Transports. Téléphérique : ts pourquoi les Ver y tiennent tant
Vilipendés depuis fin 2020 et leur annonce en faveur d’un téléphérique entre Francheville et Gerland, les Verts tentent aujourd’hui de reprendre la main sur un débat en passe de leur échapper. Marqueur politique écolo, gadget ou vraie solution d’urgence pour les déplacements dans l’Ouest lyonnais ? Devant les freins qui se dressent sur leur chemin, c’est à se demander pourquoi les Verts tiennent tant à faire passer des cabines au- dessus de Lyon.
Le ciel ne leur est pas encore tombé sur la tê te, les pluies de critiques si. « On ne s’attendait pas à autant de critiques, au côté instrumentalisation politicienne. Ni à ce que les élus de Sainte- Foy alimentent l’opposition, alors qu’ils étaient demandeurs et que l’on pensait répondre à leur désir… Le pire c’est presque La Mulatière, où la maire est encore plus remontée que Véronique Sarselli ( maire de Sainte- Foy- lèsLyon, NDRL) alors qu’il y a beaucoup moins de ses habitants qui sont opposés au projet qu’à SainteFoy… On a peut- être été un peu naïfs là- dessus. » Le vice- président écologiste du Sytral Jean- Charles Kohlhaas bat sa coulpe, mercredi 2 juin. Au 32e étage du Crayon, il tient un point presse au côté de son président Bruno Bernard pour tenter de dégonfler le soufflé antitéléphérique. Ils sortent à peine d’un comité de pilotage sur le transport par câble avec les élus des secteurs concernés. En bas de la tour, une poignée de manifestants. Dans les boîtes mail, un communiqué de Clotilde Pouzergue, mai re d’Oullins, délicatement pince- sans- rire : « Invitée pour la première fois ce jour au comité de pilotage relatif au projet de transport par câble, j’ai appris dans le même temps qu’un fuseau passant par Oullins avait été étudié par le Sytral, mais qu’il ne serait finalement pas retenu parmi les trois soumis à la concertation au mois de novembre prochain… Au- delà du soulagement que représente cette décision — le fuseau oullinois impactant directement la vallée de l’Yzeron et La Saulaie —, j’apporte tout mon soutien aux maires des villes de SainteFoy- lès- Lyon et La Mulatière. »
Naïveté. Les Verts, encore pris dans les feux d’une certaine candeur, ne s’imaginaient pas que l’étiquette « verte » collée dans leur dos les exposait un peu plus encore aux procès en « boboïtude » , « gadgetologie » et en tentative d’enterrement vivant du métro E. Après l’épisode des cantines, des déplacements en avion, du Tour de France, on aurait pu les imaginer « vaccinés » . « À notre arrivée, nous avons trouvé un courrier de plusieurs maires de l’Ouest lyonnais demandant, en 2017, au
Sytral d’inscrire une étude pour une liaison par câble. Les élus ont le droit de changer d’avis. Mais vu l’attente, et vu qu’à chaque comité de pilotage des documents étaient diffusés, y compris des préétudes qui ne devaient pas sortir sans explications et qui ont été mises en ligne sur le site de la Ville de Sainte- Foy, on a souhaité faire en sorte de pouvoir débattre sans tomber dans la caricature » , a regretté Bruno Bernard pour expliquer ce point d’étape public plutôt chiche en détails techniques ( lire ci- contre). Pour cela, il faudra attendre fin juillet, et surtout la concertation de trois mois qui débutera mi- novembre. Mais un creux s’étirant entre l’annonce du projet de téléphérique fin 2020 et l’automne suivant, c’est long. Dès juillet 2020, Gérard Collomb, en conseiller municipal du 9e arrondissement mais habitant du 5e, avait d’ailleurs menacé de monter dans les arbres pour y installer sa propre ZAD, une zone à défendre… La double mobilisation publique de l’équipe de Yann Cucherat et des maires de l’Ouest lyonnais, il y a 15 jours, a dû achever de convaincre Bruno Bernard qu’il était temps de débrayer la polémique. Les élections régionales approchant y sont sans doute aussi pour quelque chose, comme la nécessité de faire « démonstration » que l’écologie au pouvoir sait avancer concrètement.
