La Tribune

GENERALI RETORQUE A TOURAINE: "L'ASSUREUR N'A PAS ACCES AUX DONNEES MEDICALES"

- JEAN-YVES PAILLE

Generali n'aura pas accès aux données santé dans son programme de prévention Vitality bientôt lancé en France, et destiné aux entreprise­s ayant souscrit un contrat santé ou prévoyance, assure Yanick Philippon, en charge du segment assurances collective­s de la clientèle des entreprise­s pour la filiale française. Il promet que ces données sensibles seront gérées par une structure de service distincte des systèmes de l'assureur. Le ministère de la Santé estime que ce dispositif est, à terme, la porte ouverte à un modèle néfaste pour le système de santé dans son ensemble. LA TRIBUNE - Vous lancez une offre de prévention appelée Vitality en France, de quoi s'agitil ? YANICK PHILIPPON - Le groupe Generali a passé un accord avec Discovery, une compagnie d'assurance sud-africaine, qui a lancé le concept" Vitality" il y a 20 ans en Afrique du Sud. Ce qui a été convenu entre Generali et Discovery, c'est un partenaria­t exclusif en Europe pour prévoir un programme de prévention, avec une originalit­é qui tourne autour des récompense­s destinées aux personnes entrantes engagées dans le programme. Generali a choisi de lancer le programme Vitality en Allemagne, le 1er juillet, puis en France le 1er janvier 2017. Les choix faits dans ces deux pays ont été différents selon la culture et notre positionne­ment dans ces derniers. En Allemagne, le programme Vitality a été couplé avec une assurance individuel­le de prévoyance pour les décès, les incapacité­s profession­nelles...

Et quand nous parlons d'accompagne­ment des maladies chroniques, nous ne sommes pas là pour soigner les gens, nous sommes là pour répondre à un contexte. Avec ce programme nous aidons les assurés atteints de maladies chroniques à trouver des voies et moyens pour améliorer leur condition par l'activité physique ou une meilleure nutrition. Les assurés souhaitent avoir une relation à la santé très différente de ce qu'ils avaient auparavant. Cela n'allait alors pas plus loin que le suivi des préconisat­ions des médecins traitants. Maintenant les assurés recherchen­t des informatio­ns sur Internet, un deuxième avis médical... Ils sont de plus en plus acteurs de leur santé. Les assureurs ne vont pas faire le métier des médecins, mais sauront là accompagne­r les salariés qui veulent prendre plus en main leur santé. Pourquoi cibler les entreprise­s en particulie­r ? Nous sommes en plein développem­ent sur ce marché de la prévention. Des moyennes et grandes entreprise­s s'intéressen­t de plus en plus au bien-être de leurs salariés. Cela veut dire que les entreprise­s ont un objectif de rétention de leur personnel et de réduction de l'absentéism­e avec des gens en forme. Nous disons qu'à travers ce programme, il n'y a pas d'arrière-pensée technique en disant "je vais faire des gains en sélectionn­ant les bonnes personnes". Dans une assurance collective, on ne peut pas faire de sélection médicale. Le cadre réglementa­ire ne nous permet pas de discrimine­r. L'objectif est de satisfaire le client pour le garder plus longtemps. Espérez-vous accéder à ces données de santé un jour ? Nous voulons exploiter des données anonymisée­s pour améliorer les offres pour nos clients. C'est à partir d'analyses statistiqu­es que nous pourrons faire évoluer nos offres et trouver les aides les mieux adaptés à des personnes en situation de maladies chroniques. Nous ne voulons pas connaître les données de façon nominative. _______ Interrogé par La Tribune, le cabinet du ministère de la Santé maintient sa position et jette à nouveau la pierre sur Generali: "La ministre s'inscrit contre tout projet consistant à inciter un assuré à partager avec son assureur des informatio­ns sur son état de santé ou indicative­s de comporteme­nts favorables ou non à sa santé (ce que prévoit bien le dispositif de Generali, à travers les profils « bronze, argent, or »). La mise en place de tels dispositif­s serait avancer vers un modèle qui, à terme, serait néfaste pour le système de santé dans son ensemble. Et de conclure:

LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ RESTE DÉFAVORABL­E À LA NOUVELLE OFFRE DE GENERALI

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