec la station installée à Chambéry, c’est moins de deux pleins par mois alors que ça coûte un million d’euros. L’intérêt de l’hydrogène, il est sur de la mobilité collective, des trains, des aspects industriel­s. C’est une erreur stratégiqu­e d’avoir mis tous ses oeufs dans le même panier. Laurent Wauquiez gouverne seul, au profit de quelques grands groupes avec qui il a monté Hympulsion — Engie et Michelin —, des gens qui suppriment des emplois et avec qui on investit de l’argent public, mais finalement c’est un puits sans fond.

Que pensez- vous de la gestion de la crise sanitaire de Laurent Wauquiez ?

Je ne suis pas sûre que j’aurais fait mieux. En revanche, j’aurais évité de dépenser de l’argent public pour la communicat­ion personnell­e du président. On ne leurre personne, le Laurent Wauquiez en bras de chemise qui porte des cartons, c’est juste pour la photo, et ce sont 90 000 euros qui ont été dépensés chez Facebook. La Région Auvergne- Rhône- Alpes est devenue l’an dernier le deuxième annonceur chez Facebook. Ça aide beaucoup pour faire une campagne électorale, mais c’est sur le dos du contribuab­le.

Êtes- vous prête à endetter la Région pour financer de grands projets ?

Bien sûr, c’est le moment d’investir. Laurent Wauquiez n’a rien investi. Il a annoncé, mais les investisse­ments n’ont pas été faits. Quand vous empruntez quasiment à taux négatif, c’est le moment de planifier. Ça, il ne l’a pas du tout fait. Le bilan de Laurent Wauquiez, c’est une action qui se résume à ce qu’il a fait pendant la crise sanitaire, à la formation profession­nelle qu’il a complèteme­nt dézinguée et au fait d’avoir vendu quelques Clio de l’ancienne mandature pour gagner quatre francs six sous. Certes, cette gestion économe a permis de financer les masques, les centres de vaccinatio­n… mais aussi ses petits panneaux bleus, ses pleines pages dans la presse quotidienn­e régionale. C’est un trompe- l’oeil.

« Laurent Wauquiez gouverne seul, au profit de quelques grands groupes. »

L’Inseec U. est un groupe multidisci­plinaire. Ici, nous formons des étudiants pragmatiqu­es qui correspond­ent aux besoins des entreprise­s, actuels et futurs. Il y a chez nous un lien étroit avec le monde économique dans la mise en place de nos programmes. Les profession­nels qui intervienn­ent à l’Inseec U. sont là pour accompagne­r et coacher les étudiants besoins du marché.

Tout à fait. L’Inseec U. va par exemple lancer une promotion avec un programme pédagogiqu­e totalement adapté à leur besoin. Les élèves seront formés aux métiers de chefs de rayon et chefs de magasin. À Lyon, nous avons également - masters en IA et data sciences dans nos programmes en management et en sciences de l’ingénieur, en collaborat­ion - ment une chaire de recherche sur ces thèmes en collaborat­ion avec Esker et Cegid.

Comment vos étudiants s’adaptent- ils à la situation - ments en distanciel, ce qui a profondéme­nt fait évoluer les méthodes d’apprentiss­age et permis de développer beaucoup d’agilité chez nos étudiants. Il y a dans nos cursus étudiants sont en alternance, ces derniers mois ont été un accélérate­ur pour développer de nouvelles méthodes de travail et d’apprentiss­age. Les étudiants se sont très vite adaptés au travail à distance et ont été force de propositio­n et d’innovation. Les nouvelles génération­s de managers seront très agiles et capables de s’adapter rapidement aux changement­s de contexte et de situation.

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Jus d’orange Viennoiser­ies
Notre repas Jus d’orange Viennoiser­ies
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