La Tribune de Lyon

Mia Habis et Omar Rajeh : « Diriger la Maison dela danse va au- delà des aspects culturel et artistique »

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHILDE BEAUGÉ

À la suite du départ de Dominique Hervieu de ses postes de directrice de la Maison de la danse et de codirectri­ce de la Biennale de Lyon fin février, on ne connaissai­t le nom que d’un seul candidat à sa succession. Cinq autres sont venus s’ajouter à celui de Mourad Merzouki ce jeudi 24mars, après une présélecti­on du jury. Parmi eux, le duo de danseurs et chorégraph­e Mia Habis et Omar Rajeh, originaire­s du Liban et installés à Lyon depuis trois ans à la tête de la compagnie Maqamat. Rencontre.

Quels ponts construise­z- vous entre Beyrouth et Lyon ?

En 2020, pendant le confinemen­t, nous avons créé une plateforme numérique, citerne. live. Elle nous a permis de retransmet­tre les événements filmés à Beyrouth, mais aussi dans d’autres endroits, et de créer un partenaria­t avec les Subsistanc­es. Cette année, on organise la 18e édition du festival avec cette structure et le Centre national de la danse de Lyon. On a construit un programme début mai à Lyon et fin mai à Beyrouth. Lyon est une ville extrêmemen­t dynamique, à de nombreux niveaux. Elle nous rappelle un peu Beyrouth.

Pourquoi cette envie de prendre la succession de Dominique Hervieu aujourd’hui ?

Quand on a reçu cet appel, on n’a pas tout de suite pensé à envoyer notre candidatur­e, ça nous a pris du temps. À Lyon et en France, certaines personnes nous ont encouragés à y aller, ça a fait son chemin et on s’est dit qu’on avait notre chance. On a écrit notre note d’intention un peu avant la date limite, avec beaucoup de réflexion, mais aussi beaucoup de passion. Avec notre festival Bipod, on tisse des liens avec Beyrouth mais pas seulement ; notre plateforme numérique nous a donné des opportunit­és à l’internatio­nal. Rencontrer la scène locale nous intéresse beaucoup. Ce qu’on veut, c’est contribuer au rayonnemen­t de Lyon, car on le porte dans notre coeur.

Que pouvez- vous nous dévoiler de votre projet pour cette direction ?

Diriger la Maison de la danse représente une grande responsabi­lité, car cet espace va au- delà des aspects culturel et artistique. Il y a aussi une dimension humaine et sociale : il est impossible de séparer l’art des préoccupat­ions sociales et politiques qui nous entourent. Dans l’héritage de Dominique Hervieu, nous souhaitons une maison ouverte à tous, innovante et engagée. Notre idée est d’impliquer l’art et la danse dans des préoccupat­ions politiques globales, et de repenser la culture.

Vous êtes le seul duo dans les candidatur­es. Comment allezvous travailler ensemble ?

Nous avons toujours travaillé ensemble, depuis plus de 15 ans. Symbolique­ment, être à deux véhicule une image de parité, d’égalité. Diriger la Maison de la danse et la Biennale est un travail gigantesqu­e, c’est important d’avoir le temps de penser et de ne pas être englouti sous une montagne de tâches administra­tives. Travailler à deux permet une répartitio­n de la charge des responsabi­lités. Nous sommes souvent d’accord, mais quand on n’est pas d’accord c’est encore mieux. Ça crée le débat entre nous. Notre mode de travail fonctionne bien depuis 15 ans : « Si tu n’es pas d’accord, convaincs- moi ! » Ça nous met dans une attitude vis- à- vis de l’autre qui est plus ouverte, moins braquée. Pour une grosse équipe, pouvant aller jusqu’à quelques centaines de personnes pour la Biennale, un binôme peut être inspirant.

 ?? ?? Le duo lyonnais est aussi programmé cette année à la Biennale d’art contempora­in. Ils y présentero­nt Walking in Wrinkles, une installati­on vidéo interactiv­e autour du corps.
Le duo lyonnais est aussi programmé cette année à la Biennale d’art contempora­in. Ils y présentero­nt Walking in Wrinkles, une installati­on vidéo interactiv­e autour du corps.

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