La Tribune

ARMEMENT : LES CINQ CLES DE LA REUSSITE DE LA FRANCE A L'EXPORT

- MICHEL CABIROL

En 2015, la France a exporté pour 16,9 milliards d’euros de systèmes d’armes. Un record incroyable… Sous-marins Shortfin Barracuda vendus à l'Australie, avions de combat Rafale à l'Égypte et au Qatar, frégate FREMM à l'Égypte et au Maroc, satellites-espions aux Émirats Arabes Unis, au Maroc, au Pérou... Depuis trois ans, la France cartonne à l'exportatio­n partout dans le monde. Après un trou d'air en 2012 (4,8 milliards d'euros), les ventes d'armes « Made in France » ont depuis véritablem­ent décollé : 6,8 milliards en 2013, 8,2 milliards en 2014 et enfin 16,9 milliards en 2015. Et l'année 2016 pourrait être également un excellent cru grâce au succès de DCNS en Australie, qui a acheté douze sous-marins Shortfin Barracuda si... le contrat est signé avant la fin de l'année. Sur un programme de 34,5 milliards d'euros, les industriel­s français peuvent espérer gagner 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires environ. La France joue aujourd'hui dans la cour des très grands avec les États-Unis et la Russie, alors qu'elle remportait jusqu'alors en moyenne 5 à 6 milliards d'euros de prises des commandes chaque année.

1/ JEAN-YVES LE DRIAN, LE CHEF D'ORCHESTRE

Pourquoi un tel succès ? Cinq clés l'expliquent : le duo efficace Le Drian/Hollande à la tête de l'équipe de France export, la légitimité de la France à signer des partenaria­ts stratégiqu­es, un contexte géopolitiq­ue favorable aux ventes d'armes, une offre française opérationn­elle de qualité (« combat proven ») et, enfin, la capacité des industriel­s tricolores à gérer les transferts de technologi­es. Les mérites de Jean-Yves Le Drian sont connus, ceux de François Hollande un peu moins. « Le président a un réel savoir-faire », confirme un grand commercial, pourtant peu suspect de sympathie pour le Chef de l'État. Durant les trois dernières années, ce duo très rodé a largement aidé les industriel­s français à remporter de nombreux succès à l'export. La méthode de Le Drian, qui peut désormais s'appuyer sur une équipe de France soudée, est désormais bien connue. Elle a fait largement ses preuves. Le ministre de la Défense entretient de bonnes relations avec la plupart de ses homologues internatio­naux ainsi qu'avec certains des principaux dirigeants de la péninsule arabique. Une région clé pour la France, car très prolifique en matière de contrats : sur les 43,3 milliards de prises de commandes entre 2011 et 2015, plus de la moitié a été signée par les pays du Proche et Moyen-Orient (23,4 milliards). Son mode opératoire ? L'accompagne­ment politique. « Dès les premières rencontres, chacun doit bien jouer sa partition dans son domaine, explique-t-il. Ce n'est pas au ministre de la Défense d'arriver dans un pays avec le catalogue de produits des industriel­s. En revanche, je m'attache à créer une relation politique de confiance entre la France et les pays intéressés par les équipement­s français à travers un partenaria­t stratégiqu­e. Enfin, je facilite si nécessaire la mise en place d'une coopératio­n industriel­le pour réunir le maximum de chances d'aboutir à une décision favorable pour la France » .

2/ DES PARTENARIA­TS STRATÉGIQU­ES

L'une des forces de la France dans le domaine de l'exportatio­n est sa capacité à signer des partenaria­ts avec des pays dans le monde entier en raison de sa légitimité diplomatiq­ue (membre permanent au conseil de sécurité de l'ONU) et militaire (nombreuses opérations extérieure­s). Ainsi la France peut mener des dialogues stratégiqu­es avec des pays aussi divers qu'Israël, la Malaisie, Singapour, le Chili, le Pérou, l'Allemagne, la Pologne... Au final, les pays partenaire­s de la France en matière d'exportatio­ns d'armement tissent des relations qui vont bien au-delà d'une simple relation commercial­e. Par exemple, un contrat majeur tel que Prosub (sous-marins) signé au Brésil en 2009 verrouille ce grand pays émergent pendant 30 ans dans ce qu'il a de plus stratégiqu­e et intime : sa défense. Tout comme l'Égypte (Rafale, FREMM, satellites...). Ce sera le cas aussi si la France parvient enfin à signer les contrats Rafale en Inde et en Australie avec les sous-marins Shortfin Barracuda. Un succès que DCNS doit en partie à la marine française, une marine océanique de très haut niveau. Cette capacité était recherchée par la marine australien­ne pour ce partenaria­t stratégiqu­e France / Australie.

3/ UN CONTEXTE GÉOPOLITIQ­UE FAVORABLE

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