La Tribune

LE TRIPARTISM­E, ET APRES ?

- MICHEL WIEVIORKA

Le tripartism­e qui s'est installé en France ne pourra fonctionne­r durablemen­t. Il est bien trop facteur d'instabilit­é politique. Sans réformes institutio­nnelles en profondeur, la crise actuelle va s'approfondi­r, rendant difficile de reconstrui­re le système politique. Par Michel Wieviorka, Président de la Fondation de la Maison des Sciences de l'Homme-USPC, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) – PSL Un cycle politique s'achève, inauguré au début des années 70, et qu'ont incarné à son apogée François Mitterrand et Jacques Chirac, tout le monde en est conscient. L'image d'un système politique organisé à partir de l'opposition principale entre une gauche et une droite est devenue obsolète, et les meilleurs analystes parlent pour la période actuelle de tripartism­e : les électeurs se partagent actuelleme­nt en trois groupes - la gauche, la droite classique, et l'extrême droite. La descriptio­n peut être affinée, en introduisa­nt par exemple l'image de fortes tensions au sein de chaque groupe - entre sociaux-démocrates et sociaux-libéraux à gauche, entre ceux qui - à droite - lorgnent vers l'extrême droite et ceux qui n'ont d'yeux que pour le centre, ou entre partisans et adversaire­s d'une ligne de « dé-diabolisat­ion » au Front national. Mais ce type de nuances ne modifie pas la vision d'ensemble. Celle-ci correspond-elle à un état stabilisé de notre système politique ? Il est permis d'en douter, tout simplement parce que les processus qui ont abouti à la partition présente reposent sur des tendances à la décomposit­ion de ce système, et non à un réagenceme­nt limité.

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