C’est pas du Bergman
Suprêmes.
Affamés. Mi- homme, mi- cerf
À la mort de son père, après 20 ans d’absence, Julia Meadows retourne dans son petit village minier de l’Oregon. Elle rejoint dans la bicoque familiale, son frère Paul, devenu shérif. Déjà, le cadre est sinistre, tout est rouillé, la mine est depuis longtemps abandonnée et la seule industrie locale qui prospère se focalise sur la fabrication de méthamphétamine. Pour parfaire ce tableau sordide, on apprend que Julia avait fui pour échapper à son père abuseur. Ce n’est pas fini : ayant trouvé un poste d’institutrice, elle soupçonne l’élève Lucas Weaver d’être victime des mêmes sévices. Il fait la tête de quelqu’un venant d’apprendre qu’il lui reste un jour à vivre ; il a le teint d’un cachet de Lexomil, fait des dessins cauchemardesques et semble ne pas avoir mangé depuis une semaine ( éventuellement des bouts de tissu, ce qui expliquerait les trous dans ses vêtements). On nous avait annoncé une fiction horrifique, pas un documentaire sur l’enfance maltraitée en milieu laïc, se dit le spectateur, se demandant s’il ne s’est pas trompé de salle. Mais on revient vite à une situation plus rassurante. Le père n’est pas un prédateur pédophile vu qu’il s’est transformé en monstre cannibale mort- vivant. Il a en effet été infecté par le wendigo, le croquemitaine mi- homme mi- cerf des légendes amérindiennes. Quand le père mange toute crue la directrice de l’école, on comprend que le réalisateur ne s’intéresse pas seulement à l’enfance maltraitée, mais aussi au malaise dans l’Éducation nationale. Mais bof, 10 sur 20, peut mieux faire.