Mathilde GALLAY- KELLER « Pour éviter les pandémies, il faut prendre soin de l’ensemble du vivant »
Aux côtés de l’exposition sur l’amour ou des photographies d’animaux sauvages, le musée des Confluences déploie, à Lyon dès le 12 avril, un nouveau parcours consacré au phénomène des épidémies. Pour plonger à travers l’Histoire et mieux comprendre le fonctionnement des virus,
a déjeuné avec la chercheuse et anthropologue Mathilde Gallay- Keller.
Tribune de Lyon
À peine quatre ans après la pandémie de Covid, les historiens commencent à se pencher sur cet épisode de notre société moderne. C’était le bon moment pour que cette expo voie le jour ? Mathilde Gallay- Keller : « En réalité, elle a été envisagée avant la Covid. Je travaille depuis deux ans avec un comité scientifique composé d’historiens et d’anthropologues, et on s’est demandé s’il fallait intégrer la pandémie ou non. On a finalement fait le choix de juste l’évoquer en début de parcours pour se concentrer sur un fil historique. Chacun arrivera avec son vécu de la pandémie et pourra ainsi faire des parallèles : il y a des mécanismes qui se répètent…
Lesquels par exemple ?
Les épidémies, bien sûr, sont un phénomène biologique, ce sont des bactéries ou des virus qui vont venir infecter les corps collectivement, mais ce sont aussi des phénomènes sociaux. En amont, par les actions quotidiennes des humains : faire commerce, se déplacer, domestiquer des animaux… En aval, on peut avoir des réactions très négatives face aux épidémies, par exemple l’inquisition au temps de la Peste noire ou la forte stigmatisation de certaines communautés au moment du sida dans les années 1980. À l’inverse, on observe aussi des réactions très positives lorsqu’on cherche à combattre les épidémies. L’exposition retrace cette quête de solutions.
Sur quelles périodes vous êtes- vous penchés ?
On n’aborde pas toutes les épidémies, mais plusieurs qui ont été vraiment marquantes pour les humains : la peste dans l’Antiquité puis la Peste noire au Moyen Âge jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Maintenant avec la Covid on a le sentiment qu’une pandémie est forcément hyper rapide, mais ça n’est pas toujours le cas. Il y a de grandes épidémies qui sont devenues des pandémies à l’échelle globale, comme la variole ou la peste qui se sont étalées sur des centaines d’années. Au fil du temps, les sociétés ont appris à vivre avec.
L’expo rappelle que la deuxième épidémie de peste a provoqué 52 millions de morts. La Covid ferait presque pâle figure à côté…
On est ime que la première vague hyper