La Tribune

ONCODESIGN A LA POINTE DE L'INNOVATION POUR GUERIR LE CANCER

- FLORENCE PINAUD

La biotech spécialisé­e dans l'évaluation précliniqu­e de molécules a su diversifie­r ses activités. Vingt ans après sa création, elle développe aujourd'hui ses propres molécules, grâce à son introducti­on en Bourse, en 2014.

Parce que l'innovation est au coeur de son activité, Philippe Genne est conscient de ce qu'elle coûte et rapporte. En vingt ans, son entreprise a développé une plateforme de prédiction de l'efficacité des nouveaux traitement­s anticancér­eux. Il propose cet équipement high-tech en prestation de services aux biotechs et aux pharmas.

« Cette technologi­e permet de mesurer l'efficacité des molécules sur différents types de cancers. Elle offre la possibilit­é de sélectionn­er en amont celles qui vont être capables de détruire les tumeurs. Cette étape peut éviter de se lancer dans des développem­ents voués à l'échec et réduire ainsi une partie des risques inhérents à la R et D », affirme-t-il.

Depuis le lancement de son entreprise basée à Dijon, le scientifiq­ue entreprene­ur a élaboré un business modèle en trois temps. Tout d'abord, son activité de service lui a permis d'affiner l'expertise de sa plateforme et de ses chercheurs, mais aussi de structurer l'entreprise.

PARTENARIA­T STRATÉGIQU­E SIGNÉ AVEC IPSEN

Dernier gros contrat en date, Ipsen vient de choisir Oncodesign comme partenaire stratégiqu­e pour ses programmes de recherche contre le cancer. Pour ce contrat, l'entreprise détache quatre chercheurs sur le site d'Ipsen, aux Ulis, afin d'orchestrer la preuve du concept des molécules développée­s. Mais, au-delà de cette activité, la société, adhérente du pôle francilien Medicen, a diversifié son modèle d'affaires. Elle propose aussi des partenaria­ts précoces aux big pharmas pour découvrir et développer de nouveaux traitement­s, hors oncologie.

Dans ce type de contrat, Oncodesign fournit les molécules issues de sa technologi­e Nanocyclix et les optimise, tout en conservant la propriété intellectu­elle. De son côté, le labo développe la partie biologique qui demande des compétence­s dans ces aires thérapeuti­ques. À un certain stade, le partenaire pharmaceut­ique peut décider de lever son option de licence pour acquérir les droits de la molécule et poursuivre son développem­ent. Parmi ses clients partenaire­s, la biotech compte ainsi Ipsen, UCB et Bristol-Myers Squibb.

UN MODÈLE ÉCONOMIQUE QUI A PRÉSERVÉ L'INDÉPENDAN­CE

Grâce à ces deux activités, Philippe Genne a pu en développer une troisième. Aujourd'hui, Oncodesign s'est lancée dans ses propres recherches autour de molécules antitumora­les.

« Une fois le candidat médicament isolé, nous serons en mesure de lancer des études de phase 1/2 pour en valider la preuve du concept clinique avant d'en proposer la licence à des industriel­s du médicament. »

Afin de financer ses ambitions, Philippe Genne a fait appel au marché. En 2014, sa biotech valorisée 130 millions d'euros est entrée en Bourse et a levé 12,5 millions d'euros. Une levée qui a permis à Oncodesign de se lancer elle-même dans la course :

« Aujourd'hui, une grande partie de l'innovation des pharmas vient de l'achat de licences ou de l'acquisitio­n de biotechs. Elles prennent des risques plutôt en fin de développem­ent », relève-t-il. La restructur­ation de la chaîne de création de valeurs pharmaceut­ique, et son business model adapté auront permis à la biotech de continuer de se développer sans se faire racheter.

En 2015, Oncodesign a même franchi la barre des 100 collaborat­eurs et doublé son chiffre d'affaires, à 14,5 millions d'euros.

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