Espionnage à la Région : un agent seul face aux juges
La montagne politique a accouché d’une souris judiciaire. Cinq ans après le scandale d’un espionnage interne à la Région AuvergneRhône- Alpes, l’enquête préliminaire vient de se solder par le renvoi d’un fonctionnaire régional devant le tribunal correctionnel de Lyon, selon la récente décision du parquet. Benoît D., 52 ans, doit être jugé prochainement pour « atteinte au secret des correspondances par voie de télécommunication » . L’ancien directeur des systèmes d’information ( DSI) de la collectivité est le seul à répondre des présumées pratiques de surveillance de courriers électroniques, fin 2015, en fin de mandat de Jean- Jack Queyranne, prédécesseur PS de Laurent Wauquiez. Aujourd’hui en poste en Occitanie, l’ingénieur nie toute faute intentionnelle. Il affirme avoir agi sur ordre de son supérieur hiérarchique : Philippe de Mester. Défendu par le pénaliste Frédéric Doyez, Benoît D. ne semble pas réfuter le rôle du lampiste et pourrait citer l’ancien directeur général des services ( DGS) à la barre, pour tenter de faire comprendre aux juges qu’il n’avait aucun intérêt personnel à espionner agents et élus via un accès illimité à leurs boîtes électroniques. Selon l’enquête, ce dispositif mis en place en pleine campagne électorale visait à détecter les sources d’information du journaliste Gérard Angel, redoutable chroniqueur de la vie politique lyonnaise.
« Je ne me souviens pas d’une telle consigne » , a répété Philippe de Mester dans son audition et en confrontation avec son ancien responsable informatique. Nommé préfet de la Somme, puis directeur général de l’Agence régionale de santé ( ARS) en PACA, l’ancien DGS de RhôneAlpes avait pourtant déjà pratiqué la traque informatique lorsqu’il était directeur général de l’Opac du Rhône, entre 2010 et 2012. L’enquête révèle qu’un employé de l’Opac a été licencié pour avoir signalé anonymement au tribunal administratif des anomalies dans un marché public. Il a été retrouvé par le traçage des appels téléphoniques.