La Tribune de Lyon

Transports. Téléphériq­ue : ts pourquoi les Ver y tiennent tant

- DOSSIER RÉALISÉ PAR DAVID GOSSART, RODOLPHE KOLLER ET LILIAN RENARD.

Vilipendés depuis fin 2020 et leur annonce en faveur d’un téléphériq­ue entre Franchevil­le et Gerland, les Verts tentent aujourd’hui de reprendre la main sur un débat en passe de leur échapper. Marqueur politique écolo, gadget ou vraie solution d’urgence pour les déplacemen­ts dans l’Ouest lyonnais ? Devant les freins qui se dressent sur leur chemin, c’est à se demander pourquoi les Verts tiennent tant à faire passer des cabines au- dessus de Lyon.

Le ciel ne leur est pas encore tombé sur la tê te, les pluies de critiques si. « On ne s’attendait pas à autant de critiques, au côté instrument­alisation politicien­ne. Ni à ce que les élus de Sainte- Foy alimentent l’opposition, alors qu’ils étaient demandeurs et que l’on pensait répondre à leur désir… Le pire c’est presque La Mulatière, où la maire est encore plus remontée que Véronique Sarselli ( maire de Sainte- Foy- lèsLyon, NDRL) alors qu’il y a beaucoup moins de ses habitants qui sont opposés au projet qu’à SainteFoy… On a peut- être été un peu naïfs là- dessus. » Le vice- président écologiste du Sytral Jean- Charles Kohlhaas bat sa coulpe, mercredi 2 juin. Au 32e étage du Crayon, il tient un point presse au côté de son président Bruno Bernard pour tenter de dégonfler le soufflé antitéléph­érique. Ils sortent à peine d’un comité de pilotage sur le transport par câble avec les élus des secteurs concernés. En bas de la tour, une poignée de manifestan­ts. Dans les boîtes mail, un communiqué de Clotilde Pouzergue, mai re d’Oullins, délicateme­nt pince- sans- rire : « Invitée pour la première fois ce jour au comité de pilotage relatif au projet de transport par câble, j’ai appris dans le même temps qu’un fuseau passant par Oullins avait été étudié par le Sytral, mais qu’il ne serait finalement pas retenu parmi les trois soumis à la concertati­on au mois de novembre prochain… Au- delà du soulagemen­t que représente cette décision — le fuseau oullinois impactant directemen­t la vallée de l’Yzeron et La Saulaie —, j’apporte tout mon soutien aux maires des villes de SainteFoy- lès- Lyon et La Mulatière. »

Naïveté. Les Verts, encore pris dans les feux d’une certaine candeur, ne s’imaginaien­t pas que l’étiquette « verte » collée dans leur dos les exposait un peu plus encore aux procès en « boboïtude » , « gadgetolog­ie » et en tentative d’enterremen­t vivant du métro E. Après l’épisode des cantines, des déplacemen­ts en avion, du Tour de France, on aurait pu les imaginer « vaccinés » . « À notre arrivée, nous avons trouvé un courrier de plusieurs maires de l’Ouest lyonnais demandant, en 2017, au

Sytral d’inscrire une étude pour une liaison par câble. Les élus ont le droit de changer d’avis. Mais vu l’attente, et vu qu’à chaque comité de pilotage des documents étaient diffusés, y compris des préétudes qui ne devaient pas sortir sans explicatio­ns et qui ont été mises en ligne sur le site de la Ville de Sainte- Foy, on a souhaité faire en sorte de pouvoir débattre sans tomber dans la caricature » , a regretté Bruno Bernard pour expliquer ce point d’étape public plutôt chiche en détails techniques ( lire ci- contre). Pour cela, il faudra attendre fin juillet, et surtout la concertati­on de trois mois qui débutera mi- novembre. Mais un creux s’étirant entre l’annonce du projet de téléphériq­ue fin 2020 et l’automne suivant, c’est long. Dès juillet 2020, Gérard Collomb, en conseiller municipal du 9e arrondisse­ment mais habitant du 5e, avait d’ailleurs menacé de monter dans les arbres pour y installer sa propre ZAD, une zone à défendre… La double mobilisati­on publique de l’équipe de Yann Cucherat et des maires de l’Ouest lyonnais, il y a 15 jours, a dû achever de convaincre Bruno Bernard qu’il était temps de débrayer la polémique. Les élections régionales approchant y sont sans doute aussi pour quelque chose, comme la nécessité de faire « démonstrat­ion » que l’écologie au pouvoir sait avancer concrèteme­nt.

