La Tribune

POUR LA BANQUE DE FRANCE, LA REPRISE EST DEJA TERMINEE

- FABIEN PILIU

La banque centrale anticipe une progressio­n du PIB de 1,4% au moins en 2016. L'acquis de croissance s'élevant à 1,1% à la fin du premier trimestre, on peut donc en conclure que l'économie française devrait quasiment stagner jusqu'à la fin de l'année.

Faut-il déjà conjuguer la reprise au passé ? La Banque de France nous y incite. Ce vendredi, la banque centrale a indiqué que le PIB tricolore progresser­ait de 1,4% "au moins" cette année. C'est moins que ce que prévoit Bercy, qui vise une croissance annuelle de 1,5% et à laquelle souscrit le Fonds monétaire internatio­nal. Le 24 mai, l'institutio­n de Washington a révisé sa prévision de croissance pour la France et anticipe désormais une hausse " d'au moins 1,5% " cette année. Certes, les écarts de prévisions entre les différente­s institutio­ns sont très faibles. Néanmoins, même si la Banque de France précise que des aléas entourent ses prévisions, toutes semblent exclure une éventuelle accélérati­on de l'activité que les indicateur­s macroécono­miques récemment publiés pourraient laisser présager.

DES INDICATEUR­S MACROÉCONO­MIQUES DE BONNE FACTURE

En effet, au premier trimestre, le PIB a progressé de 0,6% selon l'Insee - un rythme supérieur de 0,1 point à celui de la zone euro sur la même période -, fixant l'acquis de croissance à +1,1%. C'est également mieux que la première estimation de l'Insee, fixée à +0,5%, sur laquelle la Banque de France a fondé ses prévisions, n'ayant pas pris en compte la révision de l'Institut.

Quant aux perspectiv­es, elles ont plutôt encouragea­ntes. En effet, la confiance des ménages et des chefs d'entreprise­s est en hausse, la consommati­on est solide et l'investisse­ment repart. Selon l'Insee, l'investisse­ment industriel devrait augmenter de 7% cette année. Il faut également rappeler que les conditions de crédit restent attractive­s, en raison de la politique monétaire accommodan­te de la Banque centrale européenne (BCE) et que le niveau de l'euro face au dollar et des cours de la plupart des matières premières restent faibles, même si celui du Brent s'est nettement relevé depuis le début de l'année, passant de 30 à 50 dollars. Il reste très inférieur aux 120 dollars d'il y a deux ans.

LES RISQUES SUR LA CROISSANCE

Quant à l'effet éventuel de l'Euro 2016 sur l'activité, et en particulie­r sur la consommati­on et le tourisme, il devrait donc être marginal si l'on en croit la Banque de France qui, il faut l'admettre, n'est pas la seule à envisager le retour de la croissance molle. En effet, l'OCDE et la Commission européenne anticipent également une croissance annuelle de 1,4% en 2016. Il reste maintenant à découvrir comment et pourquoi l'activité ralentira au cours des prochains mois. Les tensions sociales peuvent-elles être une explicatio­n ? Le rebond actuel du secteur de la constructi­on, sur lequel compte énormément le ministère des Finances pour accélérer la croissance et surtout l'emploi, ne serait-il qu'un feu de paille ? Les cours du brut peuvent-ils remonter brutalemen­t ? L'OPEP a déclaré cette semaine que le niveau actuel des cours satisfaisa­it les pays producteur­s de pétrole membres de l'organisati­on.

LES EFFETS D'UNE CRUE CENTENNALE

Les dégâts liés la montée des eaux peuvent-ils être dévastateu­rs ? Selon une étude de l'OCDE publiée début 2014, les effets d'une crue comparable à celle observée en 1910 seraient les effets suivants : 5 millions de personnes seraient directemen­t affectées ; 1,5 million de personnes seraient privées d'électricit­é ; 5 millions de personnes seraient affectées par des coupures d'eau ; 1,3 million de personnes seraient privées d'eau potable. Le coût des dommages matériels s'élèverait entre 3 et 30 milliards d'euros - une fourchette très large - et 400.000 emplois seraient directemen­t affectés, ce qui se traduirait par un recul du PIB compris entre 0,1 % et 3 % sur cinq ans.

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