La Tribune de Lyon

La trattoria de Gerland- sur- mer

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n ne dira pas de mal des frères Jean et Pierre Nobile, non seulement parce qu’ils sont d’origine sicilienne, ce qui dans l’imaginaire collectif est symbole de risque élevé. Mais aussi, et surtout, parce que leurs établissem­ents, désormais sept, poussent vers la haute qualité des produits. On rappellera simplement le succès de Casa Nobile ( Lyon 2e), dont les fameux antipasti et pizzas provoquent d’incroyable­s files d’attente comme on voit peu ailleurs, sinon le jour des soldes à la Part- Dieu. Le tout nouveau Nobile Mare, un gros navire, se présente comme une trattoria tournée vers les produits de la

Omer. Un esprit en phase avec l’ancien propriétai­re, Jols, qui était une sorte de retour de marée en ville. Il faut déjà y aller pour le cadre, qui a perdu ses couleurs bleu poissonner­ie pour une atmosphère plus chaleureus­e plantée d’oliviers, baignée par la lumière zénithale des verrières de l’ancienne halle. Ne vous laissez pas entraîner par votre enthousias­me devant une carte riche qui donne envie de tout choisir. La succession traditionn­elle antipasti, insalate, primi piatti ( les pâtes), secondi piatti et dolci ( les desserts) est impossible à réaliser, à moins d’avoir des dons pour le marathon. Les plats sont généreux, tropisme mamma à famille nombreuse. On a gentiment commencé par les antipasti de légumes, faits à la casa, heureuseme­nt exfiltrés de l’ambiance huileuse qui caractéris­e trop souvent cette entrée ( à partager ou pas, quoique la portion unique taille déjà large). Lamelles de courgette et d’aubergine, purée de tomates confites, fenouil et printanièr­e petite asperge verte font oublier les longs potirons de l’hiver. On a aussi goûté la soupe de moules à la sicilienne, jouxtant une salade de poulpe, un fritto misto et de la burrata. Le gros monticule de coquilles semble vouloir s’échapper de l’assiette.

Une fois l’ordre rétabli, arrivé au fond, la soupe fait preuve d’un agréable tempéramen­t ( « tomaté » et mar in). Comme cel le qui accompagne le couscous de la mer ( ce jour- là du bon mérou). Sicile natale oblige, une partie des plats en est issue, comme les penne à la norma ( aubergine, ricotta, basilic), le couscous ou les cannoli au dessert ( des tubes croustilla­nts à la ricotta, un de nos desserts italiens préférés). On a trouvé que l’espadon, un poisson que l’on trouve sur tous les étals en Sicile, était légèrement trop cuit. Ce sont les aléas du grill, qui sert de mode de cuisson unique pour les « seconds plats » : thon, maquereau, poulpe, dorade, rougets ou bar. Là- dessus, un petit vin vif de l’Etna, et tout va.

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