La Tribune de Lyon

Les immanquabl­es. Exposition. Les frères Flandrin ou les liens de l’art

- CAROLINE SICARD

Si vous êtes un visiteur habitué de la collection permanente du musée des Beaux- Arts, les oeuvres néoclassiq­ues des frères Flandrin ne vous sont sûrement pas inconnues. Sinon, peut- être connaissez- vous vaguement de réputation Hippolyte Flandrin, qui, en plus d’avoir donné son nom à une ruelle du premier arrondisse­ment – où l’on trouve l’une des meilleures boulangeri­es de Lyon – fut l’un des peintres lyonnais les plus importants du XIXe siècle. Oublié depuis du grand public, l’artiste avait aussi deux frères, également peintres mais moins connus, avec lesquels il entretenai­t une relation fraternell­e et artistique intense. C’est pour éclairer cette relation de création prolifique que le musée des Beaux- Arts a imaginé une exposition- fleuve et dense autour de la fratrie des Flandrin, réunissant aussi bien des aquarelles que des esquisses, des portraits de notables que des tableaux d’histoire monumentau­x. Le parcours thématique met surtout en relief la place qu’occupait chacun des frères dans leur émulation artistique, tous trois formés dans l’atelier d’Ingres, qui devint leur protecteur.

Fusion artistique. Il y a d’abord Auguste, l’aîné, obligé de travailler tôt pour apporter des revenus à sa famille. Plus en retrait que ses deux frères, il est pourtant sans cesse encouragé par ses cadets à développer son talent : ce sont eux qui le pousseront à reprendre sa formation de peintre auprès d’Ingres ou à les rejoindre en Italie pour un voyage d’où chacun rapportera de beaux paysages de campagne. Vient ensuite Hippolyte, la star de la famille, d’abord connu pour ses nus masculins et en particulie­r pour son Jeune homme nu assis au bord de la mer, habituelle­ment conservé au Louvre, et dont on peut découvrir ici la pureté des lignes. En plus de peindre des portraits de nobles et de bourgeois lyonnais, il s’est surtout consacré à la peinture murale des églises, comme celle de Saint- Germaindes- Prés que vous ne verrez jamais d’aussi près grâce à la vidéo immersive projetée sur trois murs. Enfin, Paul, le dernier, qui vécut une relation artistique quasi fusionnell­e avec Hippolyte, allant jusqu’à réaliser les esquisses de ses tableaux. Le facétieux benjamin avait aussi ses domaines bien à lui, comme les paysages idylliques inspirés de l’Antiquité ou ses charges, caricature­s de l’époque, dans lesquelles ils mettaient en scène ses camarades de la Villa Médicis et que l’exposition a eu la bonne idée de reproduire. Si Auguste était plus indépendan­t, Hippolyte conserva toute sa vie une pietà sur laquelle il travaillai­t au moment du décès brutal de son aîné, restée inachevée comme une prière muette. Une fratrie pas comme les autres, dont les oeuvres poursuivan­t la tradition de l’art de la Renaissanc­e raviront en particulie­r les amateurs de peinture néoclassiq­ue.

Les Flandrin, artistes et frères. Jusqu’au dimanche 5 septembre au musée des Beaux- Arts, Lyon 1er. Du mercredi au lundi de 10 h à 18 h, le vendredi de 10 h 30 à 18 h. De 7 à 12 €. mba- lyon. fr

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