« Projet très mal embarqué » . Ce retard à l’allumage est- il déjà rédhibitoire ? La mise en ligne par la Mairie de Sainte- Foy — la plus touchée par le projet — des documents de la préétude du Sytral datant d’octobre 2020 « a effrayé les gens » , regrette amèrement Yvette Lathuilière, tête de la liste d’opposition majoritairement écolo de SainteFoy. « Ce que l’on reproche, c’est d’avoir dit qu’il n’y aurait pas de concertation et d’avoir mis le feu. Alors qu’une concertation est obligatoire. Il y en aura une, forcément. C’est dommageable, car maintenant on est sur un blocage très politicien, et ce projet est quelque chose de très mal embarqué, avec de nombreux recours qui se dessinent, et qui ne pourra pas se faire sauf si la Métropole, avec le garant du débat public la CNDP ( Commission nationale du débat public, NDLR), arrive à redresser les choses. »
Laurence Boffet, vice- présidente ( Lyon en commun) à la Participation et aux initiatives citoyennes, insiste pour que la Métropole participe au dialogue avec la population au côté du Sytral pour aller dégonfler peurs et fantasmes. « Il y a toujours des gens qui font monter la mayonnaise, et de vraies inquiétudes, c’est normal. Il faut qu’on informe. À la rentrée, il y aura la consultation pour l’avenir du métro. Et ce que je demande au Sytral, c’est de consulter au- delà du cadre des transports, de discuter du lieu de vie. Et même là où il n’y aura pas de métro, de discuter des alternatives. »
Pas une idée nouvelle. Alors aujourd’hui, l’exécutif met en avant une consultation transparente où le premier des sujets sera l’opportunité, ou non, de faire ce téléphérique. Au final, ce seront quand même les Verts qui tiendront les ciseaux. Or, c’est bien ça qui pose problème. Alors que le métro E aura droit à une deuxième concertation à l’automne pour choisir entre son lancement ou le prolongement d’autres lignes, le téléphérique est lui arrivé comme un projet à prendre ou à… prendre. Ce qui fait s’étrangler la maire de Sainte- Foy, Véronique Sarselli, qui n’a de cesse de vilipender une concertation minimum, malgré l’appel du Sytral à la CNDP pour appuyer le processus. Louis Pelaez, du groupe Pour Lyon, se montre aussi très, très dubitatif sur les trois branches proposées : un atterrissage à Gerland, Perrache ou Jean- Jaurès. « Personne ne comprend quelle est leur nouvelle stratégie. C’est à se demander s’ils ne se rendent pas compte qu’ils se sont précipités au départ, et s’ils ne cherchent pas à enterrer le projet. Perrache est une zone très urbanisée, et ils y arriveraient, alors que ce sera déjà difficile dans des zones moins denses ? Est- ce une stratégie pour finir par abandonner le projet en grands seigneurs, en grands démocrates ? En tout cas, il n’y a même pas de communication positive sur le projet. » Le maire de Tassin Pascal Charmot n’est guère plus encourageant. « Les besoins ne seront pas couverts par ce type de réalisation. Il y a une volonté manifeste de l’exécutif écologiste et d’extrême gauche, surtout des écologistes, de mener ce projet en laissant penser que comme par miracle il pourrait aboutir en un temps record. À eux de démontrer que ce qu’ils disent est vrai et de convaincre la population, ce qui à ce jour, n’est pas le cas. » Pourtant l’idée elle- même, perçue comme une lubie des Verts pour marquer le terrain d’une empreinte ineffaçable écolo- bobo, ou tirée par l’appât égotique de pouvoir couper un ruban avant la fin du mandat, ne date pas d’hier. Outre ce premier examen en date de 2017, en 2013 déjà, le maire de Décines Jérôme Sturla avait porté un dossier de transport par câble sur le bureau du Sytral, pour relier principalement l’entrée nord du parc de Miribel Jonage au centre- ville de Décines et au tramway T3. Cela permettait de desservir le site touristique en s’affranchissant des bouchons. Mais le dossier avait avorté, faute de soutien politique. « Il avait l’avantage de ne survoler aucune habitation. Cela aurait peutêtre été plus pertinent de réétudier cette ligne de l’Est lyonnais, qui est toujours réactivable aujourd’hui… » , glisse Jérôme Sturla.
