La Tribune de Lyon

« Je n’ai pas envie d’être celui qui embête les forains »

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Quels sont les enjeux du marché qui doit remplacer celui de Grandcléme­nt ?

« Les règles juridiques nous imposaient la création d’un nouveau marché et donc de ne pas prendre en compte les forains de Grandcléme­nt, ce qui les aurait fragilisés. Nous aurions pu ne pas le faire. Le droit protège assez mal les forains et j’étais prêt à y déroger et créer une jurisprude­nce pour trouver une solution. Nous voulions prendre en compte leur situation. Qu’on essaye de me faire dire le contraire, ça me heurte, car ce n’est pas conforme à ce que nous faisons. Je suis très attaché à nos beaux marchés populaires.

Combien y a- t- il de places pour les forains ?

C’est une équation complexe car il faut à la fois rester proche de Grandcléme­nt, avoir suffisamme­nt de disponibil­ité foncière et faire accepter le marché aux riverains. Nous avons gardé 32 dossiers sur une cinquantai­ne. Il n’y avait pas assez de places pour tout le monde, donc nous avons mis en place une cellule pour les replacer ailleurs.

Des forains n’acceptent pas la manière dont s’est déroulé l’appel à candidatur­es et jugent que vous n’avez pas respecté l’ancienneté dans l’attributio­n.

Quels étaient vos critères ? Nous avons pris en compte l’ancienneté, mais ce n’était pas le seul critère. Nous avons considéré la diversité, pour ne pas avoir que des fruits et des légumes, mais aussi des poissonnie­rs et des fromagers. L’autre critère, c’est la complétude des dossiers : l’assurance des véhicules, les pièces administra­tives. Nous avons proposé de faire des permanence­s pour les aider, mais certains forains n’ont pas souhaité y participer.

Le collectif Grandcléme­nt a déposé une requête pour contester la manière dont s’est passée cette sélection… Entendons- nous bien : la sélection des dossiers s’est déroulée de telle sorte qu’il y ait une totale traçabilit­é en cas de contentieu­x.

Depuis, ils n’ont pas pu participer aux réunions… Jusqu’à présent, on avait accepté que le collectif fasse partie de la commission générale des marchés. J’y tenais, mais il y avait une sorte de fragilité juridique car il ne s’agit pas d’un syndicat. Tant qu’on était dans l’amiable, je pouvais accepter de déroger à la loi. Dès lors que cette requête a été déposée, je me devais de ne pas fragiliser la solidité juridique des accords à venir et respecter la loi.

Les conditions qui encadrent l’activité des forains changent. Comment vous êtesvous adapté ?

C’est un métier de plus en plus compliqué à exercer. Il y a de nouvelles exigences par rapport au recyclage, à l’eau par exemple. Je suis tenu par le législateu­r de faire appliquer la loi même si je n’ai pas envie d’être celui qui embête les forains. Nous étions prêts à aller assez loin dans la compensati­on des pertes. Nos marchés sont des lieux de sociabilit­é. C’est important. Avec nos équipes municipale­s, nous faisons très attention car les conséquenc­es de nos décisions peuvent priver certains d’emploi. »

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