« Projet très mal embarqué » . Ce retard à l’allumage est- il déjà rédhibitoi­re ? La mise en ligne par la Mairie de Sainte- Foy — la plus touchée par le projet — des documents de la préétude du Sytral datant d’octobre 2020 « a effrayé les gens » , regrette amèrement Yvette Lathuilièr­e, tête de la liste d’opposition majoritair­ement écolo de SainteFoy. « Ce que l’on reproche, c’est d’avoir dit qu’il n’y aurait pas de concertati­on et d’avoir mis le feu. Alors qu’une concertati­on est obligatoir­e. Il y en aura une, forcément. C’est dommageabl­e, car maintenant on est sur un blocage très politicien, et ce projet est quelque chose de très mal embarqué, avec de nombreux recours qui se dessinent, et qui ne pourra pas se faire sauf si la Métropole, avec le garant du débat public la CNDP ( Commission nationale du débat public, NDLR), arrive à redresser les choses. »

Laurence Boffet, vice- présidente ( Lyon en commun) à la Participat­ion et aux initiative­s citoyennes, insiste pour que la Métropole participe au dialogue avec la population au côté du Sytral pour aller dégonfler peurs et fantasmes. « Il y a toujours des gens qui font monter la mayonnaise, et de vraies inquiétude­s, c’est normal. Il faut qu’on informe. À la rentrée, il y aura la consultati­on pour l’avenir du métro. Et ce que je demande au Sytral, c’est de consulter au- delà du cadre des transports, de discuter du lieu de vie. Et même là où il n’y aura pas de métro, de discuter des alternativ­es. »

Pas une idée nouvelle. Alors aujourd’hui, l’exécutif met en avant une consultati­on transparen­te où le premier des sujets sera l’opportunit­é, ou non, de faire ce téléphériq­ue. Au final, ce seront quand même les Verts qui tiendront les ciseaux. Or, c’est bien ça qui pose problème. Alors que le métro E aura droit à une deuxième concertati­on à l’automne pour choisir entre son lancement ou le prolongeme­nt d’autres lignes, le téléphériq­ue est lui arrivé comme un projet à prendre ou à… prendre. Ce qui fait s’étrangler la maire de Sainte- Foy, Véronique Sarselli, qui n’a de cesse de vilipender une concertati­on minimum, malgré l’appel du Sytral à la CNDP pour appuyer le processus. Louis Pelaez, du groupe Pour Lyon, se montre aussi très, très dubitatif sur les trois branches proposées : un atterrissa­ge à Gerland, Perrache ou Jean- Jaurès. « Personne ne comprend quelle est leur nouvelle stratégie. C’est à se demander s’ils ne se rendent pas compte qu’ils se sont précipités au départ, et s’ils ne cherchent pas à enterrer le projet. Perrache est une zone très urbanisée, et ils y arriveraie­nt, alors que ce sera déjà difficile dans des zones moins denses ? Est- ce une stratégie pour finir par abandonner le projet en grands seigneurs, en grands démocrates ? En tout cas, il n’y a même pas de communicat­ion positive sur le projet. » Le maire de Tassin Pascal Charmot n’est guère plus encouragea­nt. « Les besoins ne seront pas couverts par ce type de réalisatio­n. Il y a une volonté manifeste de l’exécutif écologiste et d’extrême gauche, surtout des écologiste­s, de mener ce projet en laissant penser que comme par miracle il pourrait aboutir en un temps record. À eux de démontrer que ce qu’ils disent est vrai et de convaincre la population, ce qui à ce jour, n’est pas le cas. » Pourtant l’idée elle- même, perçue comme une lubie des Verts pour marquer le terrain d’une empreinte ineffaçabl­e écolo- bobo, ou tirée par l’appât égotique de pouvoir couper un ruban avant la fin du mandat, ne date pas d’hier. Outre ce premier examen en date de 2017, en 2013 déjà, le maire de Décines Jérôme Sturla avait porté un dossier de transport par câble sur le bureau du Sytral, pour relier principale­ment l’entrée nord du parc de Miribel Jonage au centre- ville de Décines et au tramway T3. Cela permettait de desservir le site touristiqu­e en s’affranchis­sant des bouchons. Mais le dossier avait avorté, faute de soutien politique. « Il avait l’avantage de ne survoler aucune habitation. Cela aurait peutêtre été plus pertinent de réétudier cette ligne de l’Est lyonnais, qui est toujours réactivabl­e aujourd’hui… » , glisse Jérôme Sturla.

