« Je détourne les objets quotidiens pour montrer comment évoluent les coutumes religieuses »
Ironique mais respectueux, l’artiste franco- marocain Younes Baba- Ali joue avec les codes religieux et les objets de consommation pour montrer comment cohabitent laïque et sacré dans notre société.
Avec Dégrisements, votre exposition à La BF15, vous abordez la question de la spiritualité et des croyances. Pourquoi avez- vous eu envie d’aborder cette thématique, assez rare dans l’art contemporain ?
: « Je travaille de manière contextuelle et cette question de la spiritualité s’est déclenchée en arrivant à Lyon pour ma résidence à La BF15. J’ai été frappé par tous ces clochers qui piquent le ciel de Lyon, par l’historique sacré et ésotérique de la ville. C’était un bon point de départ pour travailler sur cette exposition, d’autant plus que, suite aux divers confinements, j’étais dans une période où je perdais foi en mon travail d’artiste.
Vous avez réédité votre série de photos Kit mains libres, en faisant poser des Lyonnaises qui font tenir leur téléphone portable entre leur voile et leur oreille. C’est un geste qui vous a frappé ?
Je suis né au Maroc, mais j’ai grandi en France. Quand je me suis installé à Bruxelles, avec ma double identité de migrant franco- marocain, j’ai été étonné par toutes ces jeunes femmes qui utilisaient leur voile, par essence spirituel et intime, pour y faire tenir un autre objet, celui- là moderne, symbole d’ouverture sur le monde. Ici, le spirituel se confronte au pratique puisque souvent, ce sont des jeunes femmes qui font plusieurs tâches en même temps, elles ont leurs courses dans une main, leurs enfants dans l’autre… C’est une habitude qui montre comment on évolue avec ses coutumes religieuses.
Vous détournez vous- même plusieurs objets de leur fonction, en insufflant du spirituel dans des objets quotidiens ou au contraire en utilisant des objets sacrés de façon triviale…
Musique.
C’est déjà l’été.
On n’est pas encore entré dans l’hiver que les festivals d’été nous réchauffent déjà en commençant d’annoncer leur programmation : M et Nick Cave sont attendus sur la scène des Nuits de Fouvière pour, on l’espère enfin, un grand retour de la pop ; et Musilac a déjà dévoilé 20 premières têtes d’affiche dont Angèle, Biolay, Orelsan ou Simple Minds.
Une grande partie de mon travail consiste à détourner des objets du quotidien pour toucher le public, en particulier les personnes qui ne sont pas amatrices d’art, et ouvrir la réflexion grâce à l’ironie. Par exemple, avec ma série intitulée Sebbat, j’ai travaillé autour des superstitions liées aux chaussures en Afrique du Nord : selon la façon dont on les enlève inconsciemment, leur position peut être un signe de chance ou de mauvais présage. Deux chaussures qui se chevauchent par l’avant prédisent par exemple un voyage proche alors qu’une chaussure retournée, c’est la porte ouverte au sheitan. Cette série ressemble à un lexique des différentes positions de chaussures et de leur signification.
Le mois dernier, vous aviez organisé une performance en forme de procession qui ne manquait pas de piquant dans une ville comme Lyon où la religion est encore présente… C’est une question de perspective, j’aime jouer sur la limite de la compréhension. Dans cette performance qui s’appelle Panne de foi, il y avait une iconographie religieuse avec le performeur congolais Androa Mindre Kolo qui était faussement crucifié sur une dépanneuse ! Mais je parlais surtout de la perte de foi d’un artiste qui ne croit plus en lui, le temps d’une procession entre deux lieux culturels. »
Promotion. Femmes capitales. Elles sont nombreuses à la tête des institutions culturelles de la ville, et ce sont deux Lyonnaises qui ont été célébrées à la promotion « Femmes de culture » 2021 au palais de Tokyo ayant pour objectif de mettre en avant des dirigeantes : Aline Sam- Giao de l’Auditorium et Isabelle Bertolotti du Mac de Lyon. Chapeau bas.