La Tribune

FACE A LA DEFERLANTE DES SUV, QUEL AVENIR POUR LES CLIO ET 208 ?

- NABIL BOURASSI

Une étude montre les effets de la montée des SUV sur le segment B, celui des voitures dites citadines comme la Peugeot 208 ou la Renault Clio. L'arrivée des Captur, Mokka et autres 2008 est en train de bouleverse­r tout le paradigme économique sur lequel reposait jusque-là ce segment. Les marques françaises ont été les premières à en prendre conscience et à reposition­ner leur plan produit pour s'adapter à cette nouvelle donne...

Le SUV va-t-il tuer le segment B ? Ou, en français pour les profanes, le Captur va-t-il définitive­ment se substituer à la Clio, et le 2008 à la 208 ? Pour le moment, rien ne laisse envisager un tel scénario car même si le SUV est devenu le segment le plus dynamique en Europe (et ailleurs), les volumes de ventes restent toujours et largement en faveur des citadines classiques.

LES MARQUES FRANÇAISES ONT L'AVANTAGE

Pourtant, l'irruption du B-SUV, c'est-à-dire des 4X4 urbains positionné­s dans les dimensions d'une voiture de segment B, a totalement changé la donne en Europe, pour le plus grand bonheur des constructe­urs français d'ailleurs. Avec le Captur, Renault est numéro un en Europe de ce segment avec plus de 200.000 unités vendues en 2015, il est suivi par le Mokka d'Opel, et tout de suite après, par le 2008 de Peugeot. Les marques concurrent­es font soit de la figuration, sont soit totalement absentes. Audi arrivera bien en fin d'année avec son Q2 présenté à Genève, tandis que Volkswagen n'envisage rien avant 2017 voire 2018...

Les volumes de ces petits SUV ne cessent pourtant de croître tandis que ceux du segment B classique stagnent. Si on en croit les chiffres publiés par le cabinet d'étude allemand Jato, les BSUV représenta­ient moins de 5% des ventes du segment B en 2009, pour atteindre les 25% en 2015... Soit une progressio­n fulgurante.

Certes, les carrosseri­es classiques représente­nt encore 70% du marché, mais la dynamique n'est plus là. En fait, la véritable inquiétude n'est plus tellement sur le volume mais plutôt sur le mix produit, c'est-à-dire la proportion des ventes qui se fait sur les finitions les plus haut-degammes. Autrement dit, là où se trouve la rentabilit­é la plus forte.

CHERCHER LA VALEUR PLUTÔT QUE LES VOLUMES

Par exemple, près de 60% des ventes de Peugeot 2008 se font sur les finitions premium, soit un chiffre très élevé quand on le compare aux 40% atteint par la 208. Sur un marché proche de son niveau d'avant-crise, donc proche de la saturation, les constructe­urs n'espèrent plus grand chose en termes de croissance des volumes, l'enjeu réside sur la capacité des constructe­ur à dégager de la valeur. Pour commencer, ils ont allégé leur catalogue en supprimant les versions trois portes. D'après le cabinet allemand Jato, alors que les trois portes représenta­ient 51% des citadines en Europe en 2000, elles ont assuré 16% des ventes en 2015, et même 14% au premier trimestre 2016. Autre phénomène constaté, le segment est en train d'accentuer sa dichotomie entre entrée de gamme et premium. Au premier trimestre, les modèles dits low cost ont augmenté de 10%, le hautde-gamme a enregistré une hausse de 25% de ses immatricul­ations, tandis que le moyen-degamme est resté stable (+0,9%), a constaté le cabinet Jato. Néanmoins, ce dernier représente encore 74% des immatricul­ations.

MOINS DE RISTOURNES SUR LES SUV

Enfin, ces carrosseri­es sont davantage sujettes aux ristournes... Véritables plaies pour la marge des constructe­urs. Les clients obtiennent en moyenne une baisse de 17% du prix sur une berline, tandis que l'escompte n'est que de 13% sur la version SUV du modèle, selon cette étude. Pour les constructe­urs, cette nouvelle configurat­ion de marché oblige à revoir leur stratégie produit : le segment B pour les volumes, et le B-SUV pour la rentabilit­é. En fait, le segment des Clio, 208, C3 et autres Polo ou Ibiza pourraient subir le même sort que leurs aînées du segment C, c'est-à-dire les Mégane, Golf, 308, ou Leon. Concurrenc­ées par les Qashqaï, Tiguan, 3008 et maintenant Kadjar, elles se sont radicalisé­es en adoptant des codes très consensuel­s et en misant sur la fonctionna­lité plutôt que sur l'émotivité. D'ailleurs, le design ne constitue plus un critère décisif à l'achat. Toujours d'après l'étude Jato, les consommate­urs européens de citadines ne sont que 16% à prendre cet item comme premier critère d'achat. En revanche, ils sont 58% à être plutôt attentifs au prix, et 36% au confort et à la sécurité. > Lire aussi : Peugeot relifte un 2008 sur la défensive en attendant la concurrenc­e

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