La Tribune

"BORE OUT", UN NOUVEAU DEFI MANAGERIAL ?

- LAURENE PERRUSSEL-MORIN

L’ouverture en mai 2016 du procès intenté par un salarié contre son employeur, qu’il accuse de l’avoir poussé à l’épuisement profession­nel par l’ennui, est fortement médiatisé. Le terme bore out émerge alors peu à peu. Mais ce syndrome, petit frère du burn out, n’est pas pour autant un phénomène nouveau. Mars 2014. Au volant de sa voiture, sur l'autoroute, en région parisienne, Frédéric Desnard fait une crise d'épilepsie et provoque un accident. Lorsqu'il se réveille à l'hôpital, pour la première fois, on lui explique qu'il souffre de "bore out", ou épuisement profession­nel par l'ennui, et que cette angoisse est la cause de sa crise. Âgé de 44 ans, il se sent en effet sous-employé par son employeur, Interparfu­ms, multinatio­nale dans le domaine du luxe qu'il attaque aux prud'hommes pour licencieme­nt abusif. "Au bout de 4 ans de travail, de bons et loyaux services, je n'avais pas plus de 20 à 45 minutes de travail par jour, se rappelle-t-il. C'était une vraie torture mentale par le vide. L'avenir devenu incertain faisait peur."

"LE BORE OUT, ÇA N'EXISTAIT PAS"

Les symptômes de Frédéric Desnard correspond­ent à ceux qui ont été théorisés dès 2007 par deux consultant­s suisses, Peter Werder et Philippe Rothlin, dans leur ouvrage Diagnosis Boreout. Pour eux, cette pathologie est le résultat d'un triptyque : manque de défis, désintérêt et ennui. On pourrait y ajouter le tabou et la honte.

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