La Tribune de Lyon

« Pour comprendre, il faut regarder d’où je viens : je suis un ancien cancre »

- PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID GOSSART

Le patron du groupe hôtelier Les Aubergiste­s lyonnais ( hôtels Le Globe & Cecil, Le Simplon, Le Phénix) est parti 33 jours au Népal en octobre dernier, laissant ses 70 salariés en totale autonomie. Pour cet ancien « cancre » , une manière d’être premier de cordée autrement, d’assumer un regard marginal dans une profession souvent régie par le « chef, oui, chef » .

Partir 33 jours en sortie de crise sanitaire et laisser son entreprise derrière soi peut sembler contre- intuitif… Pourquoi faire ça ?

Loïc Renart : « Parce que comme vous l’avez dit, c’est contre- intuitif, et c’est ce qui m’attire. Et parce que mon job, je le fais à l’extérieur davantage qu’ici. Pour comprendre, il faut regarder d’où je viens. Je suis un ancien cancre, mais un “gentil cancre” bourgeois. J’ai loupé mon brevet des collèges et dans mon milieu, on n’avait pas vraiment le droit de le dire. J’ai mis du temps à comprendre que ce n’est pas le gamin qui est en échec dans ces situations, mais le système. J’ai vu récemment un reportage qui s’appelle Cancre ? justement : c’était comme si on mettait un mot sur un traumatism­e que je ne m’avouais pas.

Une étiquette de cancre qu’il est dur de détacher, non ?

Mon milieu m’a permis d’avoir du temps, mes parents m’ont apporté de l’amour. Le hasard fait que je me suis accroché, car j’aurais pu finir fils à papa. J’ai fait deux BTS, l’apprentiss­age a été une révélation. Et en 2013, le CJD ( Centre des jeunes dirigeants d’entreprise) m’a demandé d’être son président. C’était surréalist­e, moi qui souffrais encore d’un syndrome de l’imposteur ! C’est à cette période que j’ai assumé que je fonctionna­is différemme­nt. Depuis mes 12 ans, je partais avec mon père en ski de randonnée et j’ai toujours rêvé d’être guide de haute montagne. Derrière le rêve de montagne du gamin, c’était le rêve d’être leader d’un projet, d’embarquer des gens dans une aventure.

D’être premier de cordée, même si l’expression est connotée aujourd’hui…

Non, elle est belle, je suis un vrai premier de cordée dans ma vie profession­nelle. Mais je suis un super second en montagne, j’adore être derrière un guide, être dans son pas. Ça me remet dans des postures d’humilité. En escalade, le même pas effectué en premier de cordée ou en second, je peux vous assurer que ce n’est pas du tout la même sensation. C’est une superbe inspiratio­n.

« Mais Le Phénix est déjà en travaux, avec un hôtel à ouvrir, 15 recrutemen­ts à effectuer. On va déjà se réacclimat­er et se poser ! » , tempère le chef d’entreprise qui avait participé à une manifestat­ion « pour la première fois de ma vie » fin 2020, contre le deuxième confinemen­t.

 ?? ?? jusqu’à ses 20 ans, n’a jamais habité qu’à l’hôtel, celui qu’il reprendra en 2009 à sa mère.
Le Comptoir Cecil potatoes
Il a fait des études d’ingénieur à Lille à l’Institut supérieur d’agronomie, a travaillé en aménagemen­t paysager puis en entreprise d’insertion, ne rejette pas l’idée de voir le groupe un jour continuer à grossir, en passant par exemple par de nouvelles locations- gérances en région lyonnaise.
jusqu’à ses 20 ans, n’a jamais habité qu’à l’hôtel, celui qu’il reprendra en 2009 à sa mère. Le Comptoir Cecil potatoes Il a fait des études d’ingénieur à Lille à l’Institut supérieur d’agronomie, a travaillé en aménagemen­t paysager puis en entreprise d’insertion, ne rejette pas l’idée de voir le groupe un jour continuer à grossir, en passant par exemple par de nouvelles locations- gérances en région lyonnaise.

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