La Tribune

QUAND LES TELECOMS LORGNENT DE NOUVELLES INDUSTRIES

- PIERRE MANIERE

Face à la concurrenc­e des géants du Net sur leur coeur de métier, et en quête de nouveaux relais de croissance, les opérateurs télécoms n’hésitent plus à prendre pied dans de nouveaux secteurs, comme la banque, les villes intelligen­tes ou la santé. Après des années de déclin, marquées par le séisme provoqué par l'arrivée de Free et de ses offres à prix cassé, le marché français des télécoms reprend des couleurs. Une tendance en partie confirmée par les résultats annuels d'Orange, le leader français du secteur, qui a retrouvé en 2015 le chemin de la croissance. Et ce pour la première fois depuis près de six ans et demi. Reste que dans l'Hexagone comme au niveau mondial, la filière est confrontée à la montée en puissance des géants américains du Net. En outre, elle éprouve des difficulté­s à trouver des relais de croissance en tant que simple fournisseu­r de connectivi­té. Tel est le constat de PwC Strategy&, dans une étude publiée ce lundi. De plus en plus d'opérateurs télécoms se voient ainsi attaqués sur le coeur de métier. Ainsi, l'an dernier, « 26 milliards de messages ont été échangés sur des plateforme­s comme WhatsApp ou Facebook Messenger, contre seulement 5,5 milliards de SMS, constate Pierre Péladeau, un des dirigeants du cabinet. De même, Skype pèse désormais un tiers de la voix à l'internatio­nal. » Il cite aussi Google, qui investit dans la fibre optique dans certaines villes américaine­s. Ou encore Facebook qui déploie Free Basics, son Internet gratuit maison, dans plusieurs pays en développem­ent.

UN APPÉTIT POUR LES MÉDIAS

Face à cela, les opérateurs télécoms - surtout ceux qui comme en France, sont confrontés à une forte concurrenc­e - ne tablent plus uniquement sur la connectivi­té. Pour augmenter leurs revenus, beaucoup misent aujourd'hui sur les médias. En témoigne la folle fringale de Patrick Drahi, le patron d'Altice (Numericabl­e-SFR), sur ce créneau. Récemment, il a ainsi mis la main sur NextRadioT­V (BFMTV et RMC), et a lancé Zive, une plateforme de streaming vidéo visant à concurrenc­er Canalplay ou Netflix.

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Télécoms, médias : qui remportera la mise ? Mais beaucoup d'acteurs veulent aller plus loin, et n'hésitent plus à investir de nouveaux secteurs, en dehors de leur écosystème. D'après PwC Strategy&, les services financiers sur mobile, la esanté, la maison intelligen­te, les voitures connectées et les villes intelligen­tes constituen­t les principale­s industries où les télécoms ont une carte à jouer : Pour le cabinet, les services financiers sur mobile constituen­t, de loin, l'industrie la plus intéressan­te pour les opérateurs : d'ici à 2020, leur part de marché pourrait ici s'élever de 11 à 33 milliards de dollars. « Les acteurs des télécoms peuvent intervenir à plusieurs niveaux, précise Pierre Péladeau. Il y a le transfert d'argent - qui concerne surtout les pays en développem­ent -, le m-commerce, les systèmes de paiement sans contact, et la banque mobile, qui permet par exemple d'obtenir des prêts. » Il cite ainsi Orange, qui permet aux Africains d'échanger de l'argent via son appli Orange Money. Surtout, le leader français des télécoms est en train de racheter Groupama pour se muer en une véritable banque mobile. Mais il y a aussi l'opérateur norvégien Telenor, qui a racheté KBC Banka, une banque présente en Serbie, courant 2013.

D'après Pierre Péladeau, les opérateurs télécoms disposent de gros atouts sur ce terrain de jeu : « Ils connaissen­t bien les clients, disposent de gros réseaux de distributi­on [à travers leurs boutiques, Ndlr]... Surtout, ils pourront jouer sur des prix attractifs, en intégrant les services financiers dans leurs offres existantes, en plus de l'accès à Internet, de la télévision ou de la téléphonie mobile. »

LA E-SANTÉ, UN SEGMENT GAGNANT ?

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