LA FERME 3.0, TEST GRANDEUR NATURE DE L'AGRICULTURE NUMERIQUE
La Chambre d'agriculture de la Somme expérimente, dans une vraie exploitation, robots, drones et big data - en clair, les nouvelles technologies qui pourraient révolutionner toute l'activité agricole. Au niveau global, nourrir une planète dont la population ne cesse d'augmenter. Et à l'échelle locale, maintenir la compétitivité de l'agriculture française, tout en respectant des contraintes réglementaires de plus en plus exigeantes en matière d'utilisation de produits phyto-sanitaires. Répondre, aussi, à une demande croissante de produits plus sains de la part des consommateurs, sans pour autant augmenter les prix. Ce sont les défis de l'agriculture du XXIe siècle, une quadrature du cercle dont les technologies digitales pourraient représenter la solution. C'est pour diffuser ce message d'espoir, notamment vis-à-vis des jeunes générations qui tendent à se détourner du secteur, que les Chambres d'agriculture ont fait du numérique le thème 2016 d'Innov'Action, un événement annuel de partage d'expériences novatrices dont la troisième édition nationale se tient entre mai et juin. Pointe d'orgue de la manifestation, la visite d'une ferme de 340 hectares de la Somme, située précisément à Aizecourt-le-Haut, près de Péronne. Créée en 1930, cette ferme est devenue en 2015 un lieu inédit d'expérimentation de l'agriculture connectée à l'échelle d'une exploitation réelle.
UNE EXPÉRIMENTATION SUR DES PARCELLES ENTIÈRES
A l'origine du projet, l'envie d'un agriculteur, Jean-Marie Deleau, de contribuer à l'évolution du secteur qui emploie sa famille depuis trois générations, accordé au souhait de la Chambre d'agriculture de la Somme d'élargir la gamme des services offerts pour rendre les exploitations locales plus viables. Avec, en support, les compétences de la plate-forme de conduite de projets Agro-Transfert Ressources et Territoires. Un partenariat de sept ans signé entre ces trois acteurs, le 2 juin 2015, permettait le démarrage de la "Ferme Agro-écologie 3.0", et de ses expérimentations sur un terrain d'environ 170 hectares, lesquelles, exactement un an plus tard, étaient présentées à la presse et au grand public. "L'objectif est de tester l'innovation en grandeur nature", explique Aurélien Deceuninck, responsable d'équipe productions végétales auprès de la Chambre d'agriculture de la Somme, qui souligne: "C'est une étape incontournable pour en mesurer l'acceptabilité technique, mais aussi économique et sociale avant de pouvoir la diffuser." "L'exploitant n'a pas revu ses objectifs de rentabilité, d'autant plus qu'il y a des salariés à protéger", insiste pour sa part Daniel Roguet, président de la Chambre d'agriculture de la Somme, afin d'expliquer le caractère novateur du projet. A la différence de la dizaine d'autres fermes qui, aujourd'hui, testent l'agriculture numérique en France, "l'expérimentation est ici menée non seulement sur des micro-parcelles, mais également sur des bandes et des parcelles entières, afin de pouvoir entièrement valider les protocoles à diffuser", détaille Aurélien Deceuninck. Avec, en plus, un avantage propre à cette exploitation: elle regroupe l'ensemble des types de sols des Hauts-de-France (anciennement Nord-Pas-de-CalaisPicardie).
DES ROBOTS INTELLIGENTS ET AUTONOMES DANS LES CHAMPS
En un an, 23 essais différents ont été menés, mettant à l'oeuvre toutes les principales applications de l'agriculture numérique: robotique, agriculture de précision et agriculture connecté. "Après la révolution portée par la mécanisation de l'agriculture, l'enjeu aujourd'hui est celui de l'application de l'informatique à la mécanique", résume Jérôme Cipel, chargée de la numérisation des données auprès de la Chambre d'agriculture de la Somme.