La Tribune

BIOTECHS: POURQUOI Y A-T-IL AUTANT D'INTRODUCTI­ONS EN BOURSE EN FRANCE ?

- JEAN-YVES PAILLE

Alors que le marché boursier est particuliè­rement volatil ces derniers mois, plusieurs biotechs françaises se sont lancées en Bourse sur Euronext ces dernières semaines, en dépit du Brexit. Les sociétés jugent que le marché connait une accalmie, selon les analystes. Après une traversée du désert des introducti­ons en Bourse sur Euronext à Paris entre juillet 2015 et avril, les IPO et annonces d'IPO se sont multipliés ces quatre derniers mois. Ainsi, depuis le début de l'année deux biotechs françaises ont démarré leur cotation sur Euronext à Paris. Asit Biotech, spécialisé­e en immunothér­apie, s'est introduite le 10 mai et a levé 23,5 millions d'euros. L'action a légèrement baissé passant de 6,75 à 6,44 euros vendredi. Geneuro, qui développe des produits contre les maladies du système nerveux, notamment, a levé 33 millions d'euros après le début de sa cotation le 15 avril. Son titre a chuté depuis passant de 12,26 euros à 9 euros. Également, trois biotechs françaises ont lancé le processus d'une introducti­on en Bourse sur Alternext Paris.

Gensight, spécialisé dans la thérapie génique en ophtalmolo­gie a mis en place son projet d'introducti­on à la Bourse de Paris mardi 5 juillet, après l'avoir décalé de quelques jours, en raison du résultat du vote sur le Brexit. Elle espère lever jusqu'à 46 millions d'euros. Le début de la cotation est prévu pour le 15 juillet. Pharnext, une société qui veut recycler des médicament­s déjà sur le marché en traitement­s contre la maladie de Charcot et Alzheimer, prévoit sa première cotation le 18 juillet. CleveXel, spécialisé dans le développem­ent de traitement­s contre la maladie de Parkinson notamment, a enregistré son document de base auprès de l'Autorité des marchés financiers dans le cadre de son projet d'introducti­on en Bourse, en juin. Par ailleurs, une société allemande "va demander un visa à l'AMF pour une introducti­on en Bourse" sur Alternext, rapporte à La Tribune Sacha Pouget, fondateur du site spécialisé Biotech Bourse. "Ce sera la première fois qu'une biotech allemande va intégrer la place", ajoute-t-il.

UN DYNAMISME PLUS FORT QUE DANS LES AUTRES PLACES EUROPÉENNE­S

"Je n'ai pas vu un tel dynamisme dans les autres places européenne­s", assure Sacha Pouget. Pourtant, la conjonctur­e pour le marché boursier des biotechs n'est pas au beau fixe. La valeur totale des titres de l'indice Next Biotech, qui regroupe 42 biotechs cotées sur les marchés Euronext et Alternext, a connu une hausse régulière entre le 3 janvier 2014 (à 1.054 euros) et le 3 août 2015 (à 2.252 euros). Ensuite, le marché a plongé jusqu'au 12 février pour tomber à un plus bas à 1.402 euros. Il s'est depuis relevé atteignant 1862 euros au 1er juin, mais a encore replongé depuis. Les analystes y voient un effet de correction après que les valeurs des biotechs cotées dans Next Biotech ont été multipliée­s par trois depuis 2012 en moyenne.

LES BIOTECHS FRANÇAISES ONT ATTENDU QUE L'ORAGE PASSE

Pour se lancer dans l'aventure boursière, les biotechs françaises auraient ainsi laissé passer l'orage. "Au début de l'année, il y avait un retour d'aversion au risque, ce qui a repoussé la fenêtre tir. S'il y a retour de la volatilité aujourd'hui, il y a également une accalmie sur le marché. Ces sociétés ont besoin de cash, elles sont poussées par les private equity", avance Sacha Pouget. "Sur ce marché, les conditions étaient défavorabl­es, tout le monde s'est mis en attente", confirme à La Tribune Thierry de Catheu, président de Biotech Agoras. Thierry de Catheu rappelle que dans ce marché très risqué, "les biotechs très consommatr­ices de cash ont attendu des jours meilleurs pour lever de l'argent" quitte à "risquer de mourir entretemps".

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France