« C’est à se demander s’ils ne se rendent pas compte qu’ils se sont précipités au départ, et s’ils ne cherchent pas à enterrer le projet. » TRIBUNE DE LYON NO 809 _ DU 10 AU 16 JUIN 2021
Tracé que le Sytral avait étudié en 2019 entre Rillieux et Le Grand Montout en passant par le Grand parc Miribel.
« C’est un projet hyper vieux » . Chez les Verts, l’idée du câble infuse en fait au niveau national depuis 15 ans « au sein de la commission déplacements. C’est ancré depuis longtemps, mais il n’y avait pas eu de maire écolo jusqu’ici pour le faire. Il est donc logique que Bruno Bernard en ait fait un axe de campagne » , pointe un cadre écolo auralpin. D’autant que Jean- Charles Kohlhaas fait partie de ceux qui portaient le sujet déjà quand il était élu à la Région. « C’est hyper vieux, j’en entends parler depuis les années 2000 » , confirme la première vice- présidente de la Métropole, Émeline Baume. Pas surprenant, dès lors, que pendant la campagne, le projet ressorte de lui- même des ateliers de concertation citoyens, et que les « petites mains » à la rédaction du programme transports, Jimmy Ribeiro, Pierre Hémon ou Jean- Charles Kohlhaas, remettent les cabines en vitrine des envies vertes.
Même si chez certains, on considère que la solution technique, certes moins chère et plus rapide qu’un métro ( mais équivalente à l’investissement d’un tramway), manque du caractère structurant de l’urbanisme que parvient à produire un métro ou un tram. « On ne structure pas la vie des commerces autour d’un pylône comme on le fait autour d’un arrêt de tram » , glisse un observateur de la place lyonnaise écologiste.
Reste que déjà en 2019, le Sytral de Fouz iya Bouzerda avai t annoncé avoir étudié dix tracés de transport par câble pour en garder trois : Caluire – Industrie – Vaise, Plateau nord Rillieux – Grand parc – Grand Montout, et Francheville – Confluence – Gerland. Celui qui ressortait comme le plus pertinent selon la présidente de l’époque : justement celui du Grand parc.
L’Ouest lyonnais : pari cassegueule. À ce titre, choisir d’aller dans l’Ouest lyonnais avait donc tout d’un pari casse- gueule pour les Verts : des élus LR à foison, de nombreuses problématiques de survol de propriétés cossues avec piscines, ou d’espaces verts… Pourquoi diable aller se fourrer dans une telle galère ?
La réponse se concentre sur l’aspect technique : il s’agit surtout d’agir au plus vite dans un Ouest lyonnais engorgé, alors que les modes de transport lourd sont longs à mettre en chantier, et ne s’adapteraient pas au territoire. Pas assez de voiries au bon gabarit, trop de dénivelés pour envisager des trams, un métro, voire un bus à haut niveau de service. Or, pointe Bruno Bernard, « 65% des déplacements dans l’Ouest lyonnais se font en voiture, davantage encore qu’ailleurs. Peu de solutions en site propre sont envisageables. Le téléphérique est rapide, avec une vitesse commerciale équivalente au tramway » , plaide le président du Sytral qui décorrèle complètement le choix du câble de celui d’un métro. Les deux ne desservent pas le même territoire à l’ouest, et ne sont pas en concurrence. « Selon les résultats de la consultation, nous ferons ou non le métro E. Les différents projets dans l’Ouest lyonnais répondent à des besoins différents, nous pourrons les faire tous, ou aucun » , prolonge Jean- Charles Kohlhaas.