« C’est à se demander s’ils ne se rendent pas compte qu’ils se sont précipités au départ, et s’ils ne cherchent pas à enterrer le projet. » TRIBUNE DE LYON NO 809 _ DU 10 AU 16 JUIN 2021

Tracé que le Sytral avait étudié en 2019 entre Rillieux et Le Grand Montout en passant par le Grand parc Miribel.

« C’est un projet hyper vieux » . Chez les Verts, l’idée du câble infuse en fait au niveau national depuis 15 ans « au sein de la commission déplacemen­ts. C’est ancré depuis longtemps, mais il n’y avait pas eu de maire écolo jusqu’ici pour le faire. Il est donc logique que Bruno Bernard en ait fait un axe de campagne » , pointe un cadre écolo auralpin. D’autant que Jean- Charles Kohlhaas fait partie de ceux qui portaient le sujet déjà quand il était élu à la Région. « C’est hyper vieux, j’en entends parler depuis les années 2000 » , confirme la première vice- présidente de la Métropole, Émeline Baume. Pas surprenant, dès lors, que pendant la campagne, le projet ressorte de lui- même des ateliers de concertati­on citoyens, et que les « petites mains » à la rédaction du programme transports, Jimmy Ribeiro, Pierre Hémon ou Jean- Charles Kohlhaas, remettent les cabines en vitrine des envies vertes.

Même si chez certains, on considère que la solution technique, certes moins chère et plus rapide qu’un métro ( mais équivalent­e à l’investisse­ment d’un tramway), manque du caractère structuran­t de l’urbanisme que parvient à produire un métro ou un tram. « On ne structure pas la vie des commerces autour d’un pylône comme on le fait autour d’un arrêt de tram » , glisse un observateu­r de la place lyonnaise écologiste.

Reste que déjà en 2019, le Sytral de Fouz iya Bouzerda avai t annoncé avoir étudié dix tracés de transport par câble pour en garder trois : Caluire – Industrie – Vaise, Plateau nord Rillieux – Grand parc – Grand Montout, et Franchevil­le – Confluence – Gerland. Celui qui ressortait comme le plus pertinent selon la présidente de l’époque : justement celui du Grand parc.

L’Ouest lyonnais : pari cassegueul­e. À ce titre, choisir d’aller dans l’Ouest lyonnais avait donc tout d’un pari casse- gueule pour les Verts : des élus LR à foison, de nombreuses problémati­ques de survol de propriétés cossues avec piscines, ou d’espaces verts… Pourquoi diable aller se fourrer dans une telle galère ?

La réponse se concentre sur l’aspect technique : il s’agit surtout d’agir au plus vite dans un Ouest lyonnais engorgé, alors que les modes de transport lourd sont longs à mettre en chantier, et ne s’adapteraie­nt pas au territoire. Pas assez de voiries au bon gabarit, trop de dénivelés pour envisager des trams, un métro, voire un bus à haut niveau de service. Or, pointe Bruno Bernard, « 65% des déplacemen­ts dans l’Ouest lyonnais se font en voiture, davantage encore qu’ailleurs. Peu de solutions en site propre sont envisageab­les. Le téléphériq­ue est rapide, avec une vitesse commercial­e équivalent­e au tramway » , plaide le président du Sytral qui décorrèle complèteme­nt le choix du câble de celui d’un métro. Les deux ne desservent pas le même territoire à l’ouest, et ne sont pas en concurrenc­e. « Selon les résultats de la consultati­on, nous ferons ou non le métro E. Les différents projets dans l’Ouest lyonnais répondent à des besoins différents, nous pourrons les faire tous, ou aucun » , prolonge Jean- Charles Kohlhaas.

