"L'ATTERRISSAGE BRUTAL DE LA CHINE EST INELUCTABLE" (MYLENE GAULARD)
Les différentes chutes des indices des Bourses de Shanghai et de Shenzhen font craindre une nouvelle crise mondiale. A tort, estime Mylène Gaulard, maître de conférences à la Faculté d'économie de Grenoble, et auteure de "Karl Marx à Pékin" (éd. Demopolis), qui y voit d'abord l'impuissance du gouvernement chinois à éviter l'éclatement d'une bulle spéculative et à résoudre les difficultés structurelles de l'économie chinoise. La Tribune - Maintenez-vous que le gouvernement chinois est incapable d'enrayer la chute des cours des Bourses de Shanghai et Shenzhen comme vous l'aviez assuré en juin dernier ? Mylène Gaulard - Après avoir chuté de près de 40% depuis juin 2015 malgré l'intervention des autorités chinoises, les cours observés sur les Bourses de Shanghai et Shenzhen ont à nouveau baissé de 10% la semaine dernière à l'annonce de mauvais résultats sur la production industrielle nationale. Depuis lundi dernier, la baisse se poursuit, et on estime que les cours sont toujours surévalués de 50%. Entre mai 2014 et juin 2015, ils ont effectivement été multipliés par 2,5 à la Bourse de Shanghai et par 2,7 à Shenzhen, sans que cette évolution ne s'appuie sur de meilleurs résultats des entreprises cotées. Le gonflement d'une bulle spéculative sur les marchés financiers chinois est indéniable depuis l'été 2014, ce secteur ayant servi de refuge face à la baisse des prix de l'immobilier observée depuis un an et demi dans la majorité des grandes villes chinoises. Des dizaines de millions de petits spéculateurs ont ainsi profité de la possibilité d'emprunter auprès du secteur bancaire traditionnel et surtout de l'informel pour investir sur ces marchés et bénéficier d'un effet de levier.