C’est pas du Bergman
The Northman. La vengeance comme destinée
Islande, en l’an 895. Le roi slave Aurvandil ( Ethan Hawke) est de retour de combats, pillages et autres viols. Sa femme Gudrún ( Nicole Kidman) lui propose de passer à la phase repos du guerrier. Mais Aurvandil préfère aller chez le sorcier initier son jeune fils Amleth ( de la drogue à l’âge de 5 ans !) afin de préparer sa succession. Bien lui en prend. Son propre frère, l’ombrageux Fjölnir, le décapite après l’avoir transformé en hérisson à coups de flèches. Il enlève sa veuve et détruit le village, comme semble être l’usage avant la convention de Genève. Le jeune fils échappe de peu à la mort et jure vengeance. Adopté par une tribu de pillards vikings, il oublie peu à peu sa promesse. Mais une sorcière aveugle ( Björk), habillée par un styliste dément, lui rappelle que le destin n’est pas négociable. La première idée est que le scénario est honteusement volé à Shakespeare. En fait, c’est l’inverse. Shakespeare s’est inspiré d’une légende nordique pour créer Hamlet, fluet, indécis et mélancolique, qui se fait passer pour fou afin de ne pas assumer sa destinée. L’original est beaucoup plus rustique et peu porté vers la philosophie. Gaulé comme Conan le Barbare, il s’empare de l’épée de la nuit ( elle ne marche pas la journée), une arme magique assoiffée de sang. Il trouve son beau- père devenu fermier au pied d’un volcan, au milieu de paysages extraordinaires. Violent, épique, cauchemardesque, nocturne, outrageusement esthétique, ce film donne toutefois envie de passer des vacances en… Écosse, où il a été tourné.
De Robert Eggers.
Genre : on ne fait pas d’Hamlet sans casser des oeufs. États- Unis, Grande- Bretagne. 2 h 17. Avec Alexander Skarsgård, Nicole Kidman, Claes Bang.