La Tribune de Lyon

Le coiffeur intimiste

- ROMAIN DESGRAND

Pointure de la coiffure, Geoffrey Martinez a ouvert un salon confidenti­el sur le Plateau.

es grandes vitres ont été occultées pour ne rien laisser transparaî­tre. Il faut d’abord sonner et patienter sur le trottoir avant de voir émerger une longue silhouette perchée sur des santiags noires. L’été dernier, Geoffrey Martinez a posé ses ciseaux au 10 rue Duviard ( Lyon 4e), mais l’espace ressemble plus à un appartemen­t qu’à un salon convention­nel. Il partage d’ailleurs le lieu « en colocation » avec son meilleur ami, le coiffeur Mickael Oudbib. Et quand il constate que l’effet « comme à la maison » fonctionne, le coloriste de 28 ans esquisse un sourire. « Mes clients, c’est un peu ma deuxième famille. J’aime que ce soit no stress, prendre vraiment le temps » , assure- t- il. « Entre le moment où vous entrez et celui où vous en sortez, vous ne croisez personne d’autre. C’est un moment pour vous » . Difficile d’imaginer que, dans l’ère pré- Covid, l’artiste qui a déjà officié à la Fashion

LWeek et au Festival de Cannes, passait ses journées à courir dans le grand salon du 6e arrondisse­ment qu’il a fini par quitter pour ce nouveau cadre douillet.

Le sens du spectacle. Juste avant son installati­on croix- roussienne, Geoffrey s’est offert une parenthèse en montant sur les planches du cabaret Oh Paradis en bas des Pentes. Car l’entreprene­ur aurait pu avoir une tout autre vie. Passé par le conservato­ire, le chanteur lyrique et violoncell­iste avait un chemin tracé pour la scène avant de tomber sous le charme d’un autre métier lors d’un stage réalisé au collège. « La coiffure me donne le moyen de m’exprimer artistique­ment, lancet- il. Mais ce qui me plait le plus c’est le regard que la cliente pose sur elle à la fin. Ce moment à part où elle se dit :

“Wow je me sens vachement bien”. » L’enfant de Montbéliar­d — « Le pays de la saucisse et des horloges ! » — a rapidement gravi les échelons en intégrant la maison Schwarzkop­f à 19 ans. D’assistant, il devient ambassadeu­r internatio­nal, fonction qu’il occupe encore aujourd’hui. Le sens du spectacle ne l’a cependant jamais vraiment quitté et continue de l’animer lorsqu’il orchestre des shows pour la grande marque allemande, comme celui de Buenos Aires qui a rassemblé 10 000 personnes en 2019. Pour la suite, Geoffrey fait le choix de se laisser porter. « Je prévois très rarement l’avenir. Mais quand on me propose un projet, je saute souvent sur l’occasion. Je suis vraiment un “Yes man” ! » .

MG Corporatio­n, 10 rue Duviard, Lyon 4e. instagram. com/ anothertal­e25

Il a failli vivre à la CroixRouss­e à son arrivée à Lyon

( « l’appartemen­t m’est passé sous le nez » ) , mais Geoffrey a finalement posé ses valises à Villeurban­ne. Sur le Plateau, vous le croiserez peut- être Aux Trois Cochons, une institutio­n où il adore se rendre pour boire un verre, à L’Assiette du vin ou chez Copains copines sur la colline, trois adresses situées dans la rue de son salon. Son coup de coeur ? Le brunch chez Copper Roots, rue Dumont d’Urville.

« J’aime que ce soit Prendre vraiment le temps. »

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