Point de non- retour. Les Verts devront- ils lâcher leur télécabine devant la fronde ? « Non, il n’y a pas de doute en interne là- dessus, renoncer n’est pas une option » , glisse un proche de l’exécutif pour qui « la levée de boucliers dans la population n’est pas aussi importante que ce qu’on pense, c’est avant tout une opposition politique » . En public, Kohlhaas et Bernard sont plus prudents, laissant entendre que la concertation pourra déboucher sur un abandon. Le vice- président, dans un soupir, « espère quand même qu’on va arriver à convaincre, comme pour le tram en 1998- 1999, que c’est un bon projet » .
Des études plus avancées et plus précises sont attendues pour fin juillet, et un colloque avec les ingénieurs spécialistes du Cerema ( Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), établi à Bron, est aussi prévu pour fin juin.
La mission est aujourd’hui claire : rassurer pour éviter que le téléphérique ne soit accueilli en novembre à coups de fourche, avec Gérard Collomb planté dans un hamac en résistance sur son toit, coupe- boulon en main.
Sous le mandat précédent, le Sytral avait étudié dix tracés de téléphérique et en avait retenu trois, le plus favorable étant, selon Fouziya Bouzerda, celui autour du Grand parc de Miribel Jonage. Pourquoi ne pas avoir choisi celui- là qui aurait été plus « facile » à envisager ? Non, je n’ai pas eu les mêmes éléments. Moi, j’ai vu huit études et pas dix ; et parmi les quatre « premières » , la numéro un était celle de l’Ouest, et la deuxième, celle de Rillieux – Grand parc. Cela aurait été plus fluide peut- être, mais comme celle de l’Ouest était numéro un et que les élus locaux nous la demandaient, on est partis pour elle…
Vous êtes donc en désaccord avec Fouziya Bouzerda sur l’intérêt du tracé, et même sur certains chiffres, comme ceux du nombre de voyageurs concernés… Fondamentalement, historiquement, le Sytral a été opposé au transport par câble et aux navettes fluviales. Je ne suis pas surpris qu’après les premières études à grosses mailles, Fouziya Bouzerda ait dit : « Non, ce n’est pas rentable. »
C’est clair que ces études ne donnaient pas des chiffres nécessitant un tel investissement. Nous, on y croit, on a demandé des études plus fines qui nous parlent de 15 000 à 25 000 voyages par jour. Là, ça devient intéressant.
Pourquoi ne pas avoir mis plusieurs lignes en concertation comme pour le métro à l’automne ?
Ce n’est pas le même enjeu. La consultation sur le plan métro à venir est un sujet métropolitain et même au- delà. A- t- on encore besoin de faire du métro ? Combien ? C’est un vrai enjeu. On sait pertinemment que si l’on en fait un dans les 15 ans qui viennent, on en fera un autre dans les 15 ans qui suivent. Le câble, si on en fait un premier vite et qu’il rentre dans la culture des gens, on pourra en faire plusieurs autres derrière. Regardez le tram, il a fait son retour en 2001 et on en est au 9e ou au 10e. J’espère que dans 20 ans, on sera capables de faire quatre ou cinq transports par câble. Il y a des besoins, comme sur le plateau du 5e aussi, si l’on n’arrive pas à faire du tram.
Dans ce lotissement de Francheville, installé en contrebas d’une voirie pourtant passante, on s’inquiète du bruit généré par le téléphérique, de son emprise au sol, mais aussi de l’impact sur la végétation alentour, qu’on craint de voir rasée.
