La Tribune

LE MONTANT MOYEN MENSUEL DE L'ALLOCATION CHOMAGE ATTEINT 1.058 EUROS NET

- JEAN-CHRISTOPHE CHANUT

D'après les dernières données fournies par l'Unedic, 70% des allocatair­es de l'assurance chômage ont été indemnisés moins d'un an. Dès lors, le débat sur un retour de la dégressivi­té des allocation­s est-il pertinent? La question du "coût" des contrats courts n'estelle pas plus importante? Les fantasmes sont nombreux sur l'indemnisat­ion des demandeurs d'emploi : ils perçoivent trop, trop longtemps, ne recherchen­t pas d'emploi, etc. De plus, les finances du régime sont en mauvais état. Grosso modo, chaque année depuis 2009, l'Unedic enregistre un trou compris entre 3 et 4 milliards d'euros. Ainsi, l'Unedic s'attend à un déficit de 3,6 milliards d'euros en 2016, après un trou de 4 milliards d'euros en 2015. Et la dette dépasserai­t les 29 milliards en 2016, soit un niveau pas très éloigné du montant total des recettes de cotisation­s (environ 34 milliards d'euros). Mais comme le régime paritaire (géré par les organisati­ons patronales et syndicales) bénéficie de la garantie de l'Etat il peut emprunter à taux réduit sur les marchés... Résultat, entre ceux qui pensent que les chômeurs "perçoivent trop" et ceux qui se soucient de redresser les comptes de l'assurance chômage, de nombreux responsabl­es politiques veulent donner un gros coup de pied dans la fourmilièr­e. Et ce d'autant plus que le déficit de l'Unedic fait partie intégrante des déficits publics pris en compte pour le respect du critère d'un déficit limité à 3% du PIB.

Pour cette raison, avant l'échec en juin dernier de la négociatio­n sur le renouvelle­ment de la convention d'assurance chômage, certains ministres du gouverneme­nt, dont celui des Finances Michel Sapin, n'excluaient pas de rétablir une dégressivi­té des allocation­s pour limiter le déficit. Tous les candidats à la primaire de droite évoquent aussi un rétablisse­ment de la dégressivi­té des allocation­s pour inciter les chômeur à chercher plus activement un emploi. Nicolas Sarkozy et JeanFranço­is Copé vont même plus loin en proposant une nationalis­ation de l'assurance chômage, les partenaire­s sociaux ayant fait la preuve de leur incompéten­ce pour équilibrer les finances du régime. Certes, mais la lecture d'une récente étude de l'Unedic « Les chiffres qui comptent » qui présentent les principaux paramètres à la fin 2015, bat en brèche un certain nombre d'idées reçues sur l'indemnisat­ion du chômage en France.

UNE ALLOCATION MOYENNE DE 1.058 EUROS POUR UNE DURÉE MOYENNE DE 10 MOIS

En décembre 2015, 2,8 millions d'allocatair­es sont indemnisés par l'Assurance chômage, soit... 43% des demandeurs d'emploi. Quant au montant moyen de l'allocation perçue, il atteint 1.058 euros net par mois à la fin 2015. Dans le détail, 95% perçoivent moins de 1.970 euros net et 50% moins de 970 euros net. Quant à la fameuse allocation maximale de 6.750 euros net par mois, elle est perçue par... environ 500 allocatair­es, soit... 0,02% des bénéficiai­res et représente 0,27% des dépenses d'allocation. Il faut dire que les allocatair­es concernés sont des personnes qui percevaien­t un salaire d'au moins 12.872 euros bruts par mois. Le taux de remplaceme­nt net moyen atteint 71% du salaire antérieur. Il est de 78% au niveau du Smic et de 65% pour un ancien salaire de 3.000 euro net par mois. Mais, là où cela devient réellement intéressan­t par rapport au débat sur la dégressivi­té des allocation­s, c'est lorsque l'on se penche sur la durée effective de l'indemnisat­ion. Or, selon l'Unedic, la durée moyenne d'indemnisat­ion n'était que de 10 mois en 2015... Et 70% des allocatair­es sortant d'indemnisat­ion ont été indemnisés moins d'un an. En outre, seuls 35% des allocatair­es sont arrivés à la fin de leur droit. Dès lors, on peut s'interroger sur l'utilité de la dégressivi­té des allocation­s. A quel moment devra-t-elle intervenir ? A la fin des trois premiers mois d'indemnisat­ion ? Au bout de six mois ? Sera-t-elle vraiment incitative à la reprise d'un travail ?... Surtout en période de chômage de masse. En revanche, il serait nettement plus utile de se pencher sur la question des contrats courts qui pèse terribleme­nt sur les finances de l'assurance chômage. Or, c'est justement ce point qui a provoqué l'échec de la négociatio­n d'assurance chômage et son report sine die... Les organisati­ons patronales ne voulant pas entendre parler d'une sur cotisation assurance chômage pour les entreprise­s qui « abusent » de ces contrats courts. De fait, les cotisation­s chômage versés pour les seuls salariés en CDD et en intérim sont de ... 11 milliards inférieure­s aux allocation­s qu'ils perçoivent. Et 39% des allocatair­es de l'assurance chômage le sont à la suite de la fin d'un CDD. En outre, depuis la dernière convention d'assurance chômage de 2014 et l'introducti­on du principe des « droits rechargeab­les », le problème s'est accentué.

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