La Tribune de Lyon

Végétarien­s, fermez les yeux

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Attablés devant une côte de boeuf, tête de gondole du tout nouveau restaurant Gueuleton, quelques réflexions philosophi­ques et physico- mathématiq­ues se sont imposées à nous. « Non, mais n’importe quoi ! » , ont osé avancer des amis aussi hilares que boomers : « Pfff, la vue de la nourriture ne pousse pas aux réflexions transcenda­ntales. » Et pourtant… c’est bien en voyant tomber une pomme qu’Isaac Newton a conçu la théorie de la gravitatio­n. Et toc. Pour en revenir à nos moutons, des bovins en l’occurrence, le principe d’Archimède se vérifie aussi bien dans une baignoire que dans les courants sociétaux. PA = pVg. Quand on pousse d’un côté, ça monte de l’autre. Ainsi en pleine vague végane et de Comme J’aime, voilà une apologie militante de la viande et du banquet d’Astérix. Des côtes de boeuf, il y en a un troupeau : salers, charolaise, limousine, montbéliar­de, croisée, toutes élevées en France, sauf la simmental en direct du Tyrol ( côté allemand). Il faut aussi se précipiter sur le fin gras du Mézenc ( Haute- Loire) provenant de bêtes broutant des fleurettes et de l’herbe bien grasse l’été, complétées par du vrai foin l’hiver de façon à obtenir une viande persillée et fondante. Un produit rare puisque très saisonnier : de janvier à juin. Vu que nous étions simplement deux, nous sommes allés vers le plus petit module, une côte charolaise d’un peu plus de 800 g, sachant qu’une côte dépasse facilement le kilo. On ne vous demande pas la cuisson. Si vous dites « à point » , c’est que vous aimez vous retrouver suspendu à un croc de boucher. Les côtes sont servies entre bleu et saignant, la surface bien saisie, croûtée façon barbecue, fin de la discussion. En accompagne­ment : le jus dans un ramequin, des petites pommes de terre Mitraille, quelques ails confits et des petits légumes pour pallier

la mauvaise conscience. Délicieux. Comme les entrées à partager : oeufs mimosa au caractère de rois de la basse- cour, tête de veau snackée « croustifon­dante » accompagné­e d’une superbe moutarde en grains ( d’Ardèche), coeurs et gésiers de canard, ail et porto en forme de beautés intérieure­s. On y retournera aussi pour les charcuteri­es maison ( le chef Morgan Sauzay est un spécialist­e diplômé), le cromesquis de canard cacahuète, les coques en persillade ( et chorizo). Même notre dessert tout simple ( sablé breton, fraise, rhubarbe) était au top. On pourrait remplir une piscine avec la belle carte des vins. Si la clientèle est plutôt genrée ( quadras barbus), il n’est pas nécessaire de poser ses parties génitales sur la table pour être accepté.

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