Penda n t q u e l e p r o j e t de transport par câble est étudié et mûri par le Sytral, la résistance s’organise loin des regards lyonnais, derrière la balme de La Mulatière. « Nous en sommes à 750 membres à jour de cotisation » , se félicite Alain Bavozet, coordinateur du collectif Touche pas à mon ciel, hostile au projet. Parmi les quelque 5 500 signataires de la pétition lancée quelques jours seulement après la présentation du plan de mandat du Sytral, le 17 décembre 2020, « une large majorité de Fidésiens, et plus de 20 % de Lyonnais qui craignent notamment que le métro E ne se fasse pas » .
De l a s u p p o s é e s t a t i o n « Francheville Bourg » à celle du « Roule » à La Mulat ière, p r é fi g u r é e s p a r l ’ é t u d e commandée auprès d’Egis en novembre 2020, les riverains pa r t agent l e u r inqui é tude et plusi eur s aut res t ra i t s : majoritairement quinquagénaires voire retraités, résidant pour l’essentiel en pavillon, et surtout abondamment renseignés sur le projet. Emplacement prévisionnel des stations, hauteur des pylônes, type de câble utilisé, intervalle entre le passage de deux cabines… Ils connaissent tout des enjeux.
L’essentiel de ces données n’est qu’indicatif, fruit de préétudes soumises à concertation, enquête publique, tractations politiques voire contentieux. Des documents que la Mairie de Sainte- Foy- lèsLyon a opportunément fait fuiter auprès des opposants, Alain Bavozet ayant fait le lien en tant qu’ancien adjoint de la maire
LR Véronique Sarselli. Reste que la possibilité de voir un pylône implanté dans son jardin ou un câble passer devant sa fenêtre ne pousse pas à la prise de recul et à l ’ at tente bien sage de la prochaine étape du calendr ier prévisionnel, à savoi r une concer t at ion annoncée en septembre. « Tout a été fait à l’envers » , souffle l’exélu fidésien.
« On est très bien desservis par les TCL » . Les r iverains du « trajet médian » esquissé par le Sytral n’ont ainsi pas de peine à pointer ce qu’ils considèrent comme des incohérences. Autour de l’hypermarché Carrefour de Francheville, on s’interroge ainsi sur l’utilité du transport par câble. « Ici on a le C19, le C20, le 14, on est très bien desservis par les TCL, assure Daniel Coeurdray. On a seulement une heure de bouchon matin et soir, c’est tout. » « Et puis, on ne travaille pas tous à Gerland » , abonde Philippe Bonnet. « On n’est pas à 45 minutes de Gerland, ce n’est pas vrai » , gl isse- t- on derrière lui, remettant en cause les estimations du Sytral donnant un avant age d e v i t e s s e au téléphérique. Autour, on s’étonne également que les alternatives ne soient pas davantage développées, à l’image du tram- train de l’Ouest lyonnais. « Il a coûté 300 millions d’euros et il est très clairement sousutilisé, pointe Alain Bavozet. Il y a un problème de fréquence, il n’y en a qu’un toutes les demi- heures. Il n’est pas connecté au réseau TCL, et il n’existe pas de tarification unique. »
La c i rcul at ion automobi l e autour du centre commercial est pourtant dense, mais ce que les riverains redoutent, c’est le « clic » produit par les cabines à leur franchissement d’un pylône. « Le bruit des voitures est continu, là,
Les Bâtiments de France. Non seulement les tracés survolent le poumon vert de la métropole au risque de défigurer le paysage, mais ils risquent de survoler pour certains des sites remarquables, comme la tour du Télégraphe et l’aqueduc du Gier. Les recours. À Sainte- Foy- lès- Lyon notamment, un passage au- dessus du chemin du Plan du Loup, du centre- ville, de maisons individuelles, va
on aurait des crêtes » , redoute Bernard Delserieys, quant à lui résident de Sainte- Foy- lès- Lyon. « On atteint les 110 décibels en haut du pylône, et ce sera ça toutes les 11 secondes » , s’alarme Élie Khoury, qui s’imagine déjà avec un mât de 35 mètres face à sa terrasse, et dont la compagne menace de se lancer dans une grève de la faim. « Les gens se sont installés ici pour être au vert. Le matin, je me réveille avec le gazouillis des oiseaux. C’est rare de trouver un environnement aussi calme aussi proche d’une grande ville. » Le Plan du Loup ne se situe en effet qu’à quatre kilomètres à vol d’oiseau de la place Bellecour. constituer un point de blocage fort. Déplacer au sud ou au nord présente d’autres inconvénients et peut nécessiter des pylônes supplémentaires. Des recours administratifs sont susceptibles de retarder le projet de plusieurs années.
