NOMINATIONS : QUAND LE PS PREEMPTE LA POLITIQUE ECONOMIQUE DE 2017
A propos d'une nomination au Trésor et du placement à des postes stratégiques de hauts fonctionnaires proches de l'actuelle majorité. Par les Arvernes* Odile Renaud-Basso sera bientôt à la tête de la Direction du Trésor succédant à Bruno Bezard. Ce changement à la tête du plus puissant des services des ministères économiques et financier mérite attention. Il y aurait certes plusieurs raisons de ne pas le surestimer. Premièrement, les départs et les arrivées de hauts fonctionnaires à la tête des services économiques sont fréquents. Les principes de neutralité et de continuité du service public, inscrit au coeur de la fonction publique, devraient à cet égard constituer des garde-fous, même si, inversement, le principe d'éthique personnel pourrait être interrogé dès lors que le directeur du Trésor, détenteur des secrets économiques et financiers de l'État, rejoint un fonds chinois, lequel est d'ailleurs en charge de co-financer des opérations en lien avec la Caisse des Dépôts et consignations dont Bruno Bézard était membre du conseil de surveillance.
LA DIRECTION DU TRÉSOR N'EST PLUS CE QU'ELLE ÉTAIT...
Deuxièmement, qu'on s'en réjouisse ou qu'on s'en désole, la Direction du Trésor n'est plus ce qu'elle était. La réduction progressive du secteur public, le transfert aux instances européennes des responsabilités dans le domaine de la régulation financière, de la politique commerciale, de la politique monétaire ont terriblement rogné les ailes du Trésor. Le fait qu'il y ait eu aussi peu de candidats et d'un niveau que nous n'hésitons pas à qualifier de faible pour succéder à Bruno Bezard, le désintérêt manifesté par le plus puissant des réseaux économiques, l'Inspection générale des finances, en sont une illustration. Il est loin le temps où Valéry Giscard d'Estaing s'enorgueillissait d'avoir pu bâtir le Système Monétaire Européen parce qu'il avait pu s'appuyer sur le Trésor, qui, de sa propre analyse, était se qui se faisait de mieux à l'époque.
...MAIS RESTE UN ÉLÉMENT CLÉ DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE
Pourtant, la Direction générale du Trésor, grossie de sa fusion avec la Direction des relations économiques extérieures et la direction de la prévision, reste un élément important de la mise en oeuvre d'une politique économique. A ce titre, elle mérite attention.
LE PS PRÉEMPTE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUES DE 2017
Surtout, cette nomination est l'occasion de réfléchir à la façon dont le pouvoir socialiste, non content d'avoir mis en oeuvre une politique économique lamentable depuis 2012, phagocyte les réseaux économiques et ainsi préempte la politique économique de 2017 et après. Cette action, dont la droite s'obstine à ne pas prendre la mesure, s'effectue par plusieurs vecteurs. Au ministère de l'Économie et des Finances d'abord, et en particulier au Trésor. Arnaud Montebourg lui-même s'était ému d'un secret de Polichinelle pour qui connaît un peu Bercy : au Trésor, seule l'étroite ligne politique de Dominique Strauss-Kahn a droit de cité. C'est le résultat d'une action durable, cohérente, disons-le habile, des barons de la Gauche à Bercy, au premier rang desquels Jean-Pierre Jouyet.
POURQUOI SARKOZY A EU DU MAL À METTRE EN OEUVRE UNE POLITIQUE DE DROITE
Dans les cabinets ministériels, ensuite. Il ne faut pas chercher loin l'une - ce n'est pas la seule - des raisons fondamentales pour lesquelles Nicolas Sarkozy a eu tant de mal à définir et mettre en oeuvre une politique économique de droite, c'est-à-dire à décalée en termes de curseur vers l'offre plutôt que vers la demande : à part Xavier Musca, loyal au programme du candidat Sarkozy, la plupart des principaux concepteurs de la politique économique, dans les cabinets ministériels, à l'Elysée et à Matignon, entre 2007 et 2012 - beaucoup ne s'en cachaient d'ailleurs pas - étaient de Gauche, c'est-à-dire hostile par conviction à la stratégie économique du gouvernement qu'ils étaient censés servir.