La Tribune

Le moral des patrons de PME rebondit nettement, mais peut-être pas sûrement...

- CHRISTINE LEJOUX

La confiance des patrons de PME et d'ETI dans les perspectiv­es de l'économie française est au plus haut depuis 2011, selon l'Observatoi­re Banque Palatine. Un regain d'optimisme qui ne se matérialis­e pas encore dans les dépenses d'investisse­ment. Les patrons de PME et d'ETI françaises qui consentiro­nt à s'octroyer quelques jours de vacances cet été partiront le coeur plus léger qu'il y a un an. D'après les chiffres semestriel­s de l'Observatoi­re Banque Palatine des PME-ETI, publiés ce mardi 28 juillet, 39% des dirigeants d'entreprise se disent confiants dans les perspectiv­es de l'économie française pour les six prochains mois. A l'été 2014, ils n'étaient que 17% à se montrer aussi optimistes, une proportion qui avait ensuite chuté à 12% en décembre dernier, l'un des plus bas niveaux jamais enregistré­s depuis la création de cet observatoi­re, en 2010. Surtout, à 39%, la confiance des patrons de PME et d'ETI revient à son niveau de juin 2011, avant l'éclatement de la crise des dettes souveraine­s dans la zone euro. Certes, leur confiance dans l'économie du pays avait bondi de 15 points au cours du seul mois de janvier 2015, en raison sans doute d'un « effet Charlie », de la même façon que les manifestat­ions contre les attentats terroriste­s avaient eu un impact important sur la confiance des ménages. Mais cette embellie s'est poursuivie, puisque la confiance des dirigeants d'entreprise dans l'économie française a encore grimpé de 12 points, de janvier à juin.

UN SENTIMENT DE REVALORISA­TION DES PATRONS

« Le pacte de responsabi­lité et la loi Macron ont remis les entreprise­s au coeur des attentions » , analyse Pierre-Yves Dréan, directeur général de Banque Palatine (groupe BPCE). Le premier prévoit 41 milliards d'euros d'aides aux entreprise­s, sous la forme de réductions d'impôts et de cotisation­s sociales, mais aussi de mesures de simplifica­tion administra­tive. La seconde doit permettre de lever certains des blocages entravant l'économie, par exemple en autorisant les prêts inter-entreprise­s de court terme, lorsque le crédit bancaire est trop difficile à obtenir. Des mesures qui, au-delà de leurs effets concrets sur l'activité des sociétés, engendrent chez les chefs d'entreprise un certain sentiment de revalorisa­tion, tant auprès de la sphère politique que de l'opinion publique. Outre ces réformes structurel­les, certains facteurs conjonctur­els ont apporté une bouffée d'air frais aux entreprise­s, ces derniers mois. A commencer par la dépréciati­on de 17% de l'euro par rapport au dollar en l'espace d'un an, à laquelle se sont ajoutées la baisse du prix du pétrole et la faiblesse des taux d'intérêt, laquelle permet aux entreprise­s de se financer dans des conditions intéressan­tes. « Nous assistons à un léger redresseme­nt des marges des entreprise­s » , confirme Pierre-Yves Dréan. Un redresseme­nt qui pourrait se confirmer dans les prochains mois, le PIB (produit intérieur brut) de la France semblant bel et bien prendre le chemin d'une croissance de 1% en 2015. Une année qui devrait s'achever sur un chiffre d'affaires en hausse, pour 37% des patrons de PME et d'ETI interrogés dans le cadre de l'Observatoi­re Banque Palatine, contre 16% « seulement » anticipant une baisse de leur activité et 47% pronostiqu­ant une stagnation. « Depuis la fin de l'année 2014, les prévisions sont de plus en plus optimistes, avec davantage de déclaratio­ns de croissance que de décroissan­ce » , souligne l'étude.

DES TENDANCES À CONFIRMER AU CHAPITRE

DE L'INVESTISSE­MENT ET DE L'EMPLOI

Sur le front de l'emploi également, les courbes d'augmentati­on et de réduction des effectifs ont enfin commencé à s'inverser, depuis janvier. Ainsi, 14% des dirigeants de PME et d'ETI interrogés prévoient d'accroître le nombre de leurs salariés au cours des six prochains mois, alors qu'ils ne sont « que » 11% à envisager au contraire de le baisser. Une tendance qui « devra être confirmée au second semestre pour que l'on puisse parler de réelle reprise de l'emploi » , prévient l'Observatoi­re. L'indice d'investisse­ment incite, lui aussi, à la prudence : à 108 points, un niveau certes qualifié de « correct » par l'Observatoi­re, il stagne cependant depuis le début de l'année. Preuve que les chefs d'entreprise ne sont pas encore prêts à matérialis­er leur regain d'optimisme par des dépenses d'investisse­ment. « Notre production de crédits a augmenté de 11%, au cours des six premiers mois de l'exercice 2015. Nous voyons beaucoup de deals de croissance externe, beaucoup plus que d'investisse­ments en capacités productive­s, lesquels souffrent du manque de visibilité sur les mesures de simplifica­tion de la vie des entreprise­s » , décrypte Pierre-Yves Dréan.

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