Si les coûts s’envolent : expropriation, choix de la solution « 3S » plus performante… La note peut vite s’envoler.
Daniel Coeurdray décr it lui aussi son quartier franchevillois comme « un p e t i t v i l l a ge pai s ibl e » , avec « des pet ites maisons tranquilles » , dont 38 des 44 résidents se sont déclarés contre le projet de transport par câble, les six autres… n’ayant pas répondu. La crainte est également de voi r le bois dominant le lotissement raboté, voire rasé. « Les cabines doivent passer au moins 30 mètres au- dessus en cas d’incendie » , avancent les riverains. L’argument sécuritaire revient également avec insistance : « En tant que femme, je ne prends pas le risque de partager la cabine
Depuis son appartement du sud du Roule, à La Mulatière, cette résidente pourrait bientôt voir des cabines toiser son balcon, suivant le tracé retenu par le Sytral.
se ule avec un mec tordu pendant 20 minutes » , grimace la Franchevilloise Claudet te Eckenspieller.
« Pas un truc de bourgeois » . À mes u r e q u e l e t r a c é s e rapproche de Lyon, un autre élément émerge : « Nous sommes traversés mai s pas desser vi s, estime ainsi Élie Khoury. Je me trouve à 18 minutes de Perrache avec un bus toutes les dix minutes. Pas besoin de téléphérique. » Ar g umen t r en f o r c é s e lon de nombreux r iverains pa r l’absence de parc relais autour des différentes stations.
Danièlle Jarrosson dispose depuis le 5e étage de son immeuble de La Mulatière d’un panorama sur le Rhône et le sud de la métropole. « Je m’étais dit que ma vue, personne ne pourrait me la prendre. Je n’avais pas pensé aux Verts » , soupire- t- elle, s’imaginant déjà survolée par les télécabines. Les relations de voisinage se sont d’ailleurs rafraîchies depuis l’apparition du projet dans le paysage, entre pro et anti.
« Il ne faut pas résumer l’opposition à un truc de bourgeois, met en garde Alain Bavozet. Autant il y en a à Sainte- Foy, mais pas que, mais on ne peut pas dire ça de La Mulatière. » Le problème n’est pas là pour Danièlle Jarrosson : « Ils peuvent déplacer le tracé de 100 ou 200 mètres, ça ne changera rien puisque ce sont d’autres qui subiront les inconvénients. Le problème, c’est de vouloir le faire passer dans une zone aussi dense. »
Touche pas à mon ciel estime à 1 300 le nombre de « familles concernées par l’avant- projet » .
Si les panneaux hostiles au projet sont légion dans les jardins, sur les fenêtres ou sur les voitures jouxtant le tracé prévisionnel, les riverains veulent maintenant sensibiliser à plus large échelle. Un rassemblement est a insi dans les cartons et aura lieu le 19 juin place Bellecour « afin d’interpeller les gens en leur rappelant que l’Ouest lyonnais, c’est une partie du poumon vert de la métropole » .
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