La Tribune de Lyon

Les habitants vent debout face au projet de constructi­on de trois immeubles

- ROMAIN DESGRAND

oilà bien longtemps qu’une réunion publique n’avait pas mobilisé autant de monde dans la grande salle de la Maison des associatio­ns Robert- Luc. La semaine dernière, Grand Lyon Habitat ( GLH) organisait une rencontre avec les habitants pour présenter le projet de densificat­ion du quartier Pernon, où trois immeubles doivent bientôt sortir de terre en grignotant de l’espace sur le parking. Et c’est peu dire que les échanges furent incisifs. Dans cet îlot où se dresse déjà un ensemble de logements sociaux, l’implantati­on de 66 nouveaux appartemen­ts à prix « abordable » se heurte à une vive opposition des habitants des tours existantes. Il y a d’abord eu les huées dès l’introducti­on, puis les salves de critiques tout au long de la soirée. Petit florilège des délicatess­es entendues : « Mettez- les ailleurs ! » , « On ne veut personne d’autre ! » , « En densifiant comme vous le faites, attendez- vous à ce qu’il y ait deux fois plus de grabuge et de points de deal » , « Il ne faut pas nous faire rêver, on n’est pas naïfs » … Les élus et les représenta­nts de GHL ont dû redoubler d’efforts pour tenter d’apaiser la colère de l’assemblée. « Aujourd’hui, il y a dix demandes de logement social pour une seule de satisfaite » , a tenté d’expliquer Renaud Payre, vice- président de la Métropole en charge de l’Habitat, insistant sur le besoin criant d’un renforceme­nt

VAvec les nouvelles constructi­ons, le nombre de places de stationnem­ent en surface devrait passer de 227 à 176. Un volume que GLH juge suffisant après avoir mené une étude sur le nombre de ménages possédant une voiture. Lors de la réunion publique, une habitante a également dénoncé le risque d’abattage d’arbres centenaire­s. de l’offre. Autre argument : « Dans notre métropole, dans cet arrondisse­ment, on n’arrive plus à se loger. » Sans succès.

La guillotine ou la hache. La pilule a d’autant plus de mal à passer que bon nombre de locataires des tours dénoncent un délabremen­t des logements existants ( humidité, chauffage à l’arrêt, pannes d’ascenseur à répétition, etc.) et auraient préféré un premier projet de rénovation. « On voit ces tours se dégrader et une mixité sociale qui est en train de flamber. Avant de penser à de nouvelles constructi­ons, il fallait régler ces problèmes en amont » , a lancé une représenta­nte du comité des locataires. Un dernier point a fini d’exaspérer les riverains : seuls des « détails » comme l’aménagemen­t des espaces extérieurs restent à « coconstrui­re » . « Avec vous, c’est le choix entre la guillotine ou la hache, s’est emportée une voix dans l’assistance, coupant la parole à Rémi Zinck, maire du 4e. Vous essayez de nous faire choisir la couleur de l’herbe alors qu’on ne veut pas du projet. » Des ateliers de concertati­on se tiendront jusqu’en juin et la sélection d’un projet architectu­ral est envisagée au premier semestre de l’année prochaine. Les travaux devraient débuter au premier semestre 2024 pour une durée de trois ans.

Les trois immeubles accueillan­t les 66 logements seront placés à une distance minimale de 15 mètres des bâtiments existants. L’offre de logement se veut « diversifié­e » avec des logements locatifs sociaux dans le cadre d’une résidence intergénér­ationnelle avec des habitats adaptés aux personnes âgées, une collocatio­n pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, des logements en accession sociale via le bail réel solidaire ( habitat coopératif à l’étude) et des logements en locatif libre en partenaria­t avec la SACVL.

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