Ode à la vie
De son vivant. oi là un fi lm choral qu i emporte tout sur son passage. Pas de discours, pas de pose, pas la moindre récupération misérabiliste pour évoquer le monde de l’hôpital… On aura rarement vu filmer de façon aussi juste, depuis les morceaux de musique que joue le professeur Sara ( dans son propre rôle) pour ses patients, jusqu’à l’intimité que peut tisser une soignante avec un malade ( lumineuse Cécile de France). Emmanuelle Bercot filme aussi bien le milieu du théâtre et l’enseignement, débordant jusqu’à la susceptibilité, que le « secret »
Vdu soignant dans une scène de baiser volé sublime, comme un dernier adieu à la vie.
Il s’en va. Comme d’habitude, Catherine Deneuve prend tous les risques, comme celui de cette mère un rien hautaine, attifée de façon presque ostentatoire, paniquée à l’idée de perdre son fils. On n’en dira pas plus, mais De son vivant fait la nique à la mort en filmant ceux qui restent en héritage, et son titre peut se lire aussi bien pour désigner tout ce qui n’a pas pu se dire du vivant du malade, que comme un attachement viscéral à la vie. En même temps qu’elle s’est documentée avec le dernier réalisme sur les mots et les traitements autour du cancer, Emmanuelle Bercot ose en permanence le romanesque, et permet à chacun de ses personnages d’exister pour lui- même, autour d’un Benoît Magimel au- delà des mots ( déjà magnifique dans La Tête haute, toujours de Bercot). Jusqu’à des séquences finales qui sont parmi les plus belles et les plus émouvantes qu’on ait vues au cinéma depuis bien longtemps, le temps d’une chanson.