Lieux et gens de pouvoir. Régionales. Kotarac, le « MacCarthy » de Le Pen
Électoralement, l’apport est encore loin d’être aussi notable. En revanche, symboliquement, Andréa Kotarac est d’une utilité politique toute commode… Produit d’appel dans la vitrine du RN, le candidat intéresse Marine Le Pen et son entreprise présidentielle. Transfuge fracassant de LFI, avec qui il siégeait sur les bancs du conseil régional jusqu’en 2019, le voilà en exemple brandi des turpitudes culturelles de la gauche et de sa soi- disant complaisance face à l’intégrisme islamiste.
« Je suis parti car je voyais monter une dérive “indigéniste ”, “racialiste ” chez les Insoumis » , répète à l’envi et à dessein le jeune candidat aux régionales ( 32 ans). Pour un RN qui poursuit à gros traits sa stratégie de dédiabolisation, le Lyonnais parvenu de l’autre rive a encore une autre fonction. Il est censé souligner l’absence de préjugés de la patronne… « Nous ne sommes pas sectaires, Andréa Kotarac en est le témoin » , appuyait Marine Le Pen la semaine dernière lors d’un déplacement à Saint- Chamond. Le voyage dans la cité proche de Saint- Étienne aura aussi servi de symboles faciles à la présidente du RN, persuadée de tenir là une mini- France des peurs sécuritaires et des périls migratoires. Dans la rue principale aux enseignes défraîchies, Marine Le Pen voit se creuser le sillon du mal français, les peurs « de commerçants dévalisés » , détaille sans nuance la déprime des villes moyennes asséchées par des métropoles vampires, le ras- le- bol des éoliennes qui tournent à vide sur les hauteurs, le spleen des ronds- points qui se peignent parfois de jaune. Rien de moins... Insécurité, islamisme et territoires malmenés forment dès lors, invariablement, le brelan des sinistres brandis dans cette campagne, régionales et présidentielle dans la même main.
« Maccarthysme culturel » . Andréa Kotarac promet ainsi des brigades et des référents sécurité dans les lycées et, sans ciller, un « maccarthysme culturel » pour empêcher l’octroi de subventions aux artistes et associations qui se montreraient hostiles aux « policiers, agents, professeurs, politiques… » . Kotarac, en MacCarthy du lepénisme et cheville ouvrière d’une chasse aux sorcières de « l’indigénisme » , veut aussi en finir avec la puissance des métropoles au nom du « localisme » . Un concept dont il a même fait un parti et qui, ici encore, doit servir aux visées d’un RN qui aurait intégré la question écologique. Irriguer les territoires, ses candidats en connaissent d’ailleurs un rayon… Ils sont nombreux à se présenter deux fois, dans un département pour les régionales, et dans un autre pour les départementales. Un localisme sélectif.