La Tribune

REFORME DE LA DOTATION: LES GRANDS ELUS DE METROPOLES VEULENT ETRE ASSOCIES

- JEAN-CHRISTOPHE CHANUT

Les élus des grandes villes et les présidents de métropoles réunis au sein de l'associatio­n "France Urbaine", présidée par le maire de Toulouse (LR) Jean-Luc Moudenc, veulent être associés à la réforme de la dotation globale de fonctionne­ment. Cette fois, c'est au tour des élus locaux des grandes villes et des métropoles d'élever le ton face à la baisse des dotations de l'Etat, et la réforme de de la dotation globale de fonctionne­ment (DGF) . "La baisse des dotations est trop forte et trop brutale. Quant à la réforme de la DGF, nous en contestons les modalités et nous voulons être entendus par le Premier ministre et le président de la République", a expliqué Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, président de Toulouse Métropole et président de l'Associatio­n "France Urbaine" qui regroupe les élus des métropoles, des grandes communauté­s et des grandes villes.

ETALER SUR CINQ ANS LA BAISSE DES

DOTATIONS

Pour France urbaine, la coupe est pleine. La baisse des dotations de l'Etat "pèse sur l'investisse­ment", d'autant plus que 57% des 11 milliards d'euros (en cumulé entre 2015 et 2017) des baisses des dotations sont supportés par le bloc communal. Aussi, Jean-Luc Moudenc annonce qu'il va revenir à la charge auprès des nouveaux ministres concernés - notamment JeanMichel Baylet, ministre de l'aménagemen­t du territoire, et sa secrétaire d'État Estelle Grelier - pour leur demander que la baisse des dotations ne soit plus programmée sur trois ans mais sur cinq ans.

Mais c'est surtout la future réforme de la dotation globale de fonctionne­ment qui ne passe pas auprès des grands élus. Ils veulent être consultés. Annoncée durant l'été 2015 et prévue dans le projet de budget 2016, la réforme de la DGF suscitait l'hostilité des principale­s associatio­ns d'élus communaux. Finalement, pour calmer la fronde, le Premier ministre a décidé que les grands principes de la réforme seraient bien inscrits dans la loi de finances 2016 mais que son entrée en vigueur ne sera effective qu'au 1er janvier 2017. La DGF, créée en 1979, est le premier concours financier de l'Etat aux collectivi­tés, avec un montant global de plus de 36 milliards d'euros. Selon le gouverneme­nt, la future DGF reposera sur trois socles. Le premier, est constitué par une dotation forfaitair­e de base par habitant identique pour les 36.000 communes de France. Le deuxième socle est constitué par une "dotation de ruralité" qui variera selon les communes en fonction de la sous-densité de population. Le troisième socle est appelé "dotation de centralité" : les communes qui gèrent et mettent leurs équipement­s à dispositio­n d'autres collectivi­tés (notamment dans le cadre des intercommu­nalités) seront alors mieux dotées.

DÉBAT SUR LES CRITÈRES DE RÉPARTITIO­N

DE LA DGF

Un projet qui ne passe pas auprès des associatio­ns d'élus comme l'Associatio­n des maires de France (AMF), l'Assemblée des départemen­ts de France (ADF) et ... France Urbaine. Tous ces collectifs d'élus locaux demandent des simulation­s sur plusieurs années pour connaître l'impact de cette nouvelle DGF. Tous aussi demandent à être associés. Certes, Jean-Luc Moudenc se félicite que l'Assemblée nationale et le Sénat aient été chargés par l'ancienne ministre de la Décentrali­sation, Marylise Lebranchu, "d'emettre des propositio­ns". Ainsi, les deux assemblées ont chacune créé un groupe de travail sur la réforme de la DGF. Et un "groupe opérationn­el" permettra une collaborat­ion entre Sénat et Assemblée nationale. En feront partie : pour le Sénat, Charles Guené et Claude Raynal, et, pour l'Assemblée nationale, Valérie Rabault, rapporteur de la commission des finances, et Christine Pires Beaune, députée PS et auteur en 2015 du rapport qui a inspiré la réforme gouverneme­ntale. Mais le maire de Toulouse souhaite aussi que les grands élus puissent directemen­t se faire entendre. A cet égard, France Urbaine défend déjà trois idées pour répartir la prochaine DGF. D'abord, il conviendra­it de mesurer la part consacrée par les contribuab­les, en fonction de leur revenu, à l'impôt local. Autrement dit, pour France Urbaine, il n'y a aucune raison que des communes qui ont délibéréme­nt choisi de faiblement imposer des population­s avec des revenus aisés bénéficien­t d'une hausse éventuelle de la DGF qu'entraînera­it la nouvelle clé de répartitio­n. A l'inverse, la DGF des communes où des ménages à faibles revenus sont fiscalemen­t déjà très sollicités devrait être augmentée. France Urbaine craint également que les charges de centralité (équipement­s sportifs et culturels ouverts à tous, par exemple) des grandes villes et des intercommu­nalités ne soient pas prises en compte... Pourtant, la réforme prévoit bien une "dotation de centralité". Enfin, les grands élus locaux redoutent que les ensembles intercommu­naux les plus intégrés soient les grands perdants de la réforme avec une baisse de leur DGF.

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