Trois questions à : Thierry Mandon,
Quelles sont les nouveautés de cette édition 2022, la première post- Covid ?
La Biennale se caractérisait jusque- là par une offre d’expositions sur trois semaines qui bénéficiaient surtout aux Stéphanois et aux Ligériens, qui représentaient environ 75 % de notre public. Cette Biennale, évidemment, reste la leur. Mais nous avons souhaité l’ancrer plus largement dans son territoire régional et aussi l’étendre dans le temps. Elleva durer quatre mois désormais. Pour trouver l’occasion de venir dans les trois semaines de la Biennale, il fallait vraiment être un accroc du design. Là, on développe l’offre, on en fait un outil d’attractivité culturelle. Et puis on a pensé certaines expositions pour un public plus large, on va montrer des choses sur l’évolution de l’habitat, la voiture, les objets connectés. On retraite également le site et la proposition, avec des lieux gratuits pour les enfants, lacabane du design qui leur est destinée, un skatepark.
Les crises nous imposent les « bifurcations » que cette édition décrypte. Dans quels domaines ces grandes ruptures sont- elles déjà identifiées par le design ?
Des mouvements sont accélérés par les crises. C’est le cas pour l’habitat domestique, notre rapport à l’intérieur par exemple. L’évolution du partage des tâches changeait déjà les usages, façonnait différemment les pièces et leur équipement.
Les usages s’élargissent désormais au travail, que l’on a importé chez soi avec la crise sanitaire.
Ce sont ces changements, ces bifurcations que la Biennale explore. Sur ces sujets, le design a parfois un temps d’avance, est prédictif. Un autre exemple de bifurcation à l’oeuvre tourne autour du rapport à l’autre. Pensait- on que le masque allait devenir cet objet incontournable et que la façon de se dire bonjour changerait à ce point? Et puis, bien sûr, il y a toute l’interrogation autour de la durabilité. On présente cette exposition extraordinaire, Maison Soustraire, pour laquelle la designer a enlevé chaque jour un objet de son quotidien dont elle pensait pouvoir se passer. Cela nous interroge sur ce qui est essentiel, ce dont nous avons vraiment besoin.
Avec le projet de développement de la Cité du design 2025, la promesse d’aider le territoire stéphanois à se réinventer, à rebondir après les crises peut- elle enfin être tenue ?
C’est une belle promesse et il faut en être à la hauteur. Pour cela la Cité va encore se rénover et grandir, s’imposer plus encore dans le territoire et devenir un lieu de référence, mieux, un mode de vie. On va refaire des bâtiments d’exposition, proposer une galerie du design permanente, agrandir l’école, construire un hôtel, des bars et restaurants, installer une partie de l’université et une médiathèque… C’est aussi une grande bifurcation et cela permettra, oui, d’aider à l’attractivité du territoire. En 2025, avec la Métropole, on aura bâti un quartier créatif ouvert à tous et en permanence.