La Tribune de Lyon

« Dans cette crise, on a tous perdu des points de bien- être mental »

Si la pandémie a parfois eu de lourdes conséquenc­es sur la santé mentale des Français, elle a aussi mis en lumière la fragilité d’un secteur déjà souffrant. Services débordants, pénurie de personnel, manque de reconnaiss­ance. La psychiatri­e semble aujourd

- PROPOS RECUEILLIS PAR IRIS BRONNER Nicolas FRANCK

Durant le premier confinemen­t de 2020, vous avez écrit l’ouvrage Covid- 19 et détresse psychologi­que. 2020 l’odyssée du confinemen­t sur l’impact du confinemen­t sur la santé mentale des individus. Deux ans plus tard, est- ce qu’on peut dire que ça va mieux ? Nicolas Franck: « En moyenne, j’ai l’impression que ça va plutôt mieux. Il faut savoir que durant cette crise, nous avons tous perdu des points de bien- être mental, vous, moi, tout le monde. La crise génère du stress et le stress révèle toutes les fragilités dans le domaine de la santé mentale. Si vous avez une fragilité anxieuse, vous êtes plus anxieux ; si vous avez une fragilité dépressive, vous êtes plus dépressif. Certains jeunes ou enfants ont vécu presque toutes leurs années lycée ou toute leur crèche avec les masques. Il y a aussi eu la désorganis­ation de l’alimentati­on et du sommeil. À travers notre grande enquête réalisée auprès de 30 000 personnes, on a constaté que ce n’est pas seulement la dureté des restrictio­ns, mais surtout la succession des événements et la longueur de la crise qui ont impacté la santé mentale des gens.

La guerre en Ukraine ne risque- t- elle pas de peser encore plus sur le moral ?

C’est vrai qu’il y a, depuis quelques années, une succession de crises qui sont des facteurs d’anxiété et de stress. Concernant la guerre en Ukraine, l’anxiété est amplifiée par cette proximité géographiq­ue du conflit et par la forte connexion inhérente aux réseaux sociaux. On partage la souffrance de chaque individu. Je la ressens moi- même. Malgré tout, il faut essayer de prendre du recul et de se tourner vers le positif.

Comment réussir à positiver en ce moment ?

Je promeus la thérapie du bien- être, la relaxation, l’activité physique, le fait de manger sain… J’ai donné ces conseils dans mon livre à l’époque du confinemen­t, ils restent bien sûr valables. Il ne faut pas tout miser sur les profession­nels. C’est important que les gens puissent s’aider eux- mêmes, réfléchir à l’impact de ces crises. Il ne faut pas penser qu’il y a ceux qui sont souffrants et ceux qui vont bien, chacun devrait se poser cette question : est- ce que la pandémie a eu un impact sur moi ?

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