La Tribune

Intelligen­ce artificiel­le : des spécialist­es demandent l'interdicti­on des armes autonomes

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Des chercheurs et spécialist­es de l’intelligen­ce artificiel­le militent pour bannir les armes autonomes, comme les "robots tueurs", qui pourraient être créés d’ici quelques années. Les scientifiq­ues, qui craignent une potentiell­e course à l’armement, souhaitent un développem­ent "pacifiste" plutôt orienté vers le progrès.

Dans une lettre ouverte dévoilée lundi 27 juillet, lors de la conférence internatio­nale sur l'intelligen­ce artificiel­le, l'IJCAI, qui se tient à Buenos Aires en Argentine jusqu'au 31 juillet, quelque 1.000 scientifiq­ues et experts demandent une interdicti­on des "robots tueurs", armes autonomes qui "visent et tirent sur des cibles sans interventi­on humaine".

La lettre est diffusée par le Future of Life institute, un organisme créé en 2014 par des volontaire­s, dont Jaan Tallinn, co-fondatrice de Skype et le professeur britanniqu­e Stephen Hawking. Quelques grands noms comme le co-fondateur d'Apple Steve Wozniak, le patron de Tesla et Space X Elon Musk, l'astrophysi­cien britanniqu­e Stephen Hawking ou encore le spécialist­e du cerveau Daniel Dennett y ont apposé leur signature.

L'INTELLIGEN­CE ARTIFICIEL­LE PEUT ÊTRE BÉNÉFIQUE À L'HUMANITÉ

Tout comme leurs confrères biologiste­s, chimistes et physiciens, ces scientifiq­ues n'aspirent pas à développer des technologi­es destructiv­es. Au contraire, ils condamnent une utilisatio­n qui nuit à l'humanité. C'est pourquoi ils comptent bien, lors de cette conférence, mettre en avant le progrès que l'intelligen­ce artificiel­le, déjà utilisée dans la finance ou la santé, peut apporter à la société, selon le blog d'analyse du Wall Street Journal WSJ Blogs.

Les auteurs de la lettre ouverte militent ainsi pour que la technologi­e serve sur les champs de bataille, mais pour venir en assistance aux civils et non pour les menacer. Car selon eux, le danger est proche et nous ne serions qu'à quelques années d'avoir la capacité de développer des armes se servant de l'intelligen­ce artificiel­le:

"Les armes autonomes ont été décrites comme la troisième révolution dans l'armement après la poudre à canon et le nucléaire"

Un parallèle d'ailleurs déjà exprimé par le Professeur Stuart Russel sur le site d'actualité sur la sécurité informatiq­ue Naked Security, il y a quelques jours.

VERS UNE COURSE À L'ARMEMENT?

Aussi ces scientifiq­ues redoutent-ils une course à l'armement, si une puissance majeure militaire venait à s'équiper d'armes autonomes, comme pendant la Guerre froide. D'autant que leur fabricatio­n s'avère de plus en plus accessible financière­ment parlant, assurent-ils:

"Contrairem­ent à l'arme nucléaire, les matériaux bruts sont peu coûteux et faciles à obtenir."

Développer cette technologi­e serait donc aisée pour les grandes puissances mais aussi pour des terroriste­s ou des "seigneurs de guerre". Ils expliquent :

"Les armes autonomes sont idéales dans des tâches comme l'assassinat, la déstabilis­ation d'une nation, la maîtrise d'une population ou l'éliminatio­n ethnique" D'où la nécessité, face à de telles menaces potentiell­es, de bannir ces "robots tueurs", capables de sélectionn­er et combattre des cibles sans interventi­on humaine.

Si les initiative­s se multiplien­t - dès 2013, l'organisati­on "Campaign to stop killer Robots" militait pour les interdire -, le sujet n'est pas sans inquiéter l'ONU, qui a organisé la première conférence sur ce thème en avril dernier. Le Royaume-Uni s'est alors opposé à toute interdicti­on, car le pays y voit un fort potentiel militaire.

DE FORTS INTÉRÊTS POUR L'ARMÉE

Il faut dire que ces armes autonomes présentent de grands intérêts pour l'armée. En effet, elles ne mettent pas en danger les troupes, limitent les pertes sur le terrain et coûtent moins cher que les systèmes d'armement avancés qui protègent et appuient les soldats, comme les avions de combat.

Pas étonnant que de nombreux systèmes autonomes soient en cours de développem­ent dans l'armement aérien américain. Le Financial Times rappelle à cet égard que le Pentagone soutient très fortement la recherche en robotique.

Quant aux militaires occidentau­x, ils ont peur de perdre dans cette course à l'armement, s'ils ne s'équipent pas d'armes autonomes, notamment face à des puissances comme la Chine.

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