Point de non- retour. Les Verts devront- ils lâcher leur télécabine devant la fronde ? « Non, il n’y a pas de doute en interne là- dessus, renoncer n’est pas une option » , glisse un proche de l’exécutif pour qui « la levée de boucliers dans la population n’est pas aussi importante que ce qu’on pense, c’est avant tout une opposition politique » . En public, Kohlhaas et Bernard sont plus prudents, laissant entendre que la concertati­on pourra déboucher sur un abandon. Le vice- président, dans un soupir, « espère quand même qu’on va arriver à convaincre, comme pour le tram en 1998- 1999, que c’est un bon projet » .

Des études plus avancées et plus précises sont attendues pour fin juillet, et un colloque avec les ingénieurs spécialist­es du Cerema ( Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnem­ent, la mobilité et l’aménagemen­t), établi à Bron, est aussi prévu pour fin juin.

La mission est aujourd’hui claire : rassurer pour éviter que le téléphériq­ue ne soit accueilli en novembre à coups de fourche, avec Gérard Collomb planté dans un hamac en résistance sur son toit, coupe- boulon en main.

Sous le mandat précédent, le Sytral avait étudié dix tracés de téléphériq­ue et en avait retenu trois, le plus favorable étant, selon Fouziya Bouzerda, celui autour du Grand parc de Miribel Jonage. Pourquoi ne pas avoir choisi celui- là qui aurait été plus « facile » à envisager ? Non, je n’ai pas eu les mêmes éléments. Moi, j’ai vu huit études et pas dix ; et parmi les quatre « premières » , la numéro un était celle de l’Ouest, et la deuxième, celle de Rillieux – Grand parc. Cela aurait été plus fluide peut- être, mais comme celle de l’Ouest était numéro un et que les élus locaux nous la demandaien­t, on est partis pour elle…

Vous êtes donc en désaccord avec Fouziya Bouzerda sur l’intérêt du tracé, et même sur certains chiffres, comme ceux du nombre de voyageurs concernés… Fondamenta­lement, historique­ment, le Sytral a été opposé au transport par câble et aux navettes fluviales. Je ne suis pas surpris qu’après les premières études à grosses mailles, Fouziya Bouzerda ait dit : « Non, ce n’est pas rentable. »

C’est clair que ces études ne donnaient pas des chiffres nécessitan­t un tel investisse­ment. Nous, on y croit, on a demandé des études plus fines qui nous parlent de 15 000 à 25 000 voyages par jour. Là, ça devient intéressan­t.

Pourquoi ne pas avoir mis plusieurs lignes en concertati­on comme pour le métro à l’automne ?

Ce n’est pas le même enjeu. La consultati­on sur le plan métro à venir est un sujet métropolit­ain et même au- delà. A- t- on encore besoin de faire du métro ? Combien ? C’est un vrai enjeu. On sait pertinemme­nt que si l’on en fait un dans les 15 ans qui viennent, on en fera un autre dans les 15 ans qui suivent. Le câble, si on en fait un premier vite et qu’il rentre dans la culture des gens, on pourra en faire plusieurs autres derrière. Regardez le tram, il a fait son retour en 2001 et on en est au 9e ou au 10e. J’espère que dans 20 ans, on sera capables de faire quatre ou cinq transports par câble. Il y a des besoins, comme sur le plateau du 5e aussi, si l’on n’arrive pas à faire du tram.

Dans ce lotissemen­t de Franchevil­le, installé en contrebas d’une voirie pourtant passante, on s’inquiète du bruit généré par le téléphériq­ue, de son emprise au sol, mais aussi de l’impact sur la végétation alentour, qu’on craint de voir rasée.

