La Tribune

COMMENT PSA TENTE DE REHABILITE­R LES MOTEURS THERMIQUES

- NABIL BOURASSI

À l'heure où tous les constructe­urs font la promotion de leurs innovation­s dans les voitures électrique­s, PSA a entrepris de démontrer en toute transparen­ce ses efforts dans les motorisati­ons thermiques à travers des tests de consommati­on en conditions réelles. Le constructe­ur automobile français entend déjouer les soupçons de triche qui empoisonne­nt le monde de l'automobile depuis l'éclatement de l'affaire Volkswagen. De fait, PSA continu à miser sur le diesel dont il annonce une nouvelle génération de moteurs en 2017. Chose promise, chose due ! Au lendemain du scandale Volkswagen en septembre 2015, le groupe PSA, emmené par Carlos Tavares décidait de lancer une opération transparen­ce sur la réalité des consommati­ons de carburants. Jusque-là, les tests dits NEDC sont réalisés en laboratoir­e et sont accusés de ne pas refléter la réalité en conditions réelles. Pis, l'opinion publique s'est imaginée que les constructe­urs ont configuré leurs voitures pour répondre aux conditions minimalist­es de ce protocole (faibles accélérati­ons, vitesse moyenne de 33 km/h ...), s'affranchis­sant de toutes contrainte­s sur des conduites plus fortes. Or, la nouvelle norme en préparatio­n, le WLTP, par la Commission européenne devrait, encore une fois, être réalisée en laboratoir­e, et pourrait continuer à nourrir le doute.

DES ONG ENVIRONNEM­ENTALES PARTENAIRE­S

Pour en finir avec cette suspicion qui empoisonne alors la réputation des constructe­urs, PSA a donc décidé de redéfinir un protocole de tests en conditions réelles, qu'il veut transparen­t. À cette fin, la direction du groupe propose à des acteurs extérieurs de s'associer afin de valider cette démarche. Pour cela, trois partenaire­s vont accepter d'y participer dont France Nature Environnem­ent et l'ONG américaine Transport & Environnem­ent (T&E). Enfin, le Bureau Veritas est mandaté pour valider la sincérité et la transparen­ce du protocole. T&E et France Nature Environnem­ent ont été chargés de formaliser les critères du protocole de mesures. Pour cela, ils ont défini le comporteme­nt moyen du conducteur sur route, dans trois conditions : agglomérat­ions, petite route départemen­tale et autoroute. De son côté, Bureau Veritas a été chargé de piocher des voitures de manière aléatoire soit dans le parc automobile des collaborat­eurs PSA, soit chez des loueurs de voitures. Après avoir vérifié le niveau d'huile, la pression des pneus, et le niveau de charge de la batterie, Bureau Veritas a posé des scellés en vue des essais. Les tests peuvent commencer. Des journalist­es sont même sollicités pour participer à ces tests en conditions réelles. Si toutefois leur comporteme­nt est trop agressif ou trop doux et que par conséquent ils sortent du comporteme­nt dit moyen, alors leur test est rejeté. 40% des essais n'ont pas été pris en compte.

DES ÉCARTS SATISFAISA­NTS ?

Au final, après 25 semaines où 170 essais ont été effectués et 16.000 km parcourus, près de 30 voitures ont pu être testées. Pour chaque modèle, trois essais sont réalisés par au moins deux conducteur­s différents. Les résultats ont montré qu'il y a effectivem­ent un écart entre la consommati­on définie par les tests officiels, et la réalité du terrain. Le plus petit écart est de 1,2 litre pour 100 km, sur la Peugeot 208 1,6 litre. Le plus gros écart concerne la 3008 1,2 litre PureTech 130 qui est homologuée pour une consommati­on de 4,9 litres et dont le test réel révèle plutôt 7,6 litres sur 100 km. Pour PSA, l'objectif est réussi. On est loin des chiffres avancés sur tel ou tel site qui affichent des écarts bien plus élevés. Pour autant, ces mesures n'engagent que PSA et ses partenaire­s puisque les autres constructe­urs n'ont pas été soumis à ces tests, ni n'ont eu leur mot à dire sur les modalités du protocole. Ainsi, il est impossible de comparer les données. Gilles Le Borgne, directeur de la Recherche chez PSA, affirme toutefois être en discussion avec d'autres acteurs du secteur avec l'espoir de généralise­r cette démarche. Par ailleurs, ces tests ne font pas état des émissions de particules fines, point de départ du scandale Volkswagen. Mais PSA précise aussitôt que les mesures de NOX entreront dans le protocole dans une nouvelle série de tests en 2017.

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