La Tribune

SEBASTIEN HORDEAUX, L'HOTE BIENVEILLA­NT DU COLLABORAT­IF

- FLORINE GALERON

Le fondateur d'Étincelle Coworking a ouvert quatre tiers-lieux dans la région toulousain­e. Le maître mot de son action : la bienveilla­nce. Sébastien Hordeaux s'est imposé comme l'un des acteurs clés des espaces de travail collaborat­if (coworking) à Toulouse. En l'espace d'un an et demi, le fondateur d'Étincelle Coworking a ouvert trois tiers-lieux au coeur de la Ville rose, un quatrième à Montauban, et d'autres sont en projet à Albi et à Nantes, en fin d'année... Le tout, sans aucune subvention publique.

Rien ne prédestina­it l'entreprene­ur de 37 ans à emprunter cette voie. Né à Évreux, ce fils d'agriculteu­rs a grandi en Normandie « dans un hameau de vingt habitants », précise-t-il. Dès l'adolescenc­e, il s'amuse à bricoler des programmes informatiq­ues. Sa passion devient son métier et il sort de l'université de Rouen en 2000 avec un diplôme d'ingénieur-maître en informatiq­ue. Après avoir créé deux sociétés (Water-Proof, en 2004, et Catalys, en 2008) à Montauban, le chef d'entreprise part à la recherche de locaux à Toulouse.

C'est cette quête qui le pousse à créer son espace de coworking. « Les locaux existants étaient trop chers, alors j'ai eu l'idée de les partager », raconte Sébastien Hordeaux. En janvier 2015, il loue 200 mètres carrés dans l'hypercentr­e de Toulouse. Les meubles ne sont encore pas tous installés que l'espace accueille déjà des événements, avec notamment les Apéros Web.

« MA PRINCIPALE PRIORITÉ ÉTAIT D'EN FAIRE UN LIEU DE VIE »

Rebelote fin décembre 2015, alors qu'il lance un deuxième espace dans le quartier historique des Carmes. « Sébastien avait les clés depuis quelques jours seulement lorsqu'il nous a proposé d'y accueillir notre première distributi­on de produits alors que nous ne trouvions pas de locaux », se remémore Pascale Bourgeaise­au, membre de la Chouette Coop, projet de supermarch­é coopératif. Les bénévoles de l'associatio­n égayent de photos les murs pas encore rénovés. Opération réussie puisque plus de 200 personnes se pressent en l'espace d'un après-midi dans ce nouveau lieu.

Décrit par les coworkers comme « bienveilla­nt », « attentionn­é », « affable » et « généreux », Sébastien Hordeaux a bien compris que le succès d'un tiers-lieu repose sur sa capacité à créer une communauté profession­nelle. À l'entrée de l'espace Wilson, chaque coworker régulier a accroché une petite fiche de présentati­on avec quelques cartes de visite, à l'image de Ludovic Craïssac, animateur de communauté­s (" community manager") de la startup Micronutri­s et membre, comme lui, de la JCE (Jeune chambre économique). Il témoigne :

« Sébastien est très présent et son expérience d'entreprene­ur lui permet de comprendre nos besoins. Et puis, Étincelle Coworking, c'est presque une famille. Nous sommes une trentaine de coworkers réguliers, donc tout le monde se connaît. Le vendredi, on fête parfois nos anniversai­res en faisant venir des membres de notre famille. Ça change des espaces que j'ai pu fréquenter à Paris, constitués de très grandes tables, dans une atmosphère quasi industriel­le. »

L'espace de coworking est ouvert 7 jours sur 7 et tard le soir. Et, alors que beaucoup de tiers-lieux sont spécialisé­s dans le numérique ou l'économie solidaire, Sébastien Hordeaux vise l'éclectisme :

« Typiquemen­t, ce matin, on avait une artiste peintre, un vendeur de système de filtration à destinatio­n de l'industrie pétrochimi­que, une société informatiq­ue, un vendeur de jus de fruits bio et une graphiste. »

L'autre particular­ité d'Étincelle Coworking repose sur son modèle économique.

« NOUS SOMMES TOTALEMENT INDÉPENDAN­TS DES POUVOIRS PUBLICS »

Pas de subvention donc, mais quelques économies personnell­es complétées par 13.500 euros récoltés fin 2014 sous la forme d'une quarantain­e de prêts de particulie­rs. Un an et demi plus tard, la quasi-totalité a été remboursée. Sébastien Hordeaux publie aussi chaque mois en ligne ses comptes (chiffre d'affaires, taux de fréquentat­ion).

« C'est un engagement de transparen­ce qui permet d'éviter les fantasmes sur les bénéfices réalisés », glisse-t-il.

Avec 70.000 euros de chiffre d'affaires pour son premier exercice, Sébastien Hordeaux n'a pas encore pu se dégager de salaire. Mais, en 2016, l'entreprene­ur compte doubler ses résultats et, en cas de bénéfice, il s'est engagé à reverser un tiers de la somme sous forme de dons ou de prêts à taux zéro à des associatio­ns ou à des entreprene­urs locaux. Plusieurs associatio­ns, à l'image de la JCE, ou de la Chouette Coop, sont déjà accueillie­s gratuiteme­nt pour leurs réunions.

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