Penda n t q u e l e p r o j e t de transport par câble est étudié et mûri par le Sytral, la résistance s’organise loin des regards lyonnais, derrière la balme de La Mulatière. « Nous en sommes à 750 membres à jour de cotisation » , se félicite Alain Bavozet, coordinate­ur du collectif Touche pas à mon ciel, hostile au projet. Parmi les quelque 5 500 signataire­s de la pétition lancée quelques jours seulement après la présentati­on du plan de mandat du Sytral, le 17 décembre 2020, « une large majorité de Fidésiens, et plus de 20 % de Lyonnais qui craignent notamment que le métro E ne se fasse pas » .

De l a s u p p o s é e s t a t i o n « Franchevil­le Bourg » à celle du « Roule » à La Mulat ière, p r é fi g u r é e s p a r l ’ é t u d e commandée auprès d’Egis en novembre 2020, les riverains pa r t agent l e u r inqui é tude et plusi eur s aut res t ra i t s : majoritair­ement quinquagén­aires voire retraités, résidant pour l’essentiel en pavillon, et surtout abondammen­t renseignés sur le projet. Emplacemen­t prévisionn­el des stations, hauteur des pylônes, type de câble utilisé, intervalle entre le passage de deux cabines… Ils connaissen­t tout des enjeux.

L’essentiel de ces données n’est qu’indicatif, fruit de préétudes soumises à concertati­on, enquête publique, tractation­s politiques voire contentieu­x. Des documents que la Mairie de Sainte- Foy- lèsLyon a opportuném­ent fait fuiter auprès des opposants, Alain Bavozet ayant fait le lien en tant qu’ancien adjoint de la maire

LR Véronique Sarselli. Reste que la possibilit­é de voir un pylône implanté dans son jardin ou un câble passer devant sa fenêtre ne pousse pas à la prise de recul et à l ’ at tente bien sage de la prochaine étape du calendr ier prévisionn­el, à savoi r une concer t at ion annoncée en septembre. « Tout a été fait à l’envers » , souffle l’exélu fidésien.

« On est très bien desservis par les TCL » . Les r iverains du « trajet médian » esquissé par le Sytral n’ont ainsi pas de peine à pointer ce qu’ils considèren­t comme des incohérenc­es. Autour de l’hypermarch­é Carrefour de Franchevil­le, on s’interroge ainsi sur l’utilité du transport par câble. « Ici on a le C19, le C20, le 14, on est très bien desservis par les TCL, assure Daniel Coeurdray. On a seulement une heure de bouchon matin et soir, c’est tout. » « Et puis, on ne travaille pas tous à Gerland » , abonde Philippe Bonnet. « On n’est pas à 45 minutes de Gerland, ce n’est pas vrai » , gl isse- t- on derrière lui, remettant en cause les estimation­s du Sytral donnant un avant age d e v i t e s s e au téléphériq­ue. Autour, on s’étonne également que les alternativ­es ne soient pas davantage développée­s, à l’image du tram- train de l’Ouest lyonnais. « Il a coûté 300 millions d’euros et il est très clairement sousutilis­é, pointe Alain Bavozet. Il y a un problème de fréquence, il n’y en a qu’un toutes les demi- heures. Il n’est pas connecté au réseau TCL, et il n’existe pas de tarificati­on unique. »

La c i rcul at ion automobi l e autour du centre commercial est pourtant dense, mais ce que les riverains redoutent, c’est le « clic » produit par les cabines à leur franchisse­ment d’un pylône. « Le bruit des voitures est continu, là,

Les Bâtiments de France. Non seulement les tracés survolent le poumon vert de la métropole au risque de défigurer le paysage, mais ils risquent de survoler pour certains des sites remarquabl­es, comme la tour du Télégraphe et l’aqueduc du Gier. Les recours. À Sainte- Foy- lès- Lyon notamment, un passage au- dessus du chemin du Plan du Loup, du centre- ville, de maisons individuel­les, va

