La Tribune de Lyon

Présidenti­elle : rien n’est figé

- LILIAN RENARD RÉDACTEUR EN CHEF @ lilian_ renard

L'animal politique français n’aime rien tant que les soubresaut­s d’isoloir, logiques déjouées en un dimanche de printemps. Les 10 et 24 avril, il pourrait ainsi trouver utile de défaire un scénario trop ficelé. Que produira son indiscipli­ne sondagière ? Dans un trio de tête comme un jeu de bonneteau, les positions peuvent encore bouger.

Installé en favori au nom de la stabilité dans les crises et d’un costume déjà ajusté de président, choisi pour son profil « modéré » face à des rivaux tout en bruit et fureur, Emmanuel Macron dispose certes d’un socle stable et d’un bilan. Mais pour l’heure défendu sans élan et sans aucun effet contre les colères. Or il existe toujours un risque lié à l’atonie, même en se démenant par temps de guerre. Marine Le Pen pense même en tirer parti, imaginant déjouer le pronostic de sa défaite inéluctabl­e et laver l’affront de son pitoyable débat de 2017. Elle a pour cela mené une campagne édredon, tenté d’étouffer les peurs qu’elle suscite. Et même trouvé un merveilleu­x allié en Éric Zemmour, dont les saillies et outrances identitair­es la feraient presque passer pour raisonnabl­e. C’est le pari lepéniste d’un deuxième tour dédiabolis­é et d’un éclatement du front républicai­n. Mais le naturel finit par revenir ; aussi devrait- elle se garder d’enjamber le premier tour.

Pour en forcer les portes et ne pas avoir à esquiver ce front finissant, Jean- Luc Mélenchon parie sur un trou de souris. Le réflexe d’un vote utile à gauche le porte et qu’importe alors ses rapports à la Russie de Poutine et les accommodem­ents qui auraient dû le pénaliser. L’équilibris­te peut- il convoiter le second tour ? Qui sait, même s’il ne reste guère de voix à siphonner dans le fond du verre socialiste déjà bien vide ni parmi les plus indéfectib­les des communiste­s.

Et sans doute pas plus chez les Verts, dont le leader Yannick Jadot a justement ciblé l’insoumis. Contre son offre utile, il opposera le vote efficace, défendra que l’écologie majoritair­e dans les esprits doit éclore dans les urnes. Là encore, l’air du printemps peut souffler, réalimente­r la campagne verte ou l’atrophier plus encore. Tout cela se décantera ces prochains jours, comme l’avenir de la droite républicai­ne selon que Valérie Pécresse restera scotchée autour des 10 % ou retrouvera de l’air. Il reste finalement beaucoup de choses à jouer.

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