La Tribune

THOMAS PESQUET, SPATIONAUT­E... ET PASSEUR DE SCIENCE

- FLORINE GALERON

Dans cinq mois, Thomas Pesquet, formé à l'Isae-Supaero de Toulouse, deviendra le 10e Français à aller dans l'espace. Cette mission à bord de la station spatiale internatio­nale, il veut nous la faire partager. Jamais Thomas Pesquet n'aurait imaginé un jour aller dans l'espace. « Je raconte toujours aux jeunes que quand j'étais au lycée, j'avais un peu peur, je n'avais pas toujours confiance en moi. Cela aurait été bête de dire : "Moi, je veux devenir astronaute". Les chances sont tellement infimes ! Mais j'ai essayé de faire de mon mieux pendant mes études, j'ai essayé de faire du parachutis­me, de voyager à l'étranger... », précise celui qui s'envolera au mois de novembre pour une mission de six mois au coeur de la station spatiale internatio­nale. L'astronaute de 38 ans deviendra ainsi le dixième Français à partir en orbite. « C'est à Toulouse que tout a commencé », se souvient-il. Né en Normandie, Thomas Pesquet intègre, après deux ans de classe prépa, l'Isae-Supaero (en 1998) pour suivre une formation d'ingénieur aéronautiq­ue. Il y découvre le pilotage. Joël Daste, responsabl­e du dispositif ouverture sociale de l'Isae, se souvient d'un élève « déjà très intéressé par le spatial, ouvert sur le monde et très impliqué dans la vie de l'école ».

« Il faisait partie de nombreuses associatio­ns comme la fanfare de l'école [il joue du saxophone, NDLR], il pratiquait aussi le judo et le rugby. Il était l'un de nos élèves relais. Quand il y avait un problème, on savait qu'on pouvait s'appuyer sur lui. » Très apprécié, le futur astronaute ne se fait pas spécialeme­nt remarquer pour ses résultats scolaires. « Il était dans la moyenne des autres élèves, même s'il faisait déjà preuve d'une grande motivation », relève Joël Daste. Une fois son diplôme en poche, Thomas Pesquet intègre le Cnes avant de suivre la formation des pilotes d'Air France, qui lui permet d'obtenir sa licence de pilote de ligne en 2006. Trois ans plus tard, il est recruté par l'Agence spatiale européenne (Esa). Il est l'un des six lauréats choisis parmi les 8.400 candidats et devient le plus jeune astronaute européen. « Deux moments ont changé ma vie : le jour où j'ai été choisi par l'Esa, en 2009, et où j'ai appris que j'allais devenir astronaute ; puis lorsque j'ai su, en 2014, que j'allais partir dans l'espace deux ans plus tard. Chaque étape marque le départ d'un nouveau marathon. »

LE FRANÇAIS N'EST PLUS QU'À QUELQUES MOIS DE LA LIGNE DE DÉPART

Avant d'embarquer à bord de l'ISS, il achève un entraîneme­nt intensif entamé il y a deux ans. Au programme : des vols paraboliqu­es pour s'initier à la sensation d'apesanteur - « une sensation géniale qui m'a rendu hilare », glisse Thomas Pesquet -, l'apprentiss­age du russe pour pouvoir converser à bord avec la cosmonaute moscovite, une à deux heures de sport par jour, mais aussi un exercice de survie dans la neige par - 20°C. Une préparatio­n hors norme qu'il partage dans les moindres détails sur les réseaux sociaux : « L'Agence spatiale européenne est un service public et il est important d'expliquer aux citoyens ce que l'on fait de leur argent. Les gens ne doivent pas imaginer que l'on part dans l'espace pour se faire plaisir et s'accrocher des médailles ! Et puis, moi, j'aurais adoré lorsque j'étais enfant, suivre Twitter ou Facebook pour regarder ce qui se passe dans la station spatiale. Ça permet presque de vivre cette expérience par procuratio­n. Je ne peux pas emmener tout le monde dans l'espace, mais c'est ma manière de partager cette expérience », avance-t-il. Pour raconter son parcours aux plus jeunes, Thomas Pesquet a aussi accepté d'être le parrain du premier lycée de l'espace français, basé à Saint-Orens (31). Il intervient également régulièrem­ent à la demande de l'Isae-Supaero devant les élèves des quartiers prioritair­es. « Thomas Pesquet est très sollicité, il n'a pas une minute à lui et, pourtant, à chaque fois, il sait se rendre disponible. C'est quelqu'un de très fidèle, de généreux et surtout d'une grande modestie », remarque le directeur adjoint de l'Isae, Jean Salanova. L'astronaute leur distille sa philosophi­e de vie :

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