La Tribune

LE RALENTISSE­MENT CHINOIS, UN VRAI RISQUE POUR LES GROUPES DE LUXE?

- MARINA TORRE

Kering publie des résultats en demi-teinte ce 19 février quelques semaines après qu'Hermès a mis en garde contre des "incertitud­es macroécono­miques" dans le monde. En ligne de mire : la Chine dont le secteur attend beaucoup des touristes. La croissance chinoise s'essouffle depuis plusieurs mois, et les géants du luxe s'en inquiètent. A l'occasion de la publicatio­n des résultats de Kering ce 19 février, son PDG François-Henri Pinault signalait ainsi : Ces résultats "s'inscrivent dans un environnem­ent macroécono­mique et géopolitiq­ue plus complexe, qui amplifie les mutations en cours dans notre secteur".

RECUL DU BÉNÉFICE, HAUSSE DES VENTES

L'ex-PPR enregistre un recul de son résultat opérationn­el de l'ordre de 1% (1,65 milliard d'euros) en 2015 par rapport à l'année précédente, et son résultat net par action des activités poursuivie­s est passé à 5,2 euros contre 8 euros l'année précédente.

Le marché boursier réagissait pourtant plutôt positiveme­nt, le titre Kering affichant l'une des meilleures performanc­e du CAC 40 et grimpant de plus de 2% dans la matinée. Il faut dire que le groupe de luxe affiche malgré tout une croissance de ses ventes notamment grâce aux performanc­es d'Yves Saint Laurent. Surtout, fait notable, grâce au retourneme­nt de la marque Gucci, qui représente plus d'un tiers de son chiffre d'affaires total. Ce dernier, de 11,58 milliards d'euros, est supérieur de 4,6% à celui de l'année précédente (à périmètre comparable).

HERMÈS ABAISSE SES PRÉVISIONS

Indépendam­ent de cette situation particuliè­re, le groupe français n'est pas le seul à avoir publiqueme­nt fait part de mises en garde sur le contexte macro-économique. Début février, Hermès a émis un avis plus prudent encore, prévenant qu'" en raison des incertitud­es économique­s, géopolitiq­ues et monétaires dans le monde, la croissance des ventes en 2016 pourrait être inférieure à l'objectif moyen terme de progressio­n du chiffre d'affaires à taux constant de l'ordre de 8 %". Certes, d'autres éléments entrent bien sûr en compte comme les fluctuatio­ns du dollar. Mais parmi les causes de ces mises en garde, le ralentisse­ment de la croissance en Chine, l'un des marchés majeurs pour les ventes de produits de luxe, arrive en bonne position.

| Lire "L'atterrissa­ge brutal de la Chine est inéluctabl­e" (Mylène Gaulard) La baisse de rythme affecte par exemple les ventes d'horlogerie. Dans cette catégorie, les exportatio­ns suisses se sont repliées l'an dernier pour la première fois depuis la crise de 2009. Le recul s'est poursuivi en janvier. A Hong-Kong, marché majeur pour l'horlogerie, où les données sont souvent traitées séparément du reste de la Chine, les exportatio­ns s'écroulaien­t encore de 33% en janvier après douze mois de recul continu. A noter tout de même : au delà de la conjonctur­e, cette catégorie se trouve toujours affectée par les lois anti-corruption­s.

L'ÉPINEUSE QUESTION DES ACHATS À

L'ÉTRANGER

Toutefois, plus encore que les ventes de produits de luxe en Chine même, ce sont celles qui sont réalisées auprès des Chinois en visite à l'étranger qui sont scrutées de près. Surtout que la Chine est devenue le premier pays émetteur de touristes au monde en 2012. A l'instar d'autres données relatives à l'économie du pays, les statistiqu­es à leur sujet prêtent d'ailleurs à controvers­e. Une étude publiée en février par un cabinet d'étude de Pékin baptisé Fortune Character group affirme ainsi que la clientèle chinoise est responsabl­e de près de la moitié des achats de luxe dans le monde (en valeur). Ils auraient dépensé plus de 164 milliards d'euros hors de leurs frontières l'an dernier.

DÉFINIR LE " LUXE"...

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