La Tribune de Lyon

Du vrai poulet rôti

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videmment, il faut prendre du poulet. Marie- Caroline Dulbecco, en achetant Le Foch, un bar- resto de quartier, ne se doutait pas que la Covid allait lui donner de bonnes idées. « Alors, de quoi on se plaint ? » , aurait ajouté Xi Jinping. Faute de service en salle, que peut- on faire d’un peu original à emporter ? Solution entre « E = mc2 » et « et pourtant elle tourne » : du poulet à la broche ! Après le déconfinem­ent, la star des marchés du dimanche est restée au menu, servie à l’assiette. Tout d’abord le poulet n’est pas n’importe lequel. Du fermier, Label rouge de la Dombes de chez

ÉGavand Prudent. Ensuite, en évidence sur le trottoir, il y a la rôtissoire noir et doré, style Émirats arabes unis, que Marie- Caroline présente comme la Rolls du genre, une Rotisol haut de gamme « leader mondial de la rôtissoire profession­nelle » . La cuisson marche au gaz ( aïe, aïe, aïe, la facture) qui surpasse le côté asséchant de l’électrique. Les drôles de picots qui saillent à l’intérieur, évoquant une machine de torture médiévale, permettent à la chaleur d’enrober le volatile. Résultat dans l’assiette : on décline l’aile ou la cuisse au choix, bien ferme, avec un vrai goût de poulet. Carottes fondantes, choux de Bruxelles aux lardons ou petites pommes grenaille, pour accompagne­r. C’est bon, présenté au plus simple. On est dans la cuisine de campagne, néo- rustique, produite en cuisine par Jennifer Seignol, descendue elle aussi de l’Institut Paul- Bocuse, qui décidément nous diplôme des chefs et « cheffes » ( pour faire plaisir aux inclusifs) de tous styles. Nous voilà au mieux du café de quartier. On a aussi pris en entrée une salade de haricots coco parsemée de petites choses vinaigrées, effet salicornes, mais ce n’est pas ça. Secret de la maison. En entrée aussi, un pâté- croûte Richelieu — c’est- à- dire avec du foie gras de canard incrusté en médaillon —, plein d’herbes aromatique­s, en direct de la Boucherie de la gare

de Saint- André- de- Corcy. La croûte manquait simplement un peu de croustilla­nt. Ce n’est pas trop grave. La machine infernale Rotisol permet aussi de cuire à feu généreux, laissant le gras prendre ses libertés ailleurs : souris d’agneau, travers de porc — catalogué dans les endroits plus volontaire­ment branchés comme des r ibs — et même des paupiettes de veau, ou « oiseaux sans tête » comme on dit à Lyon. Les places à l’étage sont très sympathiqu­es, seulement il faut savoir que, d’après nos calculs, Marie- Caroline escalade chaque année près d’une quarantain­e de fois la tour Eiffel. Pour lui laisser du répit, on peut acheter du saint- marcellin, du saucisson artisanal ou un poulet à emporter, au rez- de- chaussée.

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