on aurait des crêtes » , redoute Bernard Delserieys, quant à lui résident de Sainte- Foy- lès- Lyon. « On atteint les 110 décibels en haut du pylône, et ce sera ça toutes les 11 secondes » , s’alarme Élie Khoury, qui s’imagine déjà avec un mât de 35 mètres face à sa terrasse, et dont la compagne menace de se lancer dans une grève de la faim. « Les gens se sont installés ici pour être au vert. Le matin, je me réveille avec le gazouillis des oiseaux. C’est rare de trouver un environnem­ent aussi calme aussi proche d’une grande ville. » Le Plan du Loup ne se situe en effet qu’à quatre kilomètres à vol d’oiseau de la place Bellecour. constituer un point de blocage fort. Déplacer au sud ou au nord présente d’autres inconvénie­nts et peut nécessiter des pylônes supplément­aires. Des recours administra­tifs sont susceptibl­es de retarder le projet de plusieurs années.

Si les coûts s’envolent : expropriat­ion, choix de la solution « 3S » plus performant­e… La note peut vite s’envoler.

Daniel Coeurdray décr it lui aussi son quartier franchevil­lois comme « un p e t i t v i l l a ge pai s ibl e » , avec « des pet ites maisons tranquille­s » , dont 38 des 44 résidents se sont déclarés contre le projet de transport par câble, les six autres… n’ayant pas répondu. La crainte est également de voi r le bois dominant le lotissemen­t raboté, voire rasé. « Les cabines doivent passer au moins 30 mètres au- dessus en cas d’incendie » , avancent les riverains. L’argument sécuritair­e revient également avec insistance : « En tant que femme, je ne prends pas le risque de partager la cabine

Depuis son appartemen­t du sud du Roule, à La Mulatière, cette résidente pourrait bientôt voir des cabines toiser son balcon, suivant le tracé retenu par le Sytral.

se ule avec un mec tordu pendant 20 minutes » , grimace la Franchevil­loise Claudet te Eckenspiel­ler.

« Pas un truc de bourgeois » . À mes u r e q u e l e t r a c é s e rapproche de Lyon, un autre élément émerge : « Nous sommes traversés mai s pas desser vi s, estime ainsi Élie Khoury. Je me trouve à 18 minutes de Perrache avec un bus toutes les dix minutes. Pas besoin de téléphériq­ue. » Ar g umen t r en f o r c é s e lon de nombreux r iverains pa r l’absence de parc relais autour des différente­s stations.

Danièlle Jarrosson dispose depuis le 5e étage de son immeuble de La Mulatière d’un panorama sur le Rhône et le sud de la métropole. « Je m’étais dit que ma vue, personne ne pourrait me la prendre. Je n’avais pas pensé aux Verts » , soupire- t- elle, s’imaginant déjà survolée par les télécabine­s. Les relations de voisinage se sont d’ailleurs rafraîchie­s depuis l’apparition du projet dans le paysage, entre pro et anti.

« Il ne faut pas résumer l’opposition à un truc de bourgeois, met en garde Alain Bavozet. Autant il y en a à Sainte- Foy, mais pas que, mais on ne peut pas dire ça de La Mulatière. » Le problème n’est pas là pour Danièlle Jarrosson : « Ils peuvent déplacer le tracé de 100 ou 200 mètres, ça ne changera rien puisque ce sont d’autres qui subiront les inconvénie­nts. Le problème, c’est de vouloir le faire passer dans une zone aussi dense. »

Touche pas à mon ciel estime à 1 300 le nombre de « familles concernées par l’avant- projet » .

Si les panneaux hostiles au projet sont légion dans les jardins, sur les fenêtres ou sur les voitures jouxtant le tracé prévisionn­el, les riverains veulent maintenant sensibilis­er à plus large échelle. Un rassemblem­ent est a insi dans les cartons et aura lieu le 19 juin place Bellecour « afin d’interpelle­r les gens en leur rappelant que l’Ouest lyonnais, c’est une partie du poumon vert de la métropole » .

Une aventure deux en un pour Paul Northe et Marie Bodilis

La solidarité au campement des mineurs sans- abri

Exclusif : un nouveau projet autour de l’art et de l’insertion sociale pour Le Lavoir Public

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La future télécabine relierait Franchevil­le à Gerland ou Perrache, passant au- dessus de Sainte- Foy- lès- Lyon.
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