La Tribune

ZONE EURO : LA CROISSANCE TOUJOURS SANS VRAIE DYNAMIQUE

- ROMARIC GODIN

Les données disponible­s laissent présager d'un ralentisse­ment de la croissance de la zone euro au deuxième trimestre. Globalemen­t, la reprise semble toujours sans réel entrain.

Jeudi 2 mai, le président de la BCE, Mario Draghi avait prévenu que la croissance de la zone euro devrait ralentir au deuxième trimestre. La vigueur constatée au premier trimestre (0,5 %) de la croissance du PIB des 19 avait pourtant fait croire - enfin ! - à la réalité de l'accélérati­on de la reprise. Jamais en effet depuis sa sortie de récession au deuxième trimestre 2013, la croissance trimestrie­lle de la région ne s'était montrée si forte. Mais ce ne pourrait être qu'une poussée exceptionn­elle.

HUMEUR MOINS BONNE DES AGENTS ÉCONOMIQUE­S

Certes, l'indice composite PMI de Markit, qui mesure le climat des affaires en zone euro et dont le chiffre définitif a été publié ce vendredi 3 mai, s'est établi à 53,1 en mai, soit un dixième de point audessus du niveau d'avril. Certes, ce chiffre se situe toujours en territoire expansionn­iste, au-dessus de 50. Mais il est nettement en deçà du niveau de la fin de l'année 2015 où, en décembre, il est monté jusqu'à 54,3. En réalité, ce niveau de 53 dans lequel le climat des affaires de la zone euro est englué depuis février n'avait pas été vu depuis janvier 2015. Autrement dit, la croissance reste d'actualité, mais il y a de grandes chances que son rythme ralentisse.

Les raisons ne manquent pas à cela. L'économie de la zone euro continue à ne marcher que sur un pied, celui de la demande intérieure principale­ment tirée par la consommati­on des ménages. Le moteur externe demeure à l'arrêt et seuls les Etats spécialisé­s dans les produits de consommati­on et centrés sur les marchés de la zone euro, comme l'Espagne, peuvent compter sur un soutien des exportatio­ns. Quant à l'investisse­ment, il se redresse mais s'agit-il d'un autre phénomène qu'un simple rattrapage lié au renouvelle­ment nécessaire des équipement­s devenu nécessaire ? Y a-t-il un vrai effort de modernisat­ion de l'appareil productif ? La faiblesse de la croissance de l'investisse­ment au regard de son recul précédent ne le laisse pas penser.

FAIBLE DYNAMIQUE

Comme le souligne Clemente de Lucia, économiste chez BNP Paribas dans une note de ce vendredi, « l'effet de la baisse du prix du pétrole et des conditions financière­s favorables commencent à ne plus jouer aussi favorablem­ent ». Du cours, la vigueur de la croissance au premier trimestre pourrait se traduire par un affaisseme­nt au deuxième trimestre. BNP Paribas ne table ainsi que sur une croissance de 0,2 % entre avril et juin. Les chiffres des ventes au détail en avril dans la zone euro, publiée aussi ce vendredi par Eurostat, affichait une stabilité par rapport à un triste mois de mars (en recul sur un mois de 0,6 %). Les ventes au détail en zone euro repassent ainsi sous le niveau qui était le leur en décembre dernier. L'effet lié au transfert de pouvoir d'achat des gains réalisés sur les prix de l'essence et de l'énergie s'estompe et les salaires ne prennent pas le relais. Là où ils le prennent, comme en Allemagne, l'effet est diminué par un fort taux d'épargne.

L'ALLEMAGNE AVEC UNE CROISSANCE SANS ENTRAIN

Au final, le potentiel de croissance de la zone euro continue à être très limité à moins de 2 % par an. Même en Allemagne, considérée par beaucoup comme un modèle et une référence, la croissance reste réduite. La Bundesbank dans son bulletin de juin a beau vanter la « forte dynamique de la croissance » allemande, elle vient de réviser sa prévision pour 2016 et 2017. Selon elle, le PIB allemand progresser­a de 1,7 % cette année et de 1,4 % l'an prochain. C'est une révision à la baisse de 0,1 et 0,3 point. Il y a donc là aussi une perte de dynamisme. On notera, du reste, qu'avec une situation de plein emploi, un excédent budgétaire et des salaires progressan­t à plus de 2 %, la croissance allemande est à peine plus forte que celle de la France, souvent caricaturé­e comme un contre-exemple absolue. La Banque de France prévoit en effet 1,4 % de croissance pour la France (ce qui semble, du reste, là aussi assez faible) en 2016 et 1,5 % en 2017.

FAIBLESSE DE